Vous savez un peu comment ça fonctionne, lorsqu’on chronique autant d’albums, on n’attend pas forcément que les labels vous donnent la béquée. Je pourrais éventuellement me cantonner aux mails que je reçois, mais je préfère aller à la cueillette moi-même de quoi trouver ma pitance, et arpenter les vergers musicaux pour trouver une bonne pomme. Et en me promenant du côté de Boston, ou plutôt d’un site listant dans ses colonnes un groupe de Boston, je suis tombé sur ce fruit étrange, d’un rouge flamboyant, pas forcément alléchant, mais qui m’intriguait…Et pour faire fi des métaphores et autres images un peu foireuses, autant dire que j’y suis allé au culot en glissant cet album de LEAVING EDEN dans mes oreilles…Et pour de bonnes raisons, car avec une pochette aussi vilaine, et un titre aussi évident que « The Agony of Affliction » en lecture aléatoire, il y avait de quoi craindre pour mon intégrité artistique…Persuadé d’être tombé sur un énième combo alternatif au charme aussi évident qu’un pack de yaourts en promo, j’abordais l’écoute de ce que je pensais être un premier album anonyme l’esprit légèrement absent, avant de me rendre compte que le groupe en question avait beaucoup plus de qualités que ce morceau et cette pochette ne le laissaient supposer. Première erreur, The Agony of Affliction n’est pas un premier album, et loin de là. Ce groupe en est en fait à son septième longue durée, produisant effectivement depuis 2011 et la sortie de Tied & Bound, et n’ayant jamais connu de période de disette. Depuis, Between Heaven and Hell en 2012, Welcome to my World en 2014, Pinnacle en 2016, Out of the Ashes en 2017, Descending en 2018, soir un album par an ces dernières années, ce qui en dit long sur la productivité. Mais la productivité de qui au juste ? Principalement d’un musicien/compositeur/réalisateur se cachant derrière ce jardin d’Eden abandonné pour une terre moins stérile et surveillée…
LEAVING EDEN c’est d’abord un esprit créatif, Eric Gynan à la guitare, basse et chant, secondé par Ryan PM à la batterie, aux synthés et à la programmation, plus la jolie Eve au chant. Accompagnés la plupart du temps, du moins depuis un moment par Alyssa Bailey White aux claviers et Adam Bohlen à la basse, ces trois musiciens se livrent donc à l’exercice périlleux de la pluralité artistique, mélangeant allègrement les genres, mais savourant surtout une vie passée sur la route, pour de nombreux concerts, leur ayant permis d’acquérir une réputation live enviable, et surtout, d’ouvrir pour des artistes de la trempe de LACUNA COIL, IN THIS MOMENT, BLACK SABBATH, RONNIE JAMES DIO, ROB ZOMBIE, 5 FINGER DEATH PUNCH, DISTURBED, MARYLYN MANSON, ALICE COOPER, LYNYRD SKYNYRD, ZZ TOP, PUDDLE OF MUDD, KORN, KILLSWITCH ENGAGE, BUCKCHERRY, BIG BROTHER AND THE HOLDING COMPANY, COUNTRY JOE, 10 YEARS AFTER et de nombreux autres aussi prestigieux, lors de festivals et gigs en Angleterre, aux USA et au Canada. C’est donc à un groupe largement établi auquel nous avons affaire, mais un groupe qui n’a pas oublié l’enthousiasme de ses premières années, ce que ce septième album studio prouve de ses chansons variées et séduisantes, qui titillent autant la fibre du Post Grunge que le cabaret, tout en gardant une assise de Rock alternatif savoureux et tout sauf prévisible. La surprise, voilà le moteur majeur de cette réalisation, qui multiplie les ambiances, les atmosphères, tout en gardant en vue la cohésion et la qualité. C’est ainsi que dix chansons, des vraies, nous sont proposées, toutes possédant une identité propre, et cachant un concept pour le moins surprenant, qui nous est révélé par Eric Gynan lui-même…
Car plus qu’un simple LP de plus à ajouter à la discographie, The Agony of Affliction est aussi la bande son d’une comédie long-métrage, The Nitwit, dont Eric a jeté les bases du scenario dans l’Iowa, avec Ray Van Blarcom et Matt Moody, membres de l’équipe de production d’un tournage, autour d’un verre de scotch. Les deux hommes trouvant l’histoire assez cocasse, ils ont décidé de se lancer avec Eric dans la réalisation, Matt Moody devenant même l’acteur principal de cette comédie, sous la direction d’Eric, qui ayant déjà dirigé bon nombre de clips trouva la transition assez facile. Sans savoir si nous pourrons un jour voir ce film dans nos contrées (mais le teaser est disponible par ici : https://youtu.be/Z9EoPgXgf6k), nous pouvons au moins en apprécier la B.O en écoutant cet album, qui lui aussi réserve son lot de figures surprenantes. Débutant sous des auspices assez classiques, avec une entame NU qui rappelle une version assez cool de la vague des LINKIN PARK, sans les automatismes millimétrés assez flagrants (« Pacing Dogs »), mais qui s’avère en fait être une introduction Hard-Pop alternative du meilleur goût, The Agony of Affliction place dès ses premiers instants ses auspices sous ceux de la découverte amusée, puis du plaisir savouré. Avec une chanteuse au timbre versatile et à la voix délicieusement acidulée, souvent secondée par Eric au chant masculin, cet album détonne clairement dans la production aseptisée actuelle, et nous charme de son côté bricolé, avec sa production pas forcément immaculée, et son envie d’essayer autre chose qu’une poignée de chansons formatées pour fonctionner sur scène. Le travail de guitare est assez notable, mais ce sont ces changements d’humeur qui fascinent, puisque « The Agony of Affliction » durcit le ton pour imposer un énorme riff Post Grunge, et signer un tube radiophonique tout à fait délicieux. « The Man I Want to Be » continue d’explorer l’héritage laissé par les nineties et le retour à la réalité Rock, avec son lick redondant et sa dualité vocale, se rapprochant des ALICE IN CHAINS et autres STONE TEMPLE PILOTS, mais alors qu’on pensait suivre le fil rouge avec aisance, une reprise totalement incongrue de la scie circulaire « Take On Me » des suédois d’A-HA nous cueille à froid pour nous avertir que rien ne va vraiment être logique…
Cette reprise d’ailleurs, très fidèle à l’originale est assez plaisante à l’oreille, avec sa grosse guitare se substituant aux synthés dégoulinant, mais elle n’est qu’une petite récréation au milieu des cours de compositions plus personnelles. Et « Shame Disgrace » d’imposer un groove assez pataud, décalé comme un show de French can-can en plein concert des DIABLO SWING ORCHESTRA, tandis que « Deep » impose un peu d’émotion seventies dans les débats agités. Et entre couplets rugueux et refrains plus fédérateurs, accès de sensibilité et groove hypnotique, le groupe parvient à nous embarquer dans son délire, modestement mais effectivement, et entre la Pop-Rock ouverte de « Wicked Mind » et le chaloupé de crooner un peu sombre du final « The Shadows of Darkness », ce septième album studio fait figure de bouffée d’air frais dans un univers vicié, sans viser la perfection (qu’il n’atteint évidemment pas), mais en proposant une approche différente et assez délicate. Comme quoi, une pochette plus que ratée et une discographie encore trop discrète dans nos contrées n’empêchent pas le talent d’éclater un jour, pour peu qu’on prenne le temps d’aller au-delà des apparences…
Titres de l’album :
01. Pacing Dogs
02. The Agony of Affliction
03. The Man I Want to Be
04. Take on Me
05. Shame Disgrace
06. Deep
07. Wicked Mind
08. Pothead
09. Take Me out of Here
10. The Shadows of Darkness
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