Le printemps est encore loin mais les nouveaux groupes poussent comme des fleurs…déjà fanées. Oui, le Metal noir est bien de retour sur notre beau pays, et pas entre n’importe quelles mains. Celles d’A.S.A (AZZIARD, ALKHEMIA, ex-THE NEGATION, ex-REDSPHERE), chantre d’une violence et d’un désespoir fatals, et qui pour l’occasion s’est alloué les services d’un poulpe mercenaire de notre scène extrême. Exit BENIGHTED, bonjour PATHS TO DELIVERANCE pour Kevin Paradis, le batteur aux huit bras et quatre jambes, sans oublier un reste de line-up déjà salué dans ALKHEMIA, AZZIARD, NYDVIND, CAVE GROWL, SKAPHOS. Une affaire de famille donc, pour un projet ambitieux, ancré dans le Black Metal, mais perméable à bien d’autres influences.
Anthony n’a toujours pas décidé de se calmer et de mettre la pédale douce. Tant mieux pour nous, puisque le musicien signe ici une partition diabolique, à base de riffs dissonants, de discordances infernales et d’invectives vocales acides. Se reposant sur un principe simple d’empilement de riffs, Ten livre d’entrée ses secrets, et le nombre de pistes qu’il contient. Presque une heure d’agression complexe, pour un résultat limpide : PATHS TO DELIVERANCE est le nouveau panzer de l’armée des ombres française, écrasant les buissons et les véhicules ennemis de toute la puissance de ses chenilles.
Malpermesita Records fait donc une excellente opération. Le collectif est solide, aventureux juste ce qu’il faut, et proche des meilleures réalisations de ces dix dernières années. Dans un créneau contrasté, entre tradition et prospection, Ten multiplie les péchés, et rend toute confession inutile. Dans un registre situé entre MARDUK et DEATHSPELL OMEGA, PATHS TO DELIVERANCE agresse en continu, ne s’autorisant que quelques rares plages plus aérées pour conserver cet impact brut et sophistiqué à la fois.
Cette longue digression macabre s’inspire évidemment de travaux déjà existants, des œuvres d’Edgar Allan Poe, Clive Barker, H.P. Lovecraft, mais aussi des études de Carl Jung et des bardos tibétains. Largement de quoi tisser une toile occulte et lisser ses thèmes pour les rendre universels, afin de s’adresser à la communauté BM dans sa plus grande configuration.
Les morceaux, de longueurs diverses et parfois conséquentes reposent donc sur un principe d’alternance, avec des séquences d’ultraviolence pure et d’autres de paranoïa presque tangible, comme si la scène nordique craignait pour sa légende et son trône. Des décalages entre la franchise du chant et de la rythmique et la sournoiserie d’une guitare prolixe mais fielleuse, dont la plus parfaite illustration pourrait être « Alone in the Dark », qui parvient à rendre les ombres moins inquiétantes que la lumière.
Cauchemar sonore, ce premier album est évidemment d’un professionnalisme incontestable. On sent que l’expérience des musiciens a été exploitée à son plein régime, permettant à Ten d’atteindre cette note sur l’échelle de l’horreur, celle du volume sonore, et celle évidemment d’une température interne proche de celle du soleil. Quant à savoir si ce dernier continuera de briller une fois les ondes sonores parvenues jusqu’à lui, c’est une question sujette à débat.
Comme beaucoup d’autres.
Par exemple : l’ironie de « Reveries » est-elle délibérée ? A.S.A a-t-il choisi ce titre en complète opposition avec les atrocités proférées par ce morceau ? Car c’est certainement le plus cruel du lot, avec son intro d’arpèges acrimonieux, déboulant sur un couplet orgiaque aux décibels sans retenue. En un peu plus de huit minutes, le projet passe en revue toutes ses options, et les valide avec une véhémence incroyable. A la manière du MARDUK de Mortuus, PATHS TO DELIVERANCE conjugue la brutalité avec l’acidité, pour obtenir le mélange le plus irritant qui soit. Une méchanceté crasse dans l’attitude, une précision bluffante dans l’exécution, une production top notch pour mettre en valeur la crudité, et Ten de se poser comme première révélation noire de cette année 2025.
Il vous faudra par contre attendre le printemps pour apprécier ce petit bijou de noirceur (qui au moment de la parution de cette chronique sera déjà là), et pour vous sevrer de l’abominable « Here Lies… », sommet de bestialité clinique renvoyant les suédois à leurs chères études.
Avec une performance une fois de plus stellaire de notre cher Kevin, qui derrière ses futs s’affirme encore un peu plus comme l’incontournable percussionniste de l’extrême, et un maître de cérémonie remonté comme un diablotin furax, PATHS TO DELIVERANCE s’aménage un début de carrière tonitruant, et une suite qui s’annonce tout aussi passionnante. La tempête (« The Storm », à l’intro acoustique ciselée), la rédemption (« Rédemption », contrition ou attrition ?), et puis le silence, après cinquante minutes de chaos.
Mais celui qui nous attend n’est-il pas plus assourdissant ?
Titres de l’album:
01. Ab Initio
02. Resonances
03. Solitude
04. The Calm Before the Storm
05. Alone in the Dark
06. Reveries
07. Delirium
08. Here Lies…
09. The Storm
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01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
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28/04/2025, 19:40
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Super concert! Avec un peu plus de monde que l'année dernière, il me semble.La chronique résume très bien le sentiment qu'on éprouve dans une telle soirée. Loin de la hype et des touristes, des posers ou des haters(...)
28/04/2025, 19:19
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28/04/2025, 15:56
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28/04/2025, 10:31
J'avais vu l'ancien chanteur de Maiden sur la tournée de son premier album après son licenciement. Je ne suis pas étonné qu'il soit toujours aussi généreux et débordant, à ce que je lis.
27/04/2025, 12:35