C’était un peu étrange de jouer sans public, mais c’était génial de réapprendre certaines des chansons les plus obscures, de monter sur scène avec les gars et de libérer toute cette agressivité refoulée. Tous ceux qui ont assisté au concert ont suggéré qu’il soit publié sous forme d’album. Eh bien… Grâce à eux, le voici. J’espère que vous l’apprécierez.
Cette déclaration de Mark Osegueda est symptomatique d’une époque très spéciale, et unique dans les annales de la musique. Elle décrit les contours de ce qu’on a connu il y a peu comme le concept de concert en streaming, face à un public virtuel, physiquement absent des salles. Ainsi, les groupes ont du se renouveler pour continuer à garder leur art vivant, inventant le principe de « huis-clos live », pas inintéressant en soi, mais dépassant parfois les bornes en affichant le prix d’un ticket d’entrée digital à plus de quinze euros…Certains étaient évidemment gratuits, mais peu, et pour justifier d’un tel prix, il fallait bien sur proposer autre chose qu’une performance classique basée sur un répertoire connu par cœur par les fans. Alors, certains y sont allés de leur hommage intégral a l’un de leurs albums cultes (VOÏVOD pour exemple), d’autres se sont contenté de varier leur set-list de quelques incongruités, ou osé des reprises, mais les américains de DEATH ANGEL ont eu une sacrée bonne idée. Ne jouer que des morceaux n’ayant pas connu une grande carrière live, ou ayant été complètement absents des concerts depuis leur sortie en album.
Choisir et séquencer les chansons pour la setlist de The Bastard Tracks a été une expérience assez différente. Toutes ces chansons avaient rarement (et dans certains cas jamais) été jouées en concert. En réapprenant la plupart de ces chansons et en les réadaptant au besoin, nous avons rassemblé toute notre énergie et nous l’avons fait. Je suis reconnaissant d’avoir eu cet objectif sur lequel me concentrer pendant ces jours de crise (encore) fous
Là, c’est Rob Cavestany qui s’exprime, et on sent dans ses mots la frustration de faire du surplace alors que l’envie était bien là, bridée par des restrictions sanitaires. Et en piochant dans son répertoire le plus obscur, le groupe s’est fait plaisir en nous faisant plaisir, les morceaux les plus rares d’une discographie n’étant pas toujours les moins intéressants. Et dans le cas des DEATH ANGEL, ils sont même indispensables pour la compréhension d’un parcours étant passé par des chemins de traverse assez sinueux. On le sait, après sa tonitruante entame purement Bay-Area, le groupe a choisi la déviance, les rythmiques louches, les riffs psychédéliques ou redondants, et des albums comme Act III ou Frolic Through the Park en témoignent encore des années après. Depuis que le quintet est revenu sur le devant de la scène Metal, ses racines les plus profondes sont donc remontées à la surface, et je n’ai pas boudé mon plaisir de retrouver quelques titres abandonnés sur le bord de la scène.
Enregistré au Great American Music Hall de San Francisco, le fief de nos thrasheurs le 22 mai 2021, avant d’être retransmis sur les ondes numériques peu après, The Bastard Tracks est un plaisir tout sauf mineur impeccablement illustré par sa magnifique pochette. Il évoque ce temps du tape-trading, des échanges de cassettes pour connaître des groupes au rayonnement confidentiel, voire ces envoi de bootlegs si typiques qui nous autorisaient à découvrir un groupe que nous adorions dans des conditions live avant de pouvoir le voir de nos propres yeux. Et j’aurais payé cher pour assister à ce concert des DEATH ANGEL, qui en effet, déborde d’énergie, et de malice, malgré l’absence totale de public qui condamne les transitions à résonner dans le vide du silence. Accompagné de cris, de hurlements, d’applaudissements, ce live pourrait être l’achèvement live le plus probant des américains, bien plus que Fall From Grace ou The Bay Calls for Blood.
Evidemment, ne le cachons pas, l’absence d’un « Thrashers », d’un « Bored » ou d’un « Hatred United / United Hate » ne peut conférer à cet album une vraie aura d’album en concert, mais dans les faits, et selon le principe de départ, il constitue une excellente surprise pour les fans de l’ANGEL, qui découvriront certains morceaux interprétés avec les tripes, dont certains pour la première fois de l’existence du groupe.
La production, évidemment sous contrôle total est très propre, et ne correspond pas à l’idée qu’on se fait d’un album en public, mais The Bastard Tracks ayant justement été enregistré sans public, ses conditions ne sont pas sujettes aux griefs quelconques. De fait, on a le sentiment d’écouter un album d‘inédits d’un des groupes les plus indispensables de sa génération, bien que la base hardcore sache très bien de quels albums studio ces morceaux proviennent. Mais justement, les autres, qui se sont intéressés à DEATH ANGEL de loin, sans vraiment approfondir sa discographie pourront en découvrir un pan resté dans l’ombre, ce qui peut constituer un point d’entrée intéressant.
Le lourd et suintant de rage « Absence Of Light », le groovy et complexe « Fallen », le hit improbable « The Organization » qui annonçait déjà la mutation du groupe dans les années 90, l’ambitieux et presque EXODUS « Let The Pieces Fall », au riff irrésistible et à la rythmique smooth, le très mal nommé « Volcanic » et son acoustique délicate qui trouve ici un écrin digne de sa beauté, la tornade « Guilty Of Innocence », nous ramenant aux plus grandes heures des débuts du groupe et cette ultraviolence imposée avec fermeté, tout contribue à faire de ce faux-vraie-live une nouvelle étape pour le quintet, et même plus : l’exutoire parfait à cette frustration rongeant les musiciens comme un cancer de l’âme.
Véritable surprise (sauf pour ceux ayant assisté à la performance sur leur écran), The Bastard Tracks méritait en effet d’être gravé pour la postérité, sa richesse et son caractère ancré dans une réalité horrible mais vécue en faisant l’un des témoignages les plus importants de son époque. Mais aussi une réussite musicale indéniable. Une façon de redécouvrir DEATH ANGEL par l’autre bout de la lorgnette, le plus petit, le plus grand cachant dans un angle mort des trésors d’inventivité enfouis dans une discographie trop riche sans doute.
Titres de l’album:
01. Lord Of Hate
02. Where They Lay
03. Why You Do This
04. Fallen
05. Absence Of Light
06. The Organization
07. Execution - Don't Save Me
08. Succubus
09. It Can't Be This
10. Let The Pieces Fall
11. Faded Remains
12. Volcanic
13. Falling Off The Edge Of The World
14. Guilty Of Innocence
15. Alive And Screaming
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