Le portugais est à l’honneur ce matin. Après le Brésil, c’est le Portugal qui se distingue dans l’actualité, de la plus tonitruante des façons. Via le quatrième longue-durée des flingués de BESTA, qui s’ils ne sont pas encore vos meilleurs amis, vont le devenir très rapidement. A condition bien sûr que vous soyez versé dans l’extrême, et plus particulièrement dans le Death à tendance Grind à tendance Death/Thrash et un poil Hardcore. Oui, la formule est longue et pathétique, mais elle retranscrit pourtant parfaitement la diversité et la richesse d’un album qui se place de lui-même sur le haut de la pile des nouveautés estivales.
A traiter d’urgence donc. Dont acte.
Estival, par sa date de sortie, mais certainement pas par son ambiance. Mais les connaisseurs savent déjà à quoi s’attendre de la part des bêtes de Lisbonne, qui depuis 2012 agitent les salles de leur pays de leur saleté artistique hautement recommandable. Pourtant, le Death/Grind, même manipulé par des spécialistes n’est pas genre ouvert aux influences extérieures ou perméable aux fioritures de toutes sortes. L’éthique recommande chaudement une vitesse déraisonnable, des riffs agressifs et à moitié moisis, un chant si possible vomi d’une gorge très abimée, mais il est toujours possible de jouer avec le dosage des ingrédients pour proposer un plat certes relevé, mais digeste. Et les lusophones de BESTA de connaître par cœur toutes les astuces de préparation, et ce, depuis le service d’Ajoelha-te Perante a Besta en 2012.
Nous attendions d’ailleurs à la table depuis 2019 et la dégustation d’Eterno Rancor qu’on nous amène la suite du menu. La digestion avait pris quelques mois, le précédent mets étant très riche, mais nous étions prêts à nous en remettre plein la panse avec l’annonce d’un quatrième long prévu depuis quelques mois. Et à peine sorti, l’album déchaîne déjà les passions et récolte des étoiles méritées. Car dans les faits, et avec un minimum d’objectivité, Terra Em Desapego pourrait être le chef d’œuvre culinaire/musical de ces portugais passionnés.
Pourquoi ?
Parce qu’il équilibre les forces en présence avec un panache incroyable. Si la violence est omniprésente et underground, elle n’en refuse pas pour autant de se parer d’atours plus accessibles, pour fricoter avec un Death mélodique tempéré d’accès de rage palpables. J’en tiens pour exemple parfait le monstrueux « Veias Em Catarse », qui synthétise tout ce qu’on adore dans cette musique lorsqu’elle est joué par des esthètes qui refusent les concessions et n’en font qu’à leur tête. Alors, peu importe l’avis des puristes qui regretteront le manque de blasts, restons entre gens de bon goût pour apprécier une fois de plus le savoir-faire d’un quintet (Gaza - basse, Paulo Lafaia - batterie, Ricardo Correia - guitare, Paulo Rui - chant et Ricardo Matias - guitare) qui se bonifie avec le temps sans desserrer les dents.
Et les vôtres risquent de tomber assez rapidement. Les (gros) pains se multiplient sans avoir besoin de réclamer un pichet d’eau, et les abattis chauffent en cuisine. Le coup de feu est impressionnant, et c’est la valse des graves qui rebondissent les uns sur les autres, cajolés par une production gigantesque qui fait trembler les murs et glisser le carrelage. Certes, bouffer dans ces conditions n’est pas chose facile, mais nous ne sommes pas là pour le confort des sièges et la quiétude de dégustation, mais bien pour nous en coller plein le cornet en étant méchamment bousculés.
A l’image d’un ENFORCED tombé du mauvais côté de la force, BESTA, pousse, bouscule, mais sait aussi tempérer et modérer, comme un SEPULTURA des années Thrash/Death emballé dans un gros paquet cadeau. Je reconnais que les éléments Grind se font de plus en plus rares, mais personne ne déplorera cette concession, puisque la musique reste aussi puissante et évocatrice. D’ailleurs on pourrait imaginer les portugais délocalisés au Brésil tant leur haine viscérale nous rappelle le quotidien blafard des locaux.
La lenteur se fait même une place à l’obscurité de la bestialité, et la précision clinique dont font preuve les musiciens est tout simplement ébouriffante. Aussi à l’aise dans un rôle de CARCASS lookalike que dans les pompes d’un groupe de Death moderne, BESTA gonfle ses muscles, et impressionne durablement. Avec une collection de riffs à faire se pâmer un Michael Amott des grands jours, quelques dissonances bien placées, et des intermèdes mélodiques futés, Terra Em Desapego joue sur du velours râpé, et affole les sens de sa consistance épicée.
Il va d’ailleurs falloir songer à rédiger une hagiographie de ce groupe qui depuis ses débuts n’a jamais déçu, bien au contraire. En dix ans, BESTA a progressé au point de devenir une référence incontournable de la scène Death/Grind européenne, et en 2023, il apparaît comme évident que ce statut ne s’écroulera pas du jour au lendemain.
Habiles pour enchaîner les plans qui s’imbriquent logiquement, redoutables lorsqu’il s’agit de laisser la technique faire son office, les cinq complices nous en collent une bonne et toisent le reste de la production d’une morgue tout à fait justifiée. Osons le dire, Terra Em Desapego dépasse les attentes et écrase les doutes, comme un éléphant les assiettes dans une échoppe de porcel’haine un peu trop guindée.
N’essayez même pas de résister à ce flot de violence, il vous débordera par tous les angles. Tentez juste de garder votre souffle, l’expérience étant étouffante. Après tout, on ne s’enfile pas un quatre-quarts cul sec. Mais on peut toujours essayer.
Titres de l’album:
01. Olhar Seráfico
02. Veias Em Catarse
03. Patologia Profunda
04. A Colónia Dos Mentirosos
05. Sector Parasita
06. Terra De Má Memória
07. Transmissão Semântica
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49