Parfois, on s’y croirait, mais un détail vient gâcher la fête. Une porte qui ne donne sur rien, un bout de décor qui traîne par terre, un figurant dont le jean dépasse du costume, ou une vieille odeur de friture qui plane dans l’air. Et puis parfois, on s’y croirait vraiment. La Bay-Area, les riffs, le son, l’attitude, la méchanceté et l’envie de faire encore plus sale et rapide que son voisin. C’est ce genre d’impression que laissent les américains de NUCLEAR TOMB, autoproclamés Progressive Thrash Death, et qui avec ce premier album nous prennent de pleine face sans s’excuser.
NUCLEAR TOMB, c’est le Baltimore de John Waters. Ce Baltimore un peu dérangé, un peu fracassé, où vivent les outcasts, les paumés, mais aussi ceux qui ont compris que la violence ne s’apprivoisait pas, sous peine de tomber sous la coupe de l’ordre et du maintien. Depuis leur émergence, ces diablotins se confient en format moyen, mais ont finalement trouvé le courage de signer un premier longue-durée qui vous en colle plein les esgourdes. Le genre de déflagration qui équivaut plus ou moins à une flatulence lâchée par Divine dans un éclat de rire tonitruant.
A. Morris (basse), JD (batterie), M. Brown (guitare/chant) et Matt Ibach (guitare) se déchaînent donc pendant une petite demi-heure qui suffit largement à entrevoir leur potentiel. S’inscrivant évidemment dans la mouvance old-school la plus dogmatique, les quatre musiciens nous offrent un show complet, avec structures complexes, franchise rythmique, et démence apocalyptique. Dès le fulgurant « Obsoletion », le mimétisme est plus que troublant. Production rachitique qui laisse vriller les mid, son de batterie à faire passer St Anger pour du Mutt Lange, chant pas content et BPM qui tombent en chantant, la sensation est brutale, mais tout bonnement délicieuse.
Esthètes de la bestialité presque clinique, les originaires du Maryland souhaitent par-dessus-tout prêter allégeance au genre, en citant ses représentants les plus illustres. INCUBUS, DEMOLITION HAMMER, mais aussi l’ATHEIST de début de carrière, SACRIFICE, la clique des cloutés brésiliens, et ce petit quelque chose de Punk dans l’attitude qui permet toutes les audaces. Celles par exemple qui propulsent « Terror Labyrinthian » au-delà du purgatoire, avec cette collection de licks à faire pâlir le SEPULTURA de Beneath the Remains.
Mais loin des cousins bourrins qui aiment patauger dans le purin, les NUCLEAR TOMB sont de sacrés musiciens. Capables, précis, et surtout, doués en composition. On le sent même lorsque la cadence devient déraisonnable, mais encore plus lorsque le tempo redescend dans les tours. Sur « Fatal Visions », qui pourtant ne dépasse pas les cent-quarante secondes. Belle perf’.
Terror Labyrinthian est en effet un sacré labyrinthe de terreur, mais pas de ceux que vous visitez dans les fêtes foraines classiques. Celui-ci s’apparente plus à ces maisons hantées que l’on retrouve lors d’un escape game clandestin, à la manière de l’inquiétant Hell House LLC. Les faux monstres en sont donc des vrais, et il faut se méfier de tout le monde, mais aussi, bien regarder partout avant d’entrer dans une pièce dont on n’est pas certain de pouvoir sortir.
Parfait pour les puristes qui depuis des années attendaient le cocktail parfait entre MOTORHEAD, SODOM et DEMOLITION HAMMER (« Vile Humanity »), Terror Labyrinthian saura satisfaire tous les amateurs de Thrash vraiment dur, et dont les effets secondaires durent. Outre une baisse sensible de l’audition, on notera une privation des sens et une hypnose involontaire, nous poussant à mosher près du ravin, à côté de chez René. En transe totale, on se laisse porter par ces vocaux éructés d’une voix de brailleur désabusé et porté sur la clope et la bouteille, et on savoure ce qui pourrait être le fils illégitime de Serpent Temptation, ou un petit cousin éloigné de Malevolent Assault Of Tomorrow.
Death, Thrash, Progressif, technique mais pas trop, ce premier long est un véritable travail de passionnés. A tel point qu’on a vraiment le sentiment d’avoir déniché une perle rare des années 1989/1991 oubliée dans une huître qui fait pouêt-pouêt quelque part dans la cave d’un label comme Wild Rags ou Grind Core.
Sans jamais jouer les rallonges et diluer le courant en perdant l’intensité, NUCLEAR TOMB profite de son esthétique casher pour nous replonger dans le marasme de l’ultraviolence eighties. A la limite d’un Death/Thrashcore (« Parasitic (Live A Lie) », vraiment pas beau et en plus irascible), mais toujours cohérent et intelligible (le monstrueux et emphatique « Born Into Torment » qui ose le Death/Doom avec toujours en exergue ces riffs amaigris par une production sans graisse).
Sacré coup de filet, Terror Labyrinthian hantera vos rêves et vos cauchemars plus efficacement qu’une grimace de Gene Hoglan. D’une violence dense et d’une danse épileptique, ce premier album est de ceux qui marquent les esprits et leur époque. Et qui prouvent par la même occasion qu’on peut s’affilier à un mouvement surpeuplé, tout en tirant son épingle du jeu.
Une épingle qu’on s’enfonce dans l’urètre, juste pour la beauté du geste.
Titres de l’album :
01. Obsoletion
02. Terror Labyrinthian
03. Fatal Visions
04. Dominance & Persecution
05. Vile Humanity
06. Manufacturing Consent
07. Parasitic (Live a Lie)
08. Born into Torment
09. Ashen Lamb
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