La guérilla moderne. Finalement, nous n’en sommes pas si loin que ça. La lutte contre le terrorisme passe par des combats de quartier, pénibles avancées de rue en rue pour prendre les derniers bastions, et les affrontements verbaux électoraux ressemblent aussi à des pugilats primitifs à grands coups de formules assassines et de raccourcis dangereux.
Que nous réserve donc ce monde exsangue, sur son lit de mort pour peu que nous n’ayons pas le réflexe de réagir avant qu’il ne soit trop tard ? Une fin de non-recevoir, un épilogue tragique ? Les deux à la fois, et peut-être un peu d’espoir aussi, pour ceux capables de le voir et de faire bouger les choses avant l’Armageddon terminal. Et si la pochette de ce premier album semble dessiner les contours d’un avenir de feu, régit par des milices de proximité, c’est peut-être parce qu’il a très bien compris et su concrétiser ce qui nous attend de moins enviable.
Sort très justement mérité, comme vous ne manquerez pas de le souligner.
Artwork fameux, pour une musique qui ne l’est pas moins. Artwork de feu, pour une situation critique que les braises attisent afin de la rendre encore moins supportable. Tel est donc le bilan présenté par cette nouvelle horde de punks venus du froid, qui de leur constance et de leur intensité affirment encore un peu plus la suprématie d’un pays sur un style. Le Crust, le D-beat, tout ça nous en vient du froid, de Suède, et il est inutile de tergiverser, nos amis scandinaves sont les meilleurs dans le genre. Discussion terminée avant même d’avoir commencé, faute d’arguments contradictoires à présenter.
Mais présentons quand même, puisqu’il faut bien préciser un peu les choses.
Les ADRESTIA viennent donc de Suède, sans plus de précision locale, et font ou ont fait partie d’autres combos comme SHADES OF GREY, FUTURE RUINS, HÅLL KEFT ou SNAKE TONGUE, ce qui pour les initiés underground signifiera sans doute beaucoup. Ils jouent donc un crossover de Crust assassin, de D-beat malsain, le tout assimilé d’une ambiance délétère découlant de l’empire Death national des années 90, rendant le mélange encore plus détonnant et dangereux. Et pas de doute, ces quatre-là (Samuel – batterie, Martin – guitare/chant, Niklas – guitare et Mattias – basse) le sont sans conteste et dans le contexte, et leur The Art of Modern Warfare est un modèle du genre, pourtant déjà surchargé de sorties de qualité.
Alors, quel est donc l’élément qui fait de ce nouveau-né un bambin à craindre et à respecter ? Justement, le fait qu’il suit les enseignements avec dévotion, tout en y apportant sa touche. Et en parlant de toucher, il pourrait bien du bout de ses petits doigts boudinés titiller la corde sensible des fans de MARTYRDÖD, SKITSYSTEM ou WOLFBRIGADE, puisque sa gestuelle très habile en a les instincts les plus primitifs et la colère aussi intense dans le rendu. Grosses guitares graves, chant hurlé sans ménagement programmé, rythmique polyvalente, qui joue l’alternance et la diversité, et intelligence de composition qui permet d’encaisser le gros pavé tout en comptant les morceaux éparpillés.
Si tout commence et se termine de façon formelle, l’entre-deux n’est pas dénué de surprises, à l’image de ce piano décharné et spectral qui introduit « Bols Niama Bolu », massacre Death Crust en règle, sans aucune pitié.
Et si la plupart des interventions privilégient une brièveté fort à-propos, certaines jouent avec la montre pour brillamment opposer la vélocité d’un D-beat vraiment enfumé à la lourdeur oppressante d’un Death à l’emphase tonitruante (« The Sun Of Rojava », si bien amalgamé qu’on ne sait plus à quel Dieu païen se vouer, d’ENTOMBED ou de MARTYRDÖD).
En gros, le meilleur des trois mondes pour une synthèse des courants les plus symptomatiques d’une Suède qui n’en finit plus de jouer les oracles de Delphes de l’extrême.
Et si la première partie de l’album se concentre sur des morceaux assez développés et variés, la seconde se focalise sur l’urgence et la spontanéité de saillies instantanées, osant la poussée de violence acharnée (« Out Of Sight, Out of Mind », d’une cruauté de vitesse difficile à assumer, « Strings of Life » qui pousse encore plus le bouchon, évoquant même l’ombre d’un NAPALM DEATH de fin de carrière dans sa juxtaposition d’un riff gravissime et d’une rythmique assassine).
La référence avec les pères fondateurs de Birmingham est même plus que patente, puisque les ADRESTIA osent le clin d’œil « Scum » en fin de parcours, sans pour autant tomber dans le Grind sourd, mais en excitant leur D-beat d’un Death vraiment caverneux aux pourtours.
Mais pour mieux brouiller les pistes et se faire passer pour des soldats à la tactique affinée, les suédois n’hésitent pas sur leur épilogue « Häxjakt » à laisser parler une guitare acoustique en accalmie trompe l’œil, comme un faux silence menaçant annonçant l’assaut à venir, qui ne fera aucun survivant.
Et en une ultime charge massive, ils valident leur bagage multiple, traitant le Crust avec la légèreté virevoltante du D-beat local, tout en plombant l’attaque d’accents Death grondants.
Techniquement, les musiciens/miliciens connaissent leur boulot, et se montrent d’habiles combattants, acquis à la cause tout en assumant leur potentiel propre, et la production énorme qui leur est offerte donne des airs d’Apocalypse Now à ce premier album aux qualités évidentes.
Certes, beaucoup, et à commencer par les die-hard, vous diront que The Art of Modern Warfare respecte les codes de guerre des créneaux qu’il occupe, mais il possède ce je-ne-sais-quoi de plus qui le rend à part dans la production actuelle, un peu trop prévisible.
Il est en fait à l’image de sa pochette, sobre mais sublime, et au message implicite et explicite. Un feu couvant au lointain qui se rapproche, aux flammes et à la fumée aveuglantes et asphyxiantes, qui ne laisse que peu d’espoir de s’en tirer à moindre mal.
Et plus concrètement, un exercice de style d’ouverture Crust/D-beat massif et largement convaincant. Et s’il se veut annonciateur d’un avenir plus ou moins proche, le pire est donc à craindre. Mais aussi le meilleur.
Titres de l'album:
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