Bon, je ne vais pas m’amuser à recenser tous les groupes de Death technique de la création…Vous les connaissez aussi bien que moi, je les connais, tout le monde les connaît, et disons pour le principe qu’ils vont servir de base à cette chronique.
Puisque ces quelques mots vont concerner un des représentants de ce style, autant le situer d’une manière assez vague pour laisser l’inspiration voguer.
Les présentations seront donc officielles, et l’analyse plus tardive si vous le voulez bien.
Les DISCHORDIA nous viennent d’Oklahoma City, existent depuis le début des années 2010, et ont déjà publié un certain nombre de postulats, format EP (Creator Destroyer en 2011, Sources en 2015), ainsi qu’un premier longue durée en 2013, Project 19. Ils s’articulent autour d’un axe en trio (Josh Turner – chant/basse), Keeno (guitare/chant) et Josh Fallin (batterie), qui semble leur convenir parfaitement, et commencent à se faire un nom dans le plus si petit monde cloisonné du Death Metal hautement agencé et instrumentalisé.
La recette de cette musique alliant dextérité, complexité et brutalité est connue, et la variante appliquée par les trois Américains, ne dévie pas vraiment de l’essence d’origine. Admettons quand même qu’ils la mettent en pratique avec une délicate sauvagerie qui prend aux tripes et qui de plus, bénéficie d’un son tout à fait adapté.
On pourrait les comparer à quelques références, ils en citent eux-mêmes d’ailleurs, dont ENFUNERATION, CASCUS, BLACK CROWN évidemment (James Dorton, le chanteur fait d’ailleurs un featuring sur le morceau « The Ruin »), mais à cela nous pourrions broder de notre côté sur les thèmes de GORGUTS, ION DISSONANCE, DECAPITATED pour cette approche radicale, ou même MESHUGGAH pour ces complications rythmiques densifiant l’instrumental avec régularité.
Jusqu’ici, rien de surprenant à l’affaire. Des pistes à suivre assez classiques, pour une musique riche, dense, brutale mais maîtrisée dans un certain sens. Quelques arrangements incongrus pour tromper l’auditeur et l’emmener sur des voies diverses, mais surtout, une indéniable créativité qui empêche les DISCHORDIA de nous faire plonger dans une somnolence prévisible. Cette créativité les pousse à suivre les traces d’ATHEIST parfois, mais aussi des CRYPTOPSY, voire des ANAAL NATHRAKH dans les instants les plus incisifs et peu emphatiques.
Mais rentrons un peu plus dans le vif du sujet pour en apprendre un peu plus…ou presque.
Thanatopsis en l’état, sans tomber dans le piège du concept album, est un disque à thématique unie. Basé sur le poème éponyme de William Cullen Bryant, dont les écrits font partie de la culture littéraire US du 19ème siècle, il propose une contemplation de la mort, une analyse d’immersion, qui finalement, s’accorde très bien des choix instrumentaux du trio. Je vous invite à lire cette œuvre disponible sur Internet pour en savoir un peu plus, ce qui nous permettra de rester focalisés sur la musique de ce deuxième album, qui finalement, est suffisamment discordant pour s’accorder du patronyme d’un groupe qui refuse les mélodies et imbrications trop faciles.
Technique donc, puissance, un minimum d’innovation, tel est donc le plan en trois axes qui se développe sur les neuf longues pistes de ce second album de DISCHORDIA, et qui sont des vecteurs assez classiques des théories d’usage dans le Death Technique.
Si l’œuvre dans sa globalité est très compacte et peu sujette à des aérations trop prononcées, les trois musiciens ont tout de même accordé suffisamment de place à l’harmonie déviante pour ne pas risquer la monotonie d’une attaque frontale ininterrompue et stérile.
Technique certes, mais pas démonstratif pour autant. Et si « The Ruin », proposé en avant-première privilégie les démonstrations de violence, l’imbrication des riffs en prolongement et les subtils écrasements de tempo, il garde une patte personnelle qui empêche nos trois héros du jour de sombrer dans une routine confortable, mais peu gratifiante.
Une basse volubile habilement glissée entre la batterie et l’infatigable guitare, un chant rauque qui n’écrase pas les fréquences mais ne se laisse pas noyer au mixage, et de fréquentes références au passé le plus illustre et terminal de DEATH, sans oublier les citations plus ou moins directes à MESHUGGAH, notamment sur le très roublard et ronflant « 22° », que l’on aurait aisément pu retrouver sur le séminal Koloss des suédois. D’ailleurs, la voix de Josh Turner sur ce morceau singe à merveille les accents gravissimes de Jens Kidman et son phrasé un peu empâté, tandis que la section rythmique s’amuse beaucoup justement d’une arythmie typique des numéros de funambule des inénarrables chantres du Techno Death venus du froid.
Morceaux longs donc, et sous influence, mais qui gardent une identité suffisamment affirmée pour que le plagiat ne pointe pas le bout de son impolitesse.
D’ailleurs, les DISCHORDIA choisissent parfois de faire preuve d’un radicalisme à la CRYPTOPSY, notamment sur le lapidaire et ultra brutal « Madness », qui justifie son titre d’un ballet enivrant de violence orchestré au millimètre près.
Mais cet exemple est isolé dans une mer houleuse qui préfère regarder les énormes vagues déferler les unes après les autres, mouvement qui trouve son apogée dans le dernier acte de ce second disque, sur l’interminable dédale « The Traveler », qui n’hésite pas à friser les neufs minutes d’inspiration globale. Tout y passe, des compressions à deux doigts d’une explosion massive, aux breaks subtils, à la limite du Free Jazz, les passages en Techno Mathcore teinté de Death torride, et dans cette ultime tentative de prouver leur bon sens, les Américains parviennent à résumer des années de Death technique en ramenant à la surface des mémoires collectives les inévitables Individual Thought Patterns, Chaosphere, et autres Imperial Doom ou Feeding The Abscess, en y ajoutant leur propre narration, qui trouve parfois des illustrations incongrues, comme lors de ce break de carnaval, totalement gratuit mais ludique et parfaitement intégré au développement global du morceau.
Thanatopsis a donc beau se focaliser en externe sur le processus de fin de vie, il n’en manque pas pour autant et propose une version intéressante d’un genre qui a tendance à très vite s’enfermer dans ses obsessions et à se laisser posséder par ses propres démons. Des efforts d’hybridation sont encore à faire pour pouvoir taquiner les incunables, mais le caractère est affirmé, et la patte instrumentale affinée.
Il démontre quoi qu’il en soit que le trio Américain est capable d’égaler les gourous en place, pour peu qu’ils creusent encore cette imagination qui leur permet tout juste de sortir des sentiers battus pour le moment.
Titres de l'album:
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