The Amensal Rise

Omnerod

12/05/2023

Autoproduction

Attention, gros calibre, gros dossier, et album à oscar. Encore une fois, 2023 résiste, et refuse de laisser la place à sa cadette, pour continuer de dévoiler des projets d’importance. Alors que l’année a encore été catastrophique en matière de tournées et de rémunération de streaming, les musiciens ont fait preuve d’une audace incroyable, inversement proportionnelle à la rétribution dont ils ont été les maigres bénéficiaires. Et il eut été inconscient de ne pas souligner le passage d’une sacrée comète, qui a frôlé dangereusement la terre il y a de cela quelques mois.

OMNEROD est désormais un nom bien installé sur la scène Death mondiale. Le quatuor de Bruxelles nous a déjà prouvé à deux reprises à quel point son approche était personnelle, et si nous étions sans réelles nouvelles depuis la sortie en 2019 du monstrueux Arteries (tout en précisant qu’un EP a été lâché en 2021), nous savions que le quatuor allait revenir par la grande porte un jour ou l’autre.

Mais ce que nous ignorions, c’est qu’il allait la défoncer comme si elle était en carton.

OMNEROD, ce sont quatre musiciens émérites (Pablo Schwilden - batterie, Romain Jeuniaux - guitare/chant, André Six - basse et Anthony Deneyer - guitare/chant), qui se font un plaisir de revisiter les formules agressives les plus complexes, en tentant d’unir devant l’autel YES, KING CRIMSON, ALLEGAEON, CYNIC et LEPROUS. Et y parvenir.

Un pari fou ?

Pas tant que ça, puisque les belges ont des capacités hors-normes, et pas seulement instrumentales. Leur créativité a de quoi laisser pantois, spécialement lorsqu’on comprend qu’ils sont capables de passer d’une ruade sans pitié à un insert atmosphérique digne de Steven Wilson ou TOOL.   

  

Inutile de le cacher, The Amensal Rise est un colosse qui impressionne de sa stature. Produit maison par Julien Huyssens, André Six et Romain Jeuniaux, mixé par Julien Huyssens et masterisé par Tony Lindgren, il terrifie par l’ampleur de ce son privilégiant les graves, mais laissant aux aigus la possibilité de s’exprimer via quelques séquences plus light. Mais son point fort est bien évidemment son expression, qui sait s’éloigner des préoccupations brutales pour nous entraîner dans un univers fait de mélodies spectrales, d’harmonies évanescentes, et de reprises abruptes.

Et avec pas moins de quatre titres sur sept qui piétinent la dizaine de minutes, les ambitions sont clairement affichées. Mais attention. La durée ne doit pas vous induire en erreur. Les errances, les répétitions, les bouche-trous n’ont pas droit de cité sur ce troisième album qui vise la perfection, et tente le hat-trick avec pas moins de soixante-dix minutes de musique. Ça peut paraître long, exagéré, insistant, et pourtant, le métrage passe comme dans un rêve, et le film auditif passionne de bout en bout. Comme un film de SF pondu par un passionné du genre qui se serait adjoint les services de scientifiques pour rester crédible, The Amensal Rise est le 2001 du Death progressif, entre révélation jazzy, illumination évolutive, et explosion digne d’un OPETH des soirs de gala.

Je n’ai pas été impressionné par ce disque. Non, j’ai été sidéré par sa richesse, sa complexité, et son humanité. Loin des démonstrations fantoches pour techniciens en mal de flatterie d’ego, The Amensal Rise est une peinture pour l’âme qui aborde tous les sentiments possibles, comme en témoignent les deux suites admirables « Satellites » et « Spore ». Tel un champignon bouffant notre système nerveux pour nous rendre perméable aux réalités parallèles, ce diptyque magique met en avant tous les arguments les plus probants du Death progressif, du solo sublime à l’ambiance oppressante, et l’immersion est digne de n’importe quelle réalité augmentée.

Les mots me manquent au moment de vraiment vous expliquer pourquoi OMNEROD a sans doute possible pondu l’un des albums les plus forts de l’année passée. J’en viens même à avoir honte de ne pas l’avoir inclus dans mon top 20 habituel, tant sa force de persuasion ridiculise quatre-vingt-quinze pour cent de la concurrence.  

Pour les amateurs d’images parlantes, imaginez un Devin Townsend projeté dans l’univers de PORCUPINE TREE, et coaché par FLESHGOD APOCALYPSE. Emotions, humeurs, prouesses, pirouettes, mais aussi longues plaintes mélodiques, allusions à la vague RIO lors de passages biscornus, assonances, dissonances, tout le catalogue est passé en revue, et rien que « Spore » et ses douze minutes et trente-deux secondes justifie l’achat de ce disque, qui ne ressemble à aucun autre.

Atypique et intemporel, The Amensal Rise n’est pas un simple disque d’ailleurs. La finesse des arrangements, la pureté des mélodies, la puissance de la logique en font une œuvre définitive, de celles qu’on place sous une vitrine blindée. Sa valeur ne fera que grandir avec le temps, et son audace fera gonfler la fanbase d’OMNEROD de façon exponentielle.

Et si « Magnets » rappelle l’insurpassable City de STRAPPING YOUNG LAD, si l’électronique de « The Amensal Rise » contrebalance admirablement sa sauvagerie analogique et proche d’un Metalcore sophistiqué, c’est l’ensemble qui dégage l’impression la plus durable, comme si ce troisième chapitre ne se dévoilait que par petites touches, avant de révéler son intention globale des mois après sa découverte.

OMNEROD vient de frapper un grand coup dans la fourmilière. Son talent n’a d’égal que sa passion, et The Amensal Rise est un pur chef d’œuvre qui mérite la note maximale, comme tout travail extraordinaire. Difficile de croire que l’on puisse accorder un 100/100 à un disque qui accuse plus de six mois d’existence, mais lorsque la grâce et la violence s’accordent en un ballet magnifique, il ne faut pas hésiter à s’extasier et à remercier les créatifs de leur générosité.   

             

Titres de l’album:

01. Sunday Heat

02. Satellites

03. Spore

04. Magnets

05. The Amensal Rise

06. Towards the Core

07. The Commensal Fall


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par mortne2001 le 02/01/2024 à 16:43
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