Lorsque les WHEELFALL ont sorti Glasrew Point il y a deux ans, j’avais compris que leur direction avait bifurqué suite à un cauchemar commun sans doute. Oubliés les débuts hésitants et plus ou moins conventionnels, le quintette se lançait à corps perdu dans une violence instrumentale conceptuelle, qui visait sans doute à retranscrire leur propre vision d’un monde voué à la destruction. Des valeurs bien sûrs, mais des hommes aussi, dont ils faisaient pourtant partie. Tellement séduit par cette optique unique et personnelle, je les avais asticotés de questions pour tenter d’avoir quelques réponses à mes interrogations, mais las…Peine perdue, les musiciens restaient aussi mystérieux que leurs personnages musicaux, véritables alter-egos maléfiques d’une incarnation artistique qui ne tolérait aucun juste milieu. La violence, la malséance, mais aussi un certain réalisme qui me poussait à les ranger dans la catégorie des futurs leaders avaient transformé ce petit groupe sorti de nulle part en incarnation diabolique, adepte d’un Post Indus varié mais toujours aussi sombre, et c’est avec une certaine appréhension que j’attendais la suite de leurs aventures, ne sachant pas vraiment à quoi m’attendre après une telle épiphanie versatile.
La réponse à mes attentes aura donc pris deux années à se voir couchée sur bande, qui sortira le mois prochain sur Apathia Records, qui a dû flairer le coup fourré, et qui a accordé sa confiance de manière presque aveugle. A raison ?
En partie.
Car si j’ai retrouvé sur The Atrocity Reports des éléments qui m’avaient envouté à l’époque, j’y ai aussi découvert un groupe plus compact, moins téméraire, et une musique qui s’est finalement concentrée sur quelques points précis, en oubliant au passage de partir dans plusieurs directions.
Ne le nions pas, quelque part, The Atrocity Reports est le succès d’un pari qui laisse quand même sur sa faim. Si la production prend à la gorge, et que l’instrumentation ne souffre d’aucune comparaison, si les guitares sonnent plus lourdes et graves que jamais, et que le chant de Fabien Wayne Furter est rauque comme les prophéties d’un oracle d’infortune, l’ensemble dégage un statisme assez contraignant, qui certes assure une cohésion indiscutable, mais qui justement nous fait regretter le sens de l’imprévisible de Glasrew Point qui nous emmenait dans toutes les directions possibles, même celles que nous ne souhaitions pas forcément emprunter. La maturité est passée par là et à nivelé les débats par le haut qualitativement parlant, gommant justement les quelques aspérités qui rendaient ce second album si parfait dans son imperfection. On a même parfois le sentiment d’écouter une version maléfique de MESHUGGAH, trempé dans l’opprobre publique d’un FETISH 69 à la vilénie encore plus épidermique que par le passé, même si quelques segments nous permettent de nous éloigner de ce schéma pour ne pas condamner trop vite un album qui demande certainement une maturation d’écoute sur plusieurs mois. On s’en rend compte en tendant l’oreille sur « Black Bile » qui ose enfin utiliser le silence pour ce qu’il est, un moyen d’expression comme un autre, qui donne aux instruments et à la voix la portée qu’ils méritent enfin, et dont ils ont besoin. Mais avant d’en arriver à ce morceau, il aura fallu subir un assaut sonique ininterrompu, mais pas forcément percutant, ou marquant. Les riffs s’enchaînent dans une logique de lourdeur et d’oppression indéniable, mais manquent de nous entraîner dans leur monde de folie et de ténèbres. Et ça, c’est rarement bon signe…
D’ailleurs, la fin de l’album relève le niveau d’une ventilation qu’on attendait comme bouffée d’oxygène vicié depuis le début, et les structures se révèlent moins prévisibles, et moins axées sur une succession de plans chocs destinés à valider le nouveau statut de superpuissance que les WHEELFALL semblent revendiquer. Le tempo se régularise, les mélodies étouffées dans l’œuf deviennent plus acides, plus vicieuses, alors que le chant module enfin ses harangues pour ne pas stagner dans un domaine sec de véhémence qui finalement, n’impressionne pas plus qu’elle n’étonne. La patte Indus et Post Indus donnée à l’album souffre d’un manque de modulation, alors qu’on sait le quintette friand de changements de cap pour mieux perdre son public dans un univers parallèle où la logique n’a pas forcément cours. Et ici justement, la logique règne en maîtresse femme, ce qui rend les choses contradictoires. Comment bousculer son public alors même que celui-ci n’est jamais déstabilisé par des évolutions progressives, qui ne cherchent que la provocation dans le volume, et l’intensité, mais pas dans la diversité ? J’ignore évidemment si votre ressenti sera mien, mais cette basse énorme qui au départ nous assomme de ses cordes lourdes et strangulatoires, cette distorsion qui nous décolle les tympans dans un souffle de braise, et ces lignes vocales exhortées dès « The Way To Every Crime Is Ours », deviennent trop systématiques sur la moitié du métrage, un peu comme une astuce de mise en scène qui finit par devenir un gimmick, et dessert la narration. Pourtant, tout démarrait bien sous les auspices d’un Post Hardcore vraiment maladif et psychotique, concentré sur une durée très raisonnable qui en renforçait l’impact. Et puis, le reste déroule, jusqu’à ce fameux « Black Bile », sans vraiment nous coller au plafond…
Je le dis, tout dépendra de votre état d’esprit du moment, mais j’avoue être tombé du piédestal sur lequel Glasrew Point avait placé mes espoirs. Ici, on est assourdi, mais pas abasourdi. Les recettes sont d’usage, et concentrent l’énergie d’un Post Hardcore au sein de répétitions Post Indus, qui plus qu’hypnotiques et envoutantes semblent redondantes, et parfois, superflues. Certes, j’en conviens, le final « Lost Cause » est vraiment impressionnant de densité, et offre enfin une dualité fausse douceur/vraie cruauté qui se montre intéressante, mais l’effort intervient tardivement, et sans doute trop pour sauver ce qui l’a précédé…Au demeurant, ne me faites pas dire ce que je n’ai pas écrit. The Atrocity Reports est un foutu bon disque, qui relègue une grosse partie de la concurrence loin derrière-lui. Mais après avoir touché le chef d’œuvre du doigt, les WHEELFALL ont pour moi fait machine arrière et opté pour une violence palpable en lieu et place d’une violence rampante et d’une atmosphère déliquescente. On subit leur exutoire musical, sans vraiment s’y sentir impliqué, encore moins invité. Et c’est terriblement dommage.
J’attends vos réactions, car après tout, une chronique n’est qu’un ressenti à un instant T, malgré une volonté d’objectivité qui rend ces lignes valables. Et encore une fois, mon acrimonie somme toute modérée se base sur un potentiel énorme que j’avais entrevu il y a deux ans, mais que ce troisième album selon moi, ne confirme pas, sans l’infirmer pour autant.
Mais tout le monde peut se tromper. A savoir qui. Et pour combien de temps…
Titres de l'album:
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