Pour lâcher un second LP de plus de soixante-dix-sept minutes, il faut :
Quelle est donc l’option à retenir pour juger de la pertinence de ce Temple, offert par les belges de WOLVENNEST, qui trois ans après l’initial The Void (interprété live in extenso au Roadburn Festival en 2019), augmentent la pression d’une dizaine de minutes supplémentaires ? Toutes à la fois je pense, car malgré son aspect monolithique et ses ambitions, ce nouveau chapitre de la saga n’est pas exempt de défauts, de complaisance, mais aussi d’éclairs de génie comme seuls les fous savent décocher de leur ciel ombrageux. Et pour les néophytes, la question la plus cruciale se pose : qui sont donc les WOLVENNEST, et d’où sortent-ils ? Et puisque les passionnés n’ont pas encore de réponse valable, autant opposer les faits à l’extrapolation. Ce groupe résolument unique et enfermé dans son monde est d’abord né d’une ou plusieurs collaborations, ses musiciens travaillant de concert avec des figures comme le controversé Albin Julius de DER BLUTHARSCH et THE INFINITE CHURCH OF THE LEADING HAND. S’en sont suivis des efforts plus personnels, le groupe trouvant sa juste formation et l’équilibre entre ses fantasmes et la réalité. Vu au départ comme la fusion du Krautrock allemand des seventies et du BM norvégien des années 70, le groupe a aujourd’hui pris ses distances avec les comparaisons faciles pour proposer une musique aussi initiatique que son titre ne le laisse supposer. Mais attention. L’écoute de Temple n’est pas facile, prend du temps, de multiples tentatives avant de révéler son véritable potentiel, parfois gâché par de stupides itérations.
Pour faire simple, et vous laisser appréhender la réalité des faits, WOLVENNEST est aujourd’hui une machine bien huilée, qui combine la force de la lancinance des NEUROSIS, et les délires spatiaux de l’ère HAWKWIND, sans lâcher du regard le PINK FLOYD de la période de transition entre le leadership de Syd Barrett et les diktats de Roger Waters.
Soixante-dix-sept minutes de musique, la plupart du temps aussi lourde que planante, des ajustements dans le traitement, des envies d’Ambient qui se manifestent par un clavier pesant et omniprésent, une narration adoptée définitivement par la prêtresse Shazzula, de longues transitions forçant à l’introspection avant le voyage définitif sans valises, autres que celles sous les yeux, et un plongeon lysergique dans ce que cet art peut représenter de plus abstrait et viscéral. Sans abandonner les recettes qui avaient fait de The Void la réussite critique et publique qu’il fut, les musiciens (Déhà - batterie/piano/chant, John Marx - basse, Marc De Backer & Michel Kirby - guitares, Corvus von Burtle - guitare/basse/claviers, Shazzula - chant/claviers/theremin, Bram Moerenhout - batterie) prolongent leur exploration d’un long trip nous menant aux confins du possible, et de la compréhension la plus terre à terre qui ne leur sied guère. Pour nous faire parvenir à un stade d’élévation, le combo a choisi la voie la moins simple et la plus itérative, allant jusqu’à nous infliger quatre morceaux de plus de dix minutes aux thèmes monolithiques, et à l’interprétation figée. Autant dire que Temple nécessite un courage fou pour entrer dans les ordres, et de l’endurance pour supporter les longues séances de prières journalières rythmées par un tocsin un peu effrayant nous ramenant aux jeunes années de BLACK SABBATH. Entre les stridences et les dissonances des guitares, le chant atonal et les longues plages d’accalmie, la wah-wah se plaignant du matérialisme humain, cette basse concentrique bloquée sur deux ou trois notes, et ces interventions vocales très éparses, ces huit morceaux ne font pas dans la dentelle et transforment l’idéal hippie en vœux pieux, comme si Charles Manson et Altamont n’avaient pas tué les sixties.
Pourtant, une fois encore, comme des effluves d’encens, de la magie s’échappe de ces longues et interminables pistes qui fonctionnent comme des mantras, ce que prouve justement le long morceau d’ouverture éponyme. Dès le départ, le groupe joue la franchise, et lâche douze minutes d’incantations diverses, qui annoncent le multicolore de l’album. Tel un prisme reflétant la lumière du soleil en couleurs inondant l’âme, Temple oppose les ténèbres à la lumière la plus pure, pour nous exposer les divers versants d’une existence musicale entièrement dédiée à la contemplation, et au temps qui passe, mais qui est quand même parfois stoppé par une altération des sens. Imaginez-vous après avoir ingéré un buvard, déambulant dans les couloirs de l’histoire que vous redessinez à votre guise, pour en apprécier les moments les plus apaisants, mais en supportant tout de même les traumas les plus affligeants. Le problème majeur de ce trip, est son manque d’intensité parfois. Les longueurs et les répétitions deviennent irritantes, et donnent envie de revenir à la réalité, sans que l’effet de la chimie ne s’estompe. On tombe alors dans un cauchemar statique, les pieds enfoncés dans le sable d’un souvenir assez pénible, et la différence entre les tableaux devient moins évidente pour l’esprit.
Tout ça pour dire plus simplement que le principal ennemi de cet album est…lui-même. Trop long, trop itératif, avec des performances vocales pas vraiment transcendantes (le comble pour un trip), à l’image de cet « Incarnation » scandé d’une voix détachée, mais qui se contente de recycler les effets déjà largement employés sur les trois premiers segments. Alors évidemment, certains soli nous tirent de la léthargie, et chaque esprit interprétera les stimuli selon sa propre sensibilité. J’ai déjà lu des avis dithyrambiques sur la toile, qui sont certainement justifiés pour leur auteur, mais qui ne décrivent qu’une partie des faits. Le groupe donne toutefois tout ce qu’il a, mais se perd dans son autosatisfaction et les conditions d’isolation dans lesquelles cet album a été enregistré, pandémie oblige. Il propose néanmoins des choses intéressantes, comme ce final « Souffle de Mort » qui pousse le grotesque jusqu’à ses limites les mois tolérables, mais qui fonctionne comme les incarnations du THEATRE DU CHENE NOIR des années 70, et tous ces happenings qui transformaient la réalité en une pièce de théâtre.
Soixante-dix-sept minutes de musique, pour huit petits morceaux. La générosité à ses limites, comme l’inspiration. Ici, elle est en demi-teinte, et il vous faudra beaucoup de patience pour terminer le voyage. Mais il peut vous emmener très loin pour peu que vous fermiez vraiment les yeux sur ses facilités les plus irritantes.
Titres de l’album:
01. Mantra
02. Swear to Fire
03. Alecto
04. Incarnation
05. All that Black
06. Succubus (feat. King Dude)
07. Disappear
08. Souffle de Mort
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