Une pièce, quelque part en Allemagne. Une table, un peu poussiéreuse, et dessus, une planche Ouija, posée au milieu de bougies fatiguées et de symboles ésotériques dessinés à la hâte. Assis sur une chaise, un homme, costaud, aux cheveux longs, que l’on ne voit que de dos. L’homme sirote une bière, se passe la main sur le crâne, et commence à parler.

« Esprits, si quelqu’un est là, qu’il daigne me répondre. L’ennui me ronge et je ne sais pas quoi faire. Quelqu’un ?

Silence de mort. Evidemment.

« Allez, ne faites pas les enfoirés, dites quelque chose, j’ai besoin de parler. Dites n’importe quoi, mais parlez. »

Soudain, un râle à peine audible dans le lointain, comme émanant du vieux lustre décati qui pend du plafond comme une épée de RHAPSODY.

« C’est qui ? Répondez-moi bordel ou je revends mes cartouchières et je me mets au Trap !!! »

Le râle se fait plus distinct. Il semble avancer dans l’air de la pièce comme une présence menaçante et rassurante à la fois. Quand soudain…

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! »

L’homme aux cheveux long trésaille, et laisse couler un mince filet de bière sur son pantalon de spandex.

« Qui tu es toi ? Parle bordel !!!

« Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhhh !!! Equimanthoooooooooooooooooooooooorn !!!! »

« Quorthon ???? C’est bien toi ? »

« AAAAaaaaaaaaaaaaaahhhhhh !!! Oui. Que veux-tu Schmier ? J’étais bien tranquille assis sur une pierre avec Euronymous à l’insulter comme d’habitude pour avoir fait n’importe quoi avec ma musique et tu m’as dérangé. J’espère que c’est plus important qu’un énième conseil pour un best-of foireux ou un remixage d’un de tes classiques !!! »

« Non, rien à voir avec ça. Je m’ennuie. Ma musique m’ennuie, mes albums m’ennuient, ils sont tous pareils. J’ai envie de m’amuser, comme avant. Comme au début quand on n’en avait rien à foutre de choquer les bourgeois en jouant une musique satanique et vilaine. Je perds ma joie de vivre bordel, aide-moi !!! J’en ai même marre des clous et de « Mad Butcher » !!! »

« Tu vas mal mon ami. Très mal. Mais ne perds pas la foi, j’ai peut-être une idée sordide pour toi. »

« Dis-moi, je ferai n’importe quoi pour retrouver mon allant et remettre mes douilles sur mes… »

« Oui, on a compris. Je te donne une astuce. Trouve-toi deux musiciens vilains, aux pseudos ridicules. Mais ne les chope pas en Allemagne, il n’y a que des bouffons là-bas. Va en Suède, et dégote toi deux affreux qui n’ont pas peur de nous pomper les burnes. Et une fois que tu les auras trouvés, convainc-les que faire un album en nous pillant tous les deux est la meilleure idée pour lancer leur carrière. De toute façon, avec un pack de bière et un dossard The Return, ça devrait faire l’affaire. » 

« Tu crois que ça peut marcher ? »

« C’est certain, ces mecs-là feraient n’importe quoi pour une caution old-school venue de l’au-delà. Allez, fous-moi la paix maintenant, je dois souffler aux oreilles de Tom Warrior qu’il n’est qu’un sale poseur ».

Fort marri de devoir entreprendre un voyage aussi long, Schmier se met quand même en route d’avion, et atterrit en Suède. De là, il questionne l’underground, et tous les avis glissés à son oreille défectueuse convergent vers deux hommes. Duca the Impaler (batterie/basse/chant) et Ityphallic Flaggelator (guitare/chant). Schmier finit par les rencontrer, leur demande s’ils ont quelque chose à lui faire écouter, et les deux abrutis dégainent une vilaine démo mal enregistrée au titre élégant d’urine (Ravenous Storm of Piss). Sous sa houlette et ses conseils, les deux clampins enregistrent un premier album au titre pompeux (Unholy Nordic Noise), prennent un peu de temps pour améliorer leur recette, et sortent enfin le pamphlet définitif unissant DESTRUCTION à BATHORY, The Atonality of Flesh. Tout y est, les riffs qui tournoient, le beat qui jamais ne décroit, et l’aube qui ne poudroie pas. Un Blackened Speed de derrière les fagots d’une ferme abandonnée, méchant comme une teigne, mais compétitif comme une union des deux légendes. Satisfait de sa mission, Schmier rentre en Allemagne avec le sentiment rassurant du travail bien fait.

Nous le retrouvons dans cette fameuse pièce, assis sur cette vieille chaise, en train d’écrire quelque chose sur un bout de papier. Puis il quitte la pièce, et referme la porte à jamais.

Un soir d’hiver, l’esprit de Quorthon revient et tombe sur ce petit billet d’humeur au sol. Son âme parvient à le retourner pour le lire. Et là, il éclate d’un rire d’outre-tombe dont il était si coutumier.

Sur le papier était écrit : « J’ai réussi. Tu avais raison. Mais qu’est-ce que leurs pseudos sont cons ».        

Titres de l’album:

01. Intro

02. Dogs Of The Crumbled Firmament

03. The Sweetness Of The Wound

04. Come Nature, Come Cruelty, Come Death

05. Nightgaunts

06. Raid The Heavens

07. Saturn Devours

08. Architecture Of The Flame

09. Me, You And The Juices Of Death

10. Thru With You

11. Rise Epimetheus

12. Piss, Bile And Violence

13. Outro