Toujours à l’affut, Season of Mist nous gâte en novembre du premier album des norvégiens de TEMIC, en tout point professionnel. Il est d’ailleurs assez difficile de penser qu’il s’agit là d’un galop d’essai tant ce premier long fait preuve d’une maîtrise incroyable dans un registre pourtant difficile et exigeant. Mais lorsque l’inspiration et la technique ne sont pas des problèmes pour vous, accoucher d’un disque aussi léché que ce Terror Management Theory n’a finalement rien de vraiment surprenant.
D’ailleurs, en regardant de plus près le line-up de ce quatuor inconnu, on comprend mieux pourquoi le fruit de ses réflexions musicales est si mur. On retrouve en effet au sein de TEMIC des figures de la scène Progressive nordique qui ne sont autres que le claviériste et architecte sonore Diego Tejeida (DEVIN TOWNSEND, MIKE PORTNOY’S SHATTERED FORTRESS, ex-HAKEN), le guitariste Eric Gillette (THE NEAL MORSE BAND, MIKE PORTNOY’S SHATTERED FORTRESS), le batteur Simen Sandnes (SHINING, ARKENTYPE), et le chanteur Fredrik Klemp (MARATON, 22). Sacrée brochette donc pour un projet ambitieux, qui se matérialise sous la forme de dix morceaux pour une heure de musique…et quelle musique.
Les quatre partenaires ont mis toutes leurs qualités dans le chapeau avant d’en tirer le lapin le plus magique de cet automne 2023. Formés à la rude école de la perfection, les membres de TEMIC se devaient de nous offrir un disque imparable, aéré et biseauté, et c’est exactement ce qu’ils ont fait, tout en profitant d’une inspiration stellaire pour provoquer le métissage global, l’un des commandements de l’école Progressive moderne.
Moderne, le mot est lâché. Inutile donc de vous attendre à des atermoiements seventies ou autres fanfreluches pomp 80’s, Terror Management Theory se veut enfant de son temps, et mélange le Djent et le Metal contemporain avec un panache incroyable. Et lorsqu’on tombe en cinquième de couverture sur un monstre de l’ampleur de « Skeletons », qui réconcilie les ANIMALS AS LEADERS, PERIPHERY et Steven WILSON, on se dit que décidément, la beauté se cache partout, et qu’il suffit d’être attentif pour pouvoir l’admirer.
Avec ses accents funky se frottant aux mélodies les plus pures, « Skeletons » prouve qu’il n’y en a aucun dans le placard, et que les intentions de ces musiciens sont nobles et honnêtes. Symptomatique de ce que l’Europe du Nord peut nous proposer de plus léché et puissant, Terror Management Theory ne ménage pas ses efforts pour guérir via une thérapie choc et chic, tout en sonnant aussi naturel qu’une prise de conscience spontanée.
Et Dieu sait s’il est difficile de concilier esthétisme léché et authenticité naturelle. C’est pourtant le défi relevé par ces quatre norvégiens, qui en un seul disque s’imposent comme de nouveaux mètres-étalon du genre. Entre sensibilité cristalline et musculature saillante, Terror Management Theory passe en revue tous les impératifs d’un genre qui ne supporte ni les approximations ni les esprits trop scolaires et appliqués. Et le catalogue d’ambiances présenté est riche, entre réveil merveilleux sous les étoiles et agitation nocturne dans un studio perdu dans les montagnes.
Je n’ai pas écouté cet album. Non, je l’ai savouré. Je l’ai dégusté de la première à la dernière note, en prenant acte des différences patentes entre ses chapitres. J’ai craqué la bouche ouverte sur « Through the Sands of Time », ouverture dantesque et prenante, j’ai baissé ma garde lors de la sublime déclaration d’intention « Acts of Violence », qui nuance la violence avec une intelligence rare et des harmonies vocales sublimes, j’ai subi les accès de colère sur « Friendly Fire », incendie rythmique pas du tout amical, et plus globalement, j’ai avalé à grandes goulées tous ces plans incroyables, qui rapprochent parfois les norvégiens de leurs confrères américains de DREAM THEATER.
On sent aussi du Neal MORSE dans les moments les plus intimes, beaucoup de traditionalisme dans la gestion des instrumentaux, et une envie d’expliquer sans brader les techniques les plus poussées de composition progressive, entre Rock endiablé et Metal emballé, soit l’équilibre le plus parfait entre amplis à fond et cordes caressées.
Intense, d’une pureté absolue, Terror Management Theory est le type même de disque qu’on écoute jusqu’à l’user, tout en sachant que chaque passage sur la platine révèlera des détails que l’on n’avait pas remarqués les fois précédentes. Or, ce genre d’œuvre est suffisamment rare et précieuse pour être mise en avant sur les rayonnages des chroniques.
La subtilité dont font preuve ces musiciens est admirable, et si parfois l’ombre d’un Metal moderne plus simple cache le soleil des ambitions techniques via un « Paradigm » fortement connoté US, l’ensemble est largement assez précieux et ornementé pour ne pas craindre la vulgarisation.
Il est évidemment inutile de louer le potentiel technique de chacun, puisque c’est justement la combinaison des talents qui permet d‘atteindre ce résultat stratosphérique. Dans un registre de PORCUPINE TREE dramatique (« Once More »), TEMIC est à l’aise et se permet même des fioritures ludiques (ce break Trap de percussions hystériques est tout simplement génial), acceptant finalement d’endosser le rôle de futur leader de la scène progressive norvégienne.
Comme le YES de Fragile voyageant dans le futur d’un Djent proportionné et raisonnable sur la modernité, Terror Management Theory associe musicalité et capacités, et soulève le monde de sa force brute, sans oublier de bien plier les genoux pour ne pas abimer ses articulations. Atlas des temps modernes, TEMIC porte à bout de bras l’héritage d’une scène qui ne demande qu’à épouser les valeurs de son époque.
Une théorie de gestion de la terreur qui remplit de bonheur. Etrange, mais terriblement agréable.
Titres de l’album:
01. TMT
02. Through the Sands of Time
03. Falling Away
04. Count Your Losses
05. Skeletons
06. Acts of Violence
07. Friendly Fire
08. Paradigm
09. Once More
10. Mothallah
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