Aventurons-nous en territoire lusophone pour prendre une bonne leçon de Thrash progressif et technique. L’optique étant suffisamment rare pour qu’on s’y intéresse, il est appréciable de savoir que certains groupes tentent de s’extirper du bourbier old-school pour aller de l’avant, et oser apporter au style une autre approche, moins formelle, et surtout, plus risquée. Et les originaires de Vila Nova de Gaia sont assez culottés pour croire que leur philosophie ambitieuse est à même de traduire l’ancien vocable dans une nouvelle syntaxe, ce qui est partiellement le cas. S’il est indéniable que les musiciens de WRATH SINS sont des gens tout à fait capables, leur musique n’échappe toutefois pas à quelques systématismes bridant leurs compositions, et leur donnant un trait assez similaire. Mais sans faire la fine bouche, et en reconnaissant que leur approche est beaucoup plus enrichissante que toute cette vague confondant nostalgie et passéisme, il y a de quoi s’enthousiasmer à l’écoute de leur second longue durée, ce The Awakening qui risque en effet de vous éveiller à la scène portugaise. Fondé en 2012, le quatuor (Mike Silva - chant/guitare, Rui Coutinho - guitare, Ricardo Nora - basse/chœurs et Diego Mascarenhas - batterie) a répété son grand soir avant de s’attaquer à sa production discographique, sanctionnée en 2015 d’un initial Contempt Over The Stormfall publié par le label national Raising Legends Records. Cet album fut en son temps salué comme pierre angulaire des sorties de l’année, et il est certain qu’il méritait sa réputation. Confrontant le radicalisme des légendes (METALLICA, EXODUS, TESTAMENT) au louvoiement technique des plus éclectiques (DREAM THEATER, FATES WARNING, TOXIK), tout en actualisant sa violence au contact des références les plus actuelles (ALTER BRIDGE, SYLOSIS, TRIVIUM), les WRATH SINS avaient défini les contours d’un Thrash sinon progressif, du moins évolutif, qui leur permettait toutes les audaces, sans pour autant trahir la cause ou manquer de classe.
Et en ce début 2018, les portugais nous en sont donc revenus toujours sous la même bannière pour nous proposer la suite de leurs aventures, sous la forme des dix morceaux de cet implacable The Awakening, qui pousse encore plus loin le sens de l’expérimentation du premier effort. Augmentant la dose mélodique pour mettre l’emphase sur les parties physiques, le quatuor sonne aujourd’hui comme un croisement habile de l’esprit frondeur et rageur des BELIEVER de Gabriel, et de la puissance modulée du TRIVIUM contemporain, et dispose d’arguments très fondés leur permettant de franchir une nouvelle étape vers la perfection de leur propre champ d’action. On se laisse volontiers embarquer dans ces pérégrinations à cheval entre astuces instrumentales et accélérations fatales, d’autant plus que la production de l’objet en question, quoi que légèrement trop compressée nous permet de saisir toutes les finesses de jeu. Celles-ci s’articulent volontiers autour de soli ciselés, mais aussi de breaks peaufinés, ne nuisant pas à la puissance de l’ensemble, qui décoiffe tout autant que n’importe quel baroud d’honneur de SLAYER. Complexe tout en étant lapidaire, aussi sophistiqué que brutal, ce second longue durée fait montre de qualités qu’il convient de souligner, et prête à réfléchir tout autant qu’à headbanguer. Véritable feu d’artifices permanent de créativité et de véhémence, The Awakening ne troque pas l’inventivité contre la séduction, et pose des jalons, entre les deux tendances, pour se montrer aussi intrigant qu’efficace.
Il suffit pour accepter ce postulat de disséquer l’énorme instrumental « Strepidant Mist », qui sous des auspices purement techniques nous entraine dans une folie mêlant les instincts les plus emphatiques du DEATH des années 90 aux harmonies prononcées d’un TESTAMENT en pleine crise d’identité. Doté d’un pattern rythmique parfois hallucinant de dextérité, ce morceau est la preuve à lui seul que les portugais sont des monstres en la matière, et qu’ils aiment tout autant le Thrash que la précision mélodique et technique. Mais loin d’être le seul à pouvoir revendiquer le titre de porte-parole d’un album qui sait fouiller pour mieux trouver, ce morceau se veut plutôt apogée que pointage synthétique, et permet d’entrevoir toutes les capacités d’un ensemble dont les qualités personnelles sont aussi impressionnantes que la cohésion d’ensemble. L’osmose entre les musiciens est évidemment frappée au coin du bon sens, et dès « Unquiet Hearts » le ton est donné, agressif, véhément, mélodique et dément, pour une ruade dans les brancards qui laisse sur le flanc. Guitares aux saccades millimétrées, rythmique qui accumule les plans pour mieux avancer, le bilan est lourd, mais le ressenti léger. Avec un chant partagé entre invectives criardes et introspection colérique, et des riffs accusant le coup des années tout en se tournant vers l’avenir, l’estocade est ferme, et on reste admiratif face à un tel potentiel de déconstruction de la tradition. « Shadow’s Kingdom » assène le même message avec la même fermeté, mais introduit des harmonies acides sans pour autant atténuer l’efficacité. Entre Thrash classique et modernisme assumé, cette musique ne cède pas un pouce de terrain, et semble projeter ses frustrations dans un univers parallèle, où le Thrash a enfin le droit de trouver un équilibre entre démonstration et concision.
On pense parfois à une version très affolée d’un ALTER BRIDGE décidé à en découdre, ou à une union entre les BELIEVER et SYLOSIS, avec quelques allusions à un PERIPHERY fort marri de se voir reléguer en seconde division, mais un morceau comme « Collision » prouve que les WRATH SINS n’ont cure des comparaisons, grâce à une intro habile et un mid-tempo étourdissant. Provocant MEGADETH pour mieux stimuler les WASTEFALL, les lusophones avancent et frappent sans relâche, maniant l’art de l’accélération foudroyante avec une dextérité incroyable, avant de nous écraser d’un passage mélodique typiquement 90’s et légèrement alternatif. On trouve donc de tout dans les coffres de The Awakening, mais surtout, des arguments solides et pertinents, qui permettent au Thrash de se fondre dans le décor sans renier ses concepts. Et si comme je le disais, certains titres jouent l’ambivalence dangereuse de la ressemblance, ils proposent toujours une idée sinon inédite, mais toujours revitalisante qui leur évite de percuter l’écueil de la redite. Mais entre des charges classiques au staccato diabolique (« Fear Of The Unseen » version Techno-Thrash d’un AT THE GATES perdu dans les années 80), et un final homérique (« Silence From Above »), le bilan est sans conteste positif, et nous permet d’admirer les contours nouveaux d’un style ancien se dessiner. Pas surprenant dès lors que la presse spécialisée se soit emballée suite à la sortie de ce deuxième longue-durée qui confirme l’excellente réputation des WRATH SINS, dont le talent n’a d’égal que la puissance, et dont le culot force l’admiration. On imagine sans peine les dégâts occasionnés live par une déflagration pareille, mais même en version studio, ces dix nouveaux hymnes à l’intelligence brutale sont d’un impact assourdissant.
Titres de l'album:
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