CADAVER, c’est un peu ce pote qu’on retrouve par hasard, qui se fait oublier pendant des années avant de se rappeler à notre bon souvenir sans prévenir. On ne lui en tient pas rigueur d’ailleurs, puisqu’à chacun de ses retours, il arrive avec les bras chargés de surprises, réconfortantes, enthousiasmantes, comme si la dernière entrevue datait d’hier. 1988-1993, 1995, 1999-2002 (en tant que CADAVER INC.), 2002-2004, 2010 à aujourd’hui, voilà une trajectoire pour le moins erratique, découlant évidemment sur une production discographique l’étant tout autant.
Mais faisons table rase du passé, oublions le monstrueux Hallucinating Anxiety, l’encore plus mythique …In Pains, pour nous focaliser sur Edder & Bile, le dernier témoignage du cadavre, énoncé en 2020 et vraiment digne d’intérêt. Cet énième comeback avait rassuré les vieux fans, et même développé une nouvelle fanbase, avide de brutalité contrôlée.
Depuis 2020, CADAVER se résume à un duo et visiblement, la formule marche très bien. Outre l’incontournable Anders Odden aka Neddo à la guitare, basse et au chant, c’est toujours Dirk Verbeuren, le batteur au CV long comme les deux bras d’un paresseux qui occupe le kit, les deux hommes s’entendant comme deux larrons en foire agricole. Une fois encore, c’est Neddo qui a étalé sur la table des moitiés d’idées, complétées par son batteur qui lui aussi en a sorti une ou deux de son étui à baguettes. Ainsi naquit The Age Of The Offended, de cette collaboration qui fonctionne au charbon, et qui donne toujours des résultats fantastiques.
Mais cette fois-ci, Neddo voulait aller encore plus loin. Proposer autre chose qu’un simple album de Death lambda, comme il en sort dix par semaines, et explorer de nouvelles pistes, quitte à tester des sensations pour le moins lysergiques. Psychedelic Death ? Pas vraiment, mais de la folie, des trips qui laissent des traces, et toujours ce flair au moment de composer des plans catchy. Composé et enregistré en fractionné, entre L.A, la Norvège et la Finlande, avec un home studio dans un Air B&B, The Age Of The Offended est une fois de plus une preuve de l’incroyable panache de ce musicien de légende, qui refuse de s’asseoir sur ses lauriers pour contempler sa gloire passée et à venir. L’imagination tourne encore à plein régime, et ce nouvel effort est de loin ce qui se fait de mieux sur le marché.
Des morceaux denses, compacts, qui ne dépassent que très rarement les quatre minutes, comme si l’essentiel devait être dit dans un temps imparti pour garder son impact. Avec en bagage des riffs maison qui détruisent béton, cette voix éraillée en marque de fabrique, et cette complicité partagée avec Dirk, Neddo continue son exploration des bas-fonds, et en revient avec deux ou trois histoires à raconter. Lui qui se considère avec fierté comme un vestige old-school conchie aujourd’hui les réseaux sociaux qu’il déteste, mais surtout, le comportement de cette nouvelle génération qui s’offusque pour un oui pour un non, quelle que soit la thématique. Ces gens qui se plaignent, qui se croient moqués, mis au ban, ostracisés, racisés, genrés, et qui finalement, n’ont d’autre identité que celle qu’ils s’accordent chaque semaine. Le Death Metal étant le genre choquant par essence, entre morbide faisandé et tortures diverses, il n’y a rien d’étonnant à constater qu’un croisé des années de gloire se fende d’une diatribe envers la vague woke, prompte à réguler et à niveler pour ne choquer personne.
Sauf que Neddo a bien l’intention de continuer à choquer, coûte que coûte.
Le résultat musical de cette rébellion est tout simplement gigantesque. Avec une production aux petits oignons, une batterie poumon, une guitare qui égrène tout le lexique du Death classique, et des thèmes provocateurs, CADAVER revient en grande forme, et ajoute une pierre de plus à son propre édifice. Sans chercher midi à quatorze heures, mais en se creusant les méninges pour trouver des plans porteurs et accrocheurs, le duo accouche d’un énorme étron parfaitement moulé, et qui sera déposé dans du papier journal sur le perron des bienpensants, avant d’être enflammé pour la beauté du geste.
Assez proche de ce que CARCASS produit depuis sa reformation, The Age Of The Offended se permet quand même quelques déviations intéressantes, à l’image de l’impitoyable « Death Revealed », ou du psychothérapeute « The Shrink ». Serait-ce à dire que Neddo consulte pour guérir de ses traumas ? Certainement pas, et si la maladie et la pandémie n’ont pas arrêté le bonhomme, la folie n’en fera pas mieux. Et la double grosse caisse de l’ami poulpe Dirk de rythmer les parties de guitare assassines, et les syncopes tombant comme une dent sur le parquet. La fusion entre les deux musiciens fait vraiment plaisir à entendre : entre Death de l’orée des nineties et abattage moderne avec épaisseur et consistance, ce nouvel album tire le meilleur des deux partis, et se savoure tartare, sur le moment, et avec l’humeur adéquate.
On craque nerveusement pour ces lancinances vicieuses (« The Drowning Man »), on trempe les deux pieds dans les eaux de la démence pour les réchauffer et faire de sales clapotis (« Deadly Metal »), on se les gèle dans l’enfer des hivers norvégiens qui plantent leurs congères dans les yeux délavés (« Freezing Isolation »), mais on partage aussi un stick pour oublier le quotidien (« Postapocalyptic Grinding »).
Neddo l’affirme lui-même, ce disque est une incitation à la fumette. Un témoignage weed-friendly qui procure une ivresse délicieuse, sans laisser de séquelles ni entraîner un mal de tête carabiné. Et une fois encore, les retrouvailles sont scellées par une amitié sans failles, et un véritable plaisir de repartir sur les routes en bonne compagnie.
CADAVER est toujours vivant, et là n’est pas le moindre des paradoxes. Mais allez-y, allumez le bourrier qu’on s’évade un peu de ce merdier.
Titres de l’album:
01. Sycophants Swing (intro)
02. Postapocalyptic Grinding
03. Scum Of The Earth
04. The Age Of The Offended
05. Death Revealed
06. The Shrink
07. Crawl Of The
08. The Drowning Man
09. The Sicker, The Better
10. Dissolving Chaos
11. Deadly Metal
12. The Craving
13. Freezing Isolation
"Conchie aujourd’hui les réseaux sociaux qu’il déteste, mais surtout, le comportement de cette nouvelle génération qui s’offusque pour un oui pour un non, quelle que soit la thématique. Ces gens qui se plaignent, qui se croient moqués, mis au ban, ostracisés, racisés, genrés, et qui finalement, n’ont d’autre identité que celle qu’ils s’accordent chaque semaine"
AMEN !!! !!! !!!
"Assez proche de ce que CARCASS produit depuis sa reformation"
Au vu des deux titres mis en exergue, c'est exactement la référence que j'avais...
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