C’est l’été, et nos amis de Frontiers nous balancent une grosse fournée pour nous faire bronzer les oreilles en toute tranquillité. Une fois encore, le label a mis l’emphase sur le Hard mélodique, une musique qui s’accorde admirablement bien avec la météo du jour, mais c’est pourtant en Norvège que nous mettons le cap ce matin. La Norvège, son climat rigoureux, mais ses sourires harmonieux et sa politesse amplifiée, pour y rencontrer un ancien projet remis au goût du jour et sur les rails du succès. Créé dans les années 2010 par le guitariste/compositeur Daniel Olaisen, BIG CITY a d’abord été un défouloir artistique pour le guitariste qui y entassait ses riffs les plus convaincants dans l’espoir de les jouer un jour avec les bons musiciens. Très influencé par les eighties, comme nombre de ses contemporains, le musicien s’est donc montré intraitable sur le choix de ses partenaires, et a commencé à accorder sa confiance à Frank Ørland, second guitariste qui avait déjà joué avec lui au sein de SCARIOT, groupe de Heavy/Thrash progressif. Frank Nordeng Røe (WITHEM, MARATON, et batteur de session pour CIRCUS MAXIMUS et LEPROUS) a complété le trio, avant que le chanteur Jan Le Brandt et le bassiste de session Geir Inge Olsen ne complètent le quintet.
Deux albums sont jusqu’à présent venu témoigner de la créativité de BIG CITY, Wintersleep sorti en 2014 et Big City Life, publié quatre ans plus tard. Et trois ans de plus nous permettent aujourd’hui d’apprécier ce que le groupe considère comme son grand-œuvre, ce Testify X, qui permet aux norvégiens de passer des grecs de Rock of Angels aux italiens de Frontiers.
Nouvel album, mais aussi changement de label et de chanteur, et c’est justement suite aux démos enregistrées avec Jørgen Bergersen du cover band d’EUROPE ROCK THE NIGHT que Daniel Olaisen a pu obtenir un deal. Le guitariste et principal compositeur est d’ailleurs très confiant dans les qualités de son travail et de l’apport généré par ce nouveau vocaliste au timbre polymorphe. De fait, comme dans tout bon discours promotionnel qui se respecte, Testify X est présenté comme le meilleur album du quintet (augmenté du bassiste Miguel Pereira), ce qu’il est peut-être, sans doute, éventuellement, seul le temps pouvant répondre à cette épineuse question. Mais en admettant que les chansons font partie du haut du panier, que la production est délicieusement rétrograde et un peu étouffée, et que les mélodies sont encore mieux mises en valeur, on peut estimer que le virage négocié au moment de ce troisième album l’a été intelligemment, et a évité une fâcheuse sortie de route.
La recette est largement éprouvée, mais le métier des musiciens fait sonner ce nouveau chapitre avec des mots neufs et des constructions époussetées. Tapant dans ce que les eighties produisaient de meilleur en termes de Hard Rock mélodique et agressif, les BIG CITY signent une déclaration d’amour pour cette décade largement honorée par les peuples du nord, qui ont depuis des années trouvé la recette parfaite pour lui faire honneur. L’écho est donc profond, et on reconnaît la patte des DOKKEN, 220 VOLT, EUROPE évidemment, mais aussi BRIGHTON ROCK, sans oublier la nouvelle vague old-school suédoise qui trouve ici une tribune de respect non négligeable.
Entre Hard vraiment énergique et Heavy non édulcoré, Testify X aligne les tubes comme à la parade, et peut compter sur la passion et le professionnalisme de musiciens qui aiment vraiment ce qu’ils jouent. Et avec ses arpèges délicats d’entame et son solo lointain, « The Rush » place la barre très haute dès les premières secondes, avant d’exploser comme un pétard du 14 juillet lancé dans un ciel étoilé. Up tempo ad hoc, voix présente mais pas écrasante, jeu puissant de Frank Nordeng Røe qui n’hésite pas à cogner pour propulser un riff de premier choix. D’aucuns diraient que la messe est dite dès les premiers psaumes, et la vérité n’en est pas si éloignée, puisque le reste du nouveau répertoire est largement à la hauteur de cette prise de contact.
En proposant une musique certes nostalgique, mais méchamment énergique et puissante, les BIG CITY nous évitent les engluements de synthés et autres atermoiements sentimentaux qui font déborder la piscine des souvenirs sur le tapis du réalisme. Les guitares, loin d’être muselées, aboient à tout va, mais ne mordent pas les chevilles du facteur, empêchées en cela par une rythmique souple et par un chant modulé. Le nouveau vocaliste de la bande s’est glissé dans un costume qui lui va comme une cape de superhéros, et « Dark Rider » de nous rappeler les œillades lancées par les SCORPIONS au marché américain. Si tout peut parfois paraître bien calibré pour ne choquer personne, on n’en reste pas moins admiratif face au travail de reconstitution accompli, le quintet allant jusqu’à nous offrir sur tapis rouge une ballade dont les eighties avaient le secret. On sent du WINGER, du WARRANT sur la blue-song « I Will Fall », mais encore une fois, la puissance de l’instrumental transforme l’émotion en amour profond pour une décennie qui a bercé notre adolescence.
Proposant des titres conséquents, et pas uniquement un fac-similé de trois minutes pour se fondre dans le décor vintage, BIG CITY se transforme en Los Angeles de nuit, lorsque les fans sortaient de leur tanière pour aller hanter les clubs en poussant les gaz sur la route. On le sent sur le terriblement Heavy « Running Away », mais aussi sur « Conception » qui joue brillamment sur la dualité Heavy rapide/AOR limpide, avec cette opposition entre un rythme poussé et des couplets veloutés.
En synthétisant le meilleur, les norvégiens inévitablement proposent un best-of remarquable de justesse, avec ce qu’il faut de citations dans le texte pour fédérer les nostalgiques. On se souvient alors des BLACK N’BLUE, des LION, de KEEL, et on apprécie que les cinq compères ne nous prennent pas pour des imbéciles avec des copies faciles et vite écrites. « Winds Of The Road », presque Power, « Graveyard Love » et sa doublette de riffs sur fond de beat à la RIOT, et la conclusion évolutive de « How Dark Does It Get », témoin de l’option progressive choisie à un instant T par les musiciens, prouvent que Daniel Olaisen n’exagère sans doute pas en parlant de meilleur album…
C’est en tout cas pour moi une entame particulièrement réussie pour ce second semestre, et un album qui saura trouver sa place sur le podium de fin d’année.
Big city, big city nights
You keep me burning…
Titres de l’album:
01. The Rush
02. Dark Rider
03. Testify
04. I Will Fall
05. Running Away
06. Conception
07. Winds Of The Road
08. Heart's Like A Lion
09. Graveyard Love
10. How Dark Does It Get
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