Un petit quickie pour revenir sur un EP paru en 2022 et qui mérite un minimum d’attention, même largement à posteriori. En mai dernier, les montpelliérains de GATE OF MIND nous ont gratifiés de quatre titres assez salés, réunis sous la bannière EP The Beast Inside. Et si la bête est déjà l’intérieur d’eux, nous ferions mieux de nous méfier de sa première intervention en longue-durée.

Mais nous n’en sommes pas encore là, et eux non plus. Ces cinq énervés (Benoît "Be" Salaville - basse, Tony Péan & Guillaume "Klint" Duran - guitares, Thibaud - chant et Sylvain Lacroix - batterie) au line-up quasiment inchangé avaient déjà exposé les bases de leur philosophie via Uprooted, premier EP succédant à une démo initiale. Un parcours stable, qui prend son temps, mais qui gagne en volume avec les années.

Thrash, Groove, Metalcore et tout ce que vous voudrez y trouver, The Beast Inside est une sale affaire de possession démoniaque, avec pour seul crédo d’exploser les tympans de tous ceux qui croisent le regard musical de ces cinq brutes épaisses, au cahier des charges varié. Avec une poignée de gros riffs classiques, un chanteur/hurleur à mi-chemin entre le Hardcore et le Groove Metal, et une section rythmique solide comme le roc, GATE OF MIND ouvre les portes de la perception, joue traditionnel pour mieux s’ancrer dans son époque, et peaufine une attaque massive, renforcée d’une énorme basse grave claquante et brillante.

Non que le tout soit inédit ni même surprenant, mais cet EP est d’une efficacité flagrante et indéniable. On se croirait revenu au temps béni durant lequel Phil Anselmo se prenait pour le porte-parole de sa génération, et le parfum très PANTERA d’un « Awakening » nous enivre jusqu’à retrouver les effluves d’un The Great Southern Trendkill, plus coulé et plus souple, mais tout aussi rageur.

Impeccablement produit, The Beast Inside a bénéficié des bons soins des South Hill Studio et Tower Studio, et nous éclate à la gueule comme une grenade lancée durant une manifestation altermondialiste. On s’en prend donc plein la tronche, mais on aime être rossé de la sorte, spécialement lorsque les syncopes tranchent dans le vif alors que la grosse caisse se prend pour un exercice jumpy sur trampoline de l’enfer (« Face It », pas le choix).

Sans digresser pendant des heures pour tomber dans les répétitions maladroites, j’affirme que ce second jet des montpelliérains est un bourre-pif de première qualité, qui nous fait regretter sa brièveté. Mais peut-être est-ce cette même brièveté qui le rend si punchy, entre NO ONE, DAGOBA et quelques autres références qui sont plus ou moins évidentes à repérer.

C’est en tout cas un disque de son temps. Un disque concentré qui ne propose que le meilleur, et qui s’achève même sur la déclaration d‘intention la plus rude de l’année 2022. Entre mélodies appuyées et fureur contrôlée, « Insane » nous laisse sur un sentiment d’agression des sens permanente, et permet à The Beast Inside de laisser la bête qui est en lui s'exprimer sans censure.  

Du lourd, du puissant, des muscles saillants, GATE OF MIND est une sacrée bestiole qu’on ne souhaite pas croiser un soir dans les rues de Montpellier, sous peine d’en découdre en toute inégalité. Avec une attitude frondeuse et des arguments probants, le quintet laisse augurer d’une belle carrière, qui ne demande qu’à décoller. A vous de faire un bon accueil à cet EP, pour que les musiciens se sentent enfin obligés d’enregistrer plus conséquent.         

Car quarante-cinq minutes ou plus d’une telle bagarre laissera des traces indélébiles dans la mémoire, et des bleus sur le corps.

Titres de l’album :

01. Buried

02. Awakening

03. Face It

04. Insane

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