Quand on veut on peut. Cela pourrait être la morale de ce premier album, pas vraiment sorti de nulle part, mais qui aura de quoi surprendre les amateurs de sensations (très) fortes. Oui, quand on veut, on peut. Comme dans « quand on veut tout voir en noir, on peut tout voir sale et dégueulant de désespoir ». Ou comme dans « quand on veut jouer un bordel infect et écrasant, on peut jouer un barouf craspec et déprimant ».
C’est en tout cas ce qui semble être le leitmotiv de ces originaires du Michigan qui n’ont pas dû voir le soleil se lever depuis très longtemps.
Et qui font tout d’ailleurs pour qu’il reste couché…
Le mélange des genres en matière d’extrême du radical est en vogue depuis quelques années. Les croisements sont de plus en plus primaux, Blackened Crust, Blackened Core, Grind Black, et je m’arrête là pour ne pas me noyer dans les amalgames qui sont toujours mauvais. Mais de temps à autres, une bordée de musiciens trouve cela encore trop timoré et mainstream à leur goût, et en rajoutent une couche.
Et celle étalée devant nos oreilles médusées par les SUNLIGHT'S BANE est vraiment dégoulinante d’excréments et autres sécrétions corporelles peu ragoutantes.
Tu m’étonnes que le soleil préfère rester au pieu. Moi aussi j’y retournerai bien.
L’histoire de ce quintette remonte à l’époque où il répondait encore au nom de TRAITOR, pseudonyme ne lui convenant pas du tout, au jugé de la franchise morbide qui anime leurs pulsions. Autre indice, les mecs viennent du Michigan et croyez-moi sur parole, les originaires du coin ne sont pas les plus fins, loin de là. Ceci étant dit, la plupart du temps, ils savent quand même faire preuve d’un peu de retenue, même dans leurs moments de véhémence les plus crus.
Mais les SUNLIGHT'S BANE sont décidément une exception à toutes les règles. Eux se foutent de toute convenance et vont plus loin, plus vilain, plus malsain que n’importe lequel de leurs contemporains. Et ils annoncent la non couleur dès le titre de leur premier album, The Blackest Volume - Like All The Earth Was Buried. Après eux, le déluge, la catastrophe, la surdité, la déprime, la grande dépression. Tiens, pour vous dire, il n’est que neuf heures et le quart, il fait beau, et j’ai envie de me pendre après avoir foutu le feu à tout le quartier. Ça vous pose des jalons avant d’aller plus loin.
Enregistré par Andy Nelson (WEEKEND NACHOS, COKEGOAT) et mixé par l’incontournable et omniprésent Brad Boatright aux studios Audiosiege (des FROM ASHES RISE, bosseur acharné pour NAILS, FULL OF HELL, SLEEP et autres rafraichissements connus), ce premier album de pas si inconnus que ça est un manifeste nihiliste à usage des particuliers que la vie rebute, et que le moindre sourire rend plombés et dévastés. Un genre de « Le pessimisme et la brutalité musicale pour les nuls », qu’on lit d’un œil attentif puisqu’aucune autre option ne se présente à nous. Les mecs ont bossé leur script, et le restituent avec une violence sourde, lourde et résignée, qui nous entraîne dans une spirale descendante de désillusions, et de douleur intense, l’âme en bandoulière et les espoirs remisés dans les tréfonds de l’histoire.
Et pourtant ils nous avaient prévenus les salauds. Le volume le plus sombre. Comme si la terre entière était inhumée.
Avec ça, pas de doute possible.
Et en plus, la mise en bière est remarquable, élaborée, comme une dernière fête avant de tirer le dernier rideau. Bam. Dans la gueule. T’es mort.
Et comme une surprise partie du jugement dernier n’en est pas une sans une surprise bien partie, tout commence en faux semblants, avec une espèce de machin Crust Black lapidaire et laminé, ce « Praise The Venom Shield » qui en deux minutes crustise le Black et blackise le Crust. Et comme les tarés grindent le tout, on se dit que tout va aller très vite et qu’on en aura bientôt fini avec le calvaire. Sauf que pas de bol, le supplice ne va pas être aussi complice dans la brièveté et va faire durer le malaise sur presque une heure de lucidité qui perce le cœur.
Oui, on ne s’en tire pas comme ça, c’est un Armageddon, et il va s’étirer. Pour de bon. Et de mal. Alors inutile de penser à NAILS, à CONVERGE, à TRAP THEM et autres je-ne-sais-qui, les SUNLIGHT'S BANE sont décidément uniques et étendent bien le démontrer.
Si « Begrudging Soul » garde peu ou prou le même cap dans la tourmente, il commence à imposer de lourdes dissonances et des frappes de basse massives qui vous font tressaillir dans votre pauvre froc. Des blasts qui ne sont ni Grind ni Black mais les deux en même temps vous assurent un électrocardiogramme bien pulsé, et le chant, qui évidemment se partage entre grognements sourds et cris de belette enragée, vous invective sans vous lâcher histoire de bien faire passer le message.
Alors quoi en fait ?
Black, Crust, Powerviolence, Blackened Powerviolence ? Tout ça à la fois, et le plus corsé possible, comme un expresso si tassé que même le marc fait la gueule au fond de la tasse. Un genre de gros bourre-pif à deux poings, celui des FULL OF HELL et celui des PRIMITIVE MAN, parce qu’en plus les mecs s’amusent avec une sorte de Sludge Black qui pue vraiment la mort. Merci Andy et Brad pour la production, elle est à l’image de la musique et nous envoie au fond.
Allez, osons le truc. Si « From Heaven Wept » s’amuse beaucoup de son Crust lacéré de blasts accélérés, dès « I Am The Cold Harsh Whispers In Hell », le ton change, le rythme démange, et tout évolue sous des cieux encore plus étranges. Mais noirs. Mais étranges.
On tombe alors dans une relecture aussi Doom que Sludge et Black, une poix qui colle à la voix qui appelle désespérément à l’aide…dans le vide. Et quel écho pourtant. Le genre de creux entre deux montagnes qui avale tout espoir. Ça fait mal quand même.
De là, les cinq font durer le non plaisir. « Dance Of Thorns » démarre comme une sale homélie Black avec ses riffs qui semblent se faire l’hologramme mental des pensées les moins avouables de DARKTHRONE ou MAYHEM, et finit par se lancer au bout de trois bonnes minutes dans un marécage Sludgecore Indus Black. Beurk. « With Fear This Love Is Given » ridiculise toute concurrence en termes de nihilisme musical à outrance, et salit tout ce qui était déjà répugnant jusqu’à lors. Et sur huit minutes je vous prie. Ils nous refont d’ailleurs le coup avant de partir, pour un ultime « To Whom I Await » qui lui aussi frise l’indécence en termes de timing, et oppose des guitares barbelés à un chant schizophrène à l’apoplexie flagrante. Sauf que cette fois-ci, et qu’il faut bien partir la tête haute et la mine basse, tout est poussé au-delà de toute inhumanité. Alors ça cavale, ça blaste, ça hurle, mais ça parvient quand même à synthétiser tout ce que la nature humaine à de plus abject en mixant toutes les fragrances de l’extrême en un parfum nauséabond. Un marais d’illusions perdues. Un marigot de vomi utopique. Non, ça pue, vraiment.
The Blackest Volume - Like All The Earth Was Buried, c’est un hiver scandinave qui n’en finit plus, et qui étrille le soleil de banderilles empoisonnées pour qu’il ne se lève plus jamais. Sauf que cet hiver infini nous concerne tous. Et qu’il trouve son origine dans le Michigan. Je vous avais pourtant dit que les mecs venant de là-bas étaient de sales véroles.
Tiens, un joli moineau sous mes fenêtres. Il est en train de pourrir et schlingue sa mort jusque sous mes naseaux. C’est un signe ça. Bien fait pour sa gueule.
Titres de l'album:
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