Le hasard fait bien les choses. Alors que depuis quelques jours, l’automne se transforme en hiver, et que le ciel gris tend vers une blancheur étrange, le deuxième chapitre de la saga JOURS PÂLES se fraie un chemin dans l’actualité, pour se mettre au diapason de saisons capricieuses, mais au tableau parfaitement adapté. JOURS PÂLES serait-il en parfaite adéquation avec la nature, au point de lui faire épouser sa philosophie ? Ou l’inverse ? Toujours est-il que Tensions, deuxième du nom propose une bande-son totalement adéquate, entre mélancolie amère et colère larvée.
Spellbound nous revient donc les bras chargés de compositions, pour un album qui se devait de tenir toutes les promesses formulées par Eclosion, qui n’accuse qu’un an d’existence. Entouré par Alex, Alexis, Ben, Romain et Steph, Florian reprend donc sa plume et sa partition pour continuer son voyage, et mettre en clair-obscur ses idées les plus claires, mais aussi ses désirs les plus cachés. Et une fois encore, l’appellation définitive de Black Metal ne saurait contenir tous les éléments et ambitions d’une œuvre trop personnelle pour accepter des étiquettes restrictives.
Tensions est une véritable aventure pour l’auditeur. Avec plus d’une heure de jeu sans prolongations, Spellbound n’a joué ni la facilité ni les raccourcis. Mais on connaît les aptitudes du créateur, capable de pondre des kilomètres de notes et de les assembler avec un flair indéniable, et une fois encore, l’homme a réussi à nous surprendre, en noyant son inspiration dans une mer de références, entre Heavy Metal sombre mais accrocheur, Black fielleux mais romantique, et plus généralement, un extrême dans lequel cohabitent toutes les options, brossant un portrait très fidèle de l’underground français de ces vingt dernières années.
Les jours de pluie, la nostalgie, la rage, l’écume, les saturniennes, et même une ode à la vie, des thématiques qui lui sont chères, et une dédicace de cœur écrite à l’attention d’Anne-Clémence et Aldérica, cette dernière se voyant même offrir un morceau. Entre les intentions et leur concrétisation, il y a parfois un gouffre impossible à franchir, mais une fois encore, JOURS PÂLES nous entraîne dans un voyage au long-cours, un voyage strié d’éclairs de lumière en mélodies brillantes, de cahots, de nids de poule, et autres routes endommagées par le temps.
Aussi rythmique qu’il n’est harmonique, ce deuxième album est la quintessence de l’art d’un musicien qui a depuis longtemps compris qui il était et ce qu’il voulait. On le comprend en savourant « Jour de pluie, Jour de Fête », titre qui à lui seul contient autant d’idées qu’un disque entier proposé par la concurrence, et qui en neuf minutes valide toutes les attentes générées par Eclosion. On y trouve les obsessions, le ton, les progressions logiques et les variations circonstanciées, et surtout, une envie d’aller encore plus loin voir si le soleil n’est pas plus terne.
Si JOURS PÂLES fait partie de la galaxie Black Metal, alors beaucoup de groupes extrêmes peuvent prétendre à la même appartenance. Je préfère voir en ce concept une liberté de ton qui utilise des codes inhérents au BM plutôt qu’un groupe ancré dans le genre, et « Tensions », title-track noble de valider cette théorie en osant une rythmique élastique et groovy, et de nombreux passages presque mainstream sans verser dans la vulgarité populiste.
Mais pour cerner la bête et son histoire, encore faut-il se plonger des heures dans ce labyrinthe incroyable, sans forcément en chercher la sortie qui n’est pas forcément l’issue. Car le décor se veut mouvant, les couloirs rapetissant, la lumière capricieuse, et l’immersion obligatoire. De là, à ne faire qu’un avec la nature, pour la laisser vous aiguiller à travers ses couloirs inquiétants. En tant qu’architecte, Spellbound a justement conçu un dédale fascinant, entre mélancolie automnale et tristesse hivernale, en se servant d‘harmonies simples jouées en son clair, qui fonctionnent peu ou prou comme des souvenirs remontant à la surface de la mémoire. « Saturnienne Lassitude », entre Post-Metal, Post-Hardcore et Post-Black joue l’après, les lendemains qui ne chantent pas, et synthétise le parcours d’un musicien qui a déjà tout donné à son art.
Impossible à apprivoiser, la bête continue donc sa route, sans regarder derrière elle ni s’inquiéter de ses disciples éventuels. Après tout, elle a suffisamment de charisme pour drainer dans son sillage une armée de rats, attirés par cette férocité en promesse de festin noir (« Hâve » et ses mélodies symptomatiques du Post-Punk), ou ces arpèges délicats qui semblent risquer de se briser au moindre coup de vent (« Ode à la Vie », poésie, grandiloquence et sincérité des sentiments).
Tensions a de quoi alimenter vos fantasmes les plus obscurs pendant des mois. Il nécessite des heures d’écoute pour être appréhendé en partie, et restera sans doute un mystère pour nombre d’entre vous. Pourtant, la majorité des auditeurs potentiels craquera pour l’énergie franche de « Dose(s) », entre VIRAGO et DIMMU BORGIR, avant d’accepter de se plonger dans le grand marasme de « Les Feuilles Tombent », qui ne se ramassent pas forcément à la pelle.
Près de dix minutes qui parlent d’hier en regardant demain, avec en exergue un chant clair et plaintif, des mélodies une fois encore fabuleuses, et une évolution logique qui offre à ce disque la conclusion ouverte qu’il méritait. On mesure à ce moment-là la somme de travail fournie par Spellbound, qui s’est arraché pour offrir à son public une œuvre de premier plan, qui transcende les genres pour affirmer sa propre personnalité.
Un disque unique, même pour une écurie aussi exigeante que celle des Acteurs de l’Ombre. Ce qui en soi en dit très long, et beaucoup plus que de longs discours stériles.
Titres de l’album :
01. Jour de pluie, Jour de Fête
02. Saint-Flour Nostalgie
03. Ecumante de Rage
04. Tensions
05. Saturnienne Lassitude
06. Hâve
07. Ode à la Vie (chanson pour Aldérica)
08. Dose(s)
09. Les Feuilles Tombent
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