La vie est tout sauf un long fleuve tranquille, et ça, je pense que tout le monde l’a compris depuis très longtemps. Et s’il fallait une preuve de ce postulat, la situation actuelle des MALEVOLENT CREATION en serait l’illustration la plus parfaite. Actifs depuis 1987, les floridiens originaires de Fort Lauderdale ont pourtant connu un parcours relativement linéaire jusqu’il y a peu, avant que le sort ne les frappe de plein fouet, et que certains de ses membres soient obligés de prendre des décisions drastiques. Et ainsi, les quatre ans séparant Dead Man’s Path sorti en 2015 et The 13th Beast, paru en janvier de cette même année ont été le théâtre d’un grand chambardement, au point qu’on a du mal aujourd’hui à reconnaître le groupe que l’on a toujours connu. Pour qui suit un peu l’actualité Metal, le décès de Bret Hoffmann en 2018 n’aura rien d’une simple anecdote de bas de page, et le destin de la bête abjecte semblait méchamment compromis, puisqu’il était sujet à questionnement en termes de continuité. Comment remplacer un vocaliste de légende, dont le timbre unique avait propulsé des œuvres comme The Ten Commandments ou Stillborn dans la stratosphère des travaux les plus fondamentaux de la scène Death US ? Certes, depuis, sans jamais décevoir, MALEVOLENT CREATION s’était souvent contenté de répéter la même recette avec plus ou moins de bonheur et de cruauté, mais ses albums n’avaient jamais déçu, mis à part peut-être le plus hasardeux Invidious Dominion qui marquait quelque peu le pas. Et c’est donc sur les épaules solides du guitariste originel Phil Fasciana que pesait tout le poids de la légende, d’autant plus que ses anciens frères d’armes n’étaient plus là pour l’aider à faire perdurer la tradition. C’est donc un visage complètement nouveau qu’offre le quatuor aujourd’hui, avec pas moins de trois nouvelles recrues qui doivent assumer la transition entre le passé et l’avenir, et autant dire que sans véritable surprise, The 13th Beast continue le travail de sape entrepris dès la fondation du combo, sans choquer, mais surtout, et plus important, sans laisser retomber la pression.
Autour de Phil, nous retrouvons donc une nouvelle section rythmique composée du bassiste Josh Gibbs (SWAMP GAS, THRASH OR DIE, ex-SOLSTICE) et du batteur Philip Cancilla (BITS OF GORE, PRIMITIVE BRUTALITY), et surtout, un nouveau vocaliste, qui prend aussi en charge la guitare rythmique, Lee Wollenschlaeger (IMPERIAL EMPIRE, THRONE OF NAILS, ex-DIEVERSION). Cette nouvelle formation se devait donc de frapper un grand coup pour ne pas ternir l’image, et la mission a été acceptée, et l’essai transformé haut la main, puisque sans faire partie du très haut du panier des floridiens, The 13th Beast ne déçoit aucunement, et propose son lot de moments forts. Mixé et masterisé par l’increvable et estimable Dan Swano, ce treizième album dispose donc d’un son fort mais brillant, qui met évidemment l’emphase sur la guitare, comme d’habitude, mais qui laisse une basse ronflante et claquante apporter sa contribution, loin d’être anecdotique. Et en tant que fan du groupe depuis l’écoute de l’historique « Decadence Within » que l’on trouvait alors sur le sampler Roadracer At Death's Door en version démo de 1990, je dois admettre que tous les efforts consentis par Phil Fasciana pour faire survivre la créature n’ont pas été vains, puisque sa guitare est toujours aussi aiguisée et affamée, et que sa version estampillée 2019 de MALEVOLENT n’a pas à rougir du visage historique offert pendant presque trente ans. Certes, et inutile de tourner autour du pot, il y a longtemps que l’on attend plus du groupe qu’il soit capable de produire des œuvres de la trempe de ses trois premiers chapitres, mais ce treizième tome n’a pas à rougir d’une quelconque comparaison avec les évènements discographiques de ces quinze dernières années. Il se place même parmi les tentatives les plus brutales du combo, sans pour autant renoncer à cette patine Thrash qui permet à son Death impitoyable de sortir du lot et de s’extirper du marasme ambiant d’un genre qui semble avoir tout dit depuis très longtemps.
Ce qu’on pourra peut-être reprocher à cette nouvelle étape est sa longueur. En cinquante minutes, Phil et les siens multiplient les allusions, et se répètent de temps à autres un peu gauchement, accumulant les citations personnelles dans le texte. Si l’on retrouvera le mordant qui animait Dead Man’s Path, la voix de Lee Wollenschlaeger plus caverneuse et moins singulière fait parfois sombrer certains titres dans une routine de violence un peu trop prévisible, routine heureusement brisée par un pivot rythmique qui multiplie les pirouettes et les figures de style. Secondé par un batteur et un bassiste qui assurent dans les grandes largeurs, Phil peut donc démultiplier ses interventions, et proposer une jolie alternance de parties au vibrato hystérique et d’autres aux saccades plus nettes et prononcées, et ainsi apporter une dynamique efficiente à un concept global toujours aussi ancré dans la tradition. Mais si la formule est toujours aussi efficace, spécialement lorsque tous les éléments se mettent en branle, les morceaux les plus timorés et cadrés n’apportent pas la plus-value qu’on était en droit d’attendre d’un groupe au casting renouvelé, et parfois, lorsque la montre tourne sans s’arrêter, l’effort parait vain, et la créature semble se débattre de ses chaînes dans une cage aux barreaux un peu trop solides. Pourtant, ce ne sont pas toujours les morceaux les plus développés qui handicapent le projet, puisque le très concentré et violemment épique « Born of Pain » se satisfait très bien de ses sept minutes pour cumuler les climats et les gimmicks, osant la lourdeur oppressante pour contrebalancer la brutalité de blasts incessants. On retrouve à ce moment précis le MALEVOLENT CREATION que l’on a toujours aimé, avec ces parties de batterie à la double grosse caisse impitoyable, et ces riffs qui empestent la mort dans les marais à plein nez.
Attaque directe qui frappe de plein fouet, The 13th Beast est justement une belle bête aux griffes acérées et aux coups dévastateurs, mais qui semble parfois s’empêtrer dans ses mouvements. Heureusement, l’essentiel de sa gestuelle est toujours aussi efficace, et trouve son point d’ancrage dans une approche vintage qui a toujours fait l’identité principale du groupe, et lorsque celui-ci retrouve ses impulsions les plus mortifères sur « Release The Soul », on réalise que les MALEVOLENT furent aussi les contemporains de MORBID ANGEL, parallèle flatteur qu’ils méritent amplement. Tout n’est donc pas indispensable, mais loin du traumatisme d’une lignée interrompue qui aurait pu laisser le combo K .O pour le compte, et l’acharnement de Phil Fasciana paie donc comptant. « Knife at Hand », en tant que bande-son idéale d’un massacre mené par un psychopathe en goguette, « The Beast Awakened » en rouleau-compresseur destructeur à outrance rassureront les plus inquiets, qui se demandaient très justement ce qu’il allait advenir de leur bestiole hideuse préférée. Les voilà donc rassurés quant à la survie de l’espèce, et même si le darwinisme de cette réalisation frise le zéro sur l’échelle de la progression, The 13th Beast n’en reste pas moins une étape solide de plus sur le chemin de la destruction. Et au moment de découvrir l’œuvre, ne vous fiez surtout pas à cette hideuse pochette. Car la musique qu’elle dissimule méritait bien mieux que ce graphisme potache pour comics discount.
Titres de l’album :
1.End the Torture
2.Mandatory Butchery
3.Agony for the Chosen
4.Canvas of Flesh
5.Born of Pain
6.The Beast Awakened
7.Decimated
8.Bleed Us Free
9.Knife at Hand
10.Trapped Inside
11.Release the Soul
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