Je m’en vais vous introduire à une association de malfaiteurs internationale, de proportions tout à fait modestes rassurez-vous. L’imprononçable IXTLAHUAC cache en effet deux identités bien distinctes, et deux pays différents. D’un côté de la carte, Juan González, aka AESDM, originaire d’Unión de Tula au Mexique, et membre actif d’ENGENDRO MALEVOLO, autre projet maléfique, guitariste, bassiste et chanteur. De l’autre, la Colombie de José Manuel Cárdenas, batteur cognant dans diverses entités démoniaques, dont ALCÖHÖLIK AGGRESSOR, BÖMBRAID, et DIAMOND CHAZER. Les deux hommes ont donc uni leurs forces depuis 2018 afin de donner corps au concept IXTLAHUAC, fasciné par la mythologie mésoaméricaine. Après trois démos ayant alerté l’underground de leur présence, les deux compères ont donc décidé de frapper un grand coup en osant leur premier longue-durée, parrainé par les barges de Nuclear War Now! Productions, toujours dans les bons coups les plus chaotiques. De fait, ce Teyacanilitztli Nahualli, au nom lui aussi collant au palais, sonne comme le premier grand-œuvre de ces deux maniaques de l’attaque sonique pure et dure.
Ce premier LP s’intéresse donc aux codex connus sous le nom d’Amoxtli, datant du quatorzième, quinzième et seizième siècle, décrivant l’histoire précoloniale des indigènes mésoaméricains. En se concentrant sur le Dieu de la guerre Huitzilopochtli, Teyacanilitztli Nahualli (que l’on peut traduire par le guide sorcier) propose donc un War Metal très abrupt, enregistré selon le principe puriste de refus du moindre effet, comme un dogme diabolique à l’éthique formelle et rigide. C’est ainsi que le son global de l’album rebutera les amateurs de productions policées, mais attirera comme des mouches les intègres lo-fi qui reconnaîtront les leurs.
Musicalement, l’affaire est plus complexe qu’un simple glaviot craché à la face du bon goût et de la modernité. Si le Black/Death du duo est plutôt abrupt et sauvage, les modulations mélodiques, les licks accrocheurs, et les transitions travaillées font montre d’un sens de l’esthétisme certain, tandis que l’instrumental doublé de la voix immonde de Juan González s’accroche aux préceptes établis par le BATHORY le plus primaire, et l’Evil Metal des années 80.
Pas de quoi sacrifier une vierge donc, mais de l’intelligence dans le propos, et des ambitions artistiques tangibles. Et si les trois premiers titres, brutaux en diable et agencés de façon à vous foutre les miquettes, aiguillent sur la piste d’un Black primaire et bas du front, mais agrémenté de quelques fantaisies, « Nahuallotl (Magia) Negra » et son développement plus conséquent nous entraîne dans les enfers du Metal le plus sombre d’Amérique du Sud et de ses légendes. Heavy comme du HELLHAMMER chez Dante, rapide comme du Quorthon sous acides, « Nahuallotl (Magia) Negra » change d’optique et pratique l’attaque de biais, en imposant toujours ces riffs tournoyant comme des vautours autour du cadavre de l’histoire. Celle racontée par les deux hommes est évidemment incompréhensible dans les faits, mais leurs inserts mélodiques presque Folk permettent de s’accrocher à un concept moins simpliste qu’il n’y paraît, et qui parvient à imposer une ambiance étrange de cirque infernal. Flûte, harmonies locales souillées de cris inhumains, on se prend alors de passion pour ce Metal hors-norme, très théâtral, et moins caricatural que son entame ne le laissait supposer.
Ambiance, le mot est posé, et cet album en use avec beaucoup d’intelligence. « Ritual de Fuego Nuevo » continue d’ailleurs sur cette lancée, en provocant le Doom/Death le plus putride, plaquant des riffs à la BLACK SABBATH véreux pour nous faire glisser sur la pente du passé. La production minimaliste accentue cette sensation de malaise, et le voyage se montre sous un jour ancien, très ombrageux et mystérieux. L’album prend alors toute sa substance, et se cale sur les légendes qui ont servi à son élaboration, avant que l’outro dramatique « Xolotl:4 Puntos Cardinales » ne referme les lourdes portes des légendes mésoaméricaines.
Les deux titres en bonus n’apportent pas grand-chose au déroulé de l’histoire, mais permettent d’atteindre une durée plus raisonnable pour un premier longue-durée. Toutefois, la vilaine reprise d’ENGENDRO MALEVOLO (groupe de Juan González au cas où vous l’auriez déjà oublié) est vraiment moche et sale, et « Coatlicue Nunca Muere » pousse le bouchon du lo-fi Ambient dans ses derniers retranchements, histoire de nous offrir quelques cauchemars mexicains au passage. IXTLAHUAC est donc un cas très intéressant, et on se demande après écoute si un album plus conséquent ne permettrait pas d’explorer plus de pistes, tant les options prises par les deux musiciens semblent pouvoir mener à un résultat d’envergure.
Titres de l’album:
01. Huehuecoyotl
02. Ixlthaucán de los Brujos
03. Guía Mistico:Xoloitzcuintle
04. Nahuallotl (Magia) Negra
05. Ritual de Fuego Nuevo
06. Xolotl:4 Puntos Cardinales (Outro)
07. Rito Ceremonial en la Zona Negativa (ENGENDRO MALEVOLO Cover Bonus Track)
08. Coatlicue Nunca Muere (Bonus track)
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