L’Australie, ses insectes, sauriens, mammifères géants, ses grandes étendues sèches, et ses groupes de Thrash. Aujourd’hui, nous nous intéresseront à ces derniers, puisque les locaux d’IN MALICE'S WAKE nous honorent de leur quatrième longue-durée qui n’en usurpe pas le nom. Encore plus de cinquante minutes d’agression non-stop, ce qui a tendance à devenir une norme, mais qui représente le même cap à franchir que le célèbre nez de Cyrano. Mais les spécialistes de la question connaissent bien ces originaires de Melbourne, qui mine de rien représentent l’arrière-garde de l’extrême austral avec leurs vingt ans d’existence, ou presque. Formé en 2002, ce collectif n’a pas tardé à s’illustrer par une démo l’année suivante, puis par un EP en 2005, avant de passer à la vitesse supérieure avec un premier LP, Eternal Nightfall, publié en 2008. Ce qui n’empêche que nous étions sans nouvelles d’eux depuis 2015 et la parution de l’excellent Light upon the Wicked, et autant dire que nous nous inquiétions un peu. Certes, les deux albums précédents étaient eux aussi séparés de quatre ans, mais la question de savoir si le groupe existait encore effleurait les consciences, que ce The Blindness of Faith vient rassurer de sa véhémence et de sa puissance. Sans changer d’un iota la formule qui a fait leur succès dans l’underground et qui leur a assuré des premières parties de luxe sur leurs terres mais aussi en Nouvelle-Zélande (BLOODBATH, DESTRUCTION, AT THE GATES, THE HAUNTED, VOIVOD, NAPALM DEATH, TOXIC HOLOCAUST, ANGELUS APATRIDA, GOATWHORE, FORBIDDEN, KRISIUN ou WARBRINGER), les membres d’IN MALICE'S WAKE franchissent un nouveau palier, et nous livrent avec cette dose de brutalité l’un des albums de Thrash/Death les mieux troussés de cette fin d’année.
Il suffit pour en comprendre la qualité de le comparer au dernier ACCUSER, et de constater la différence d’intensité de d’efficacité entre les deux. D’un côté, un groupe accusant deux décades, de l’autre, une référence des abysses avec quasiment vingt ans de plus au compteur, et une rage animant les premiers qui fait méchamment défaut aux seconds. Pourtant, les similitudes sont là, cette tendance à jouer avec les frontières et à brouiller les pistes entre Thrash et Death, sans sombrer dans les affres du chaos. Pour parvenir à ce résultat au-dessus de tout soupçon, le groupe a renouvelé la confiance accordée à Chris Themelco, ingé-son et mixeur qui avait déjà peaufiné Light upon the Wicked, et qui a concocté au quatuor un son à décorner les buffles aux Monolith Studios. En découle une sensation de puissance extrême, chaque riff nous explosant au visage dans une déflagration de rage, rage palpable qui rapproche les australiens des plus grandes références du genre. D’ailleurs, la bible The Metal Archives n’hésite pas à aligner les rapprochements, en citant TESTAMENT, LOST SOCIETY, DEAD TROOPER, BRAINDEADZ, TOXIC HOLOCAUST, EXODUS, KREATOR et évidemment les légendaires MORTAL SIN pour baliser le parcours des australiens qui se retrouvent en bonne compagnie. On pourrait d’ailleurs ajouter à cette liste loin d’être exhaustive le nom de POWER TRIP, pour cette façon d’appréhender la brutalité sous son angle le plus ténébreux, même si les IN MALICE'S WAKE acceptent une philosophie plus légère dans le fond et la forme.
Admettons alors que leur musique à des airs de fusion entre la rage de KREATOR, la redondance cyclique de MORTAL SIN, et le souffle terrassant d’EXHORDER. Nous parvenons alors à un consensus qui met tout le monde d’accord, et qui définit avec assez d’acuité le contenu de ce quatrième effort. Mais pour être fixé sur le sort qui vous attend en ces sillons numériques, une seule attitude à adopter : commencer l’écoute logiquement, et encaisser le choc frontal de « The Blindness of Faith » qui durant son intro ne ménage ni les mélodies inquiétantes ni les blasts affolants. Un son gigantesque, une batterie qui mouline comme une turbine de centrale nucléaire (Mark Farrugia, toujours aussi efficace sur son tabouret), des guitares qui riffent dans toutes les directions (Shaun Farrugia et Leigh Bartley, qui n’ont pas le médiator en mousse), un chant hargneux et râpeux (toujours Shaun Farrugia, remonté comme un kiwi enragé, et légèrement Core sur les bords), un bassiste sobre mais efficace qui lie le tout et suit les lignes de guitare avec dextérité (Karl Watterson), pour un mélange qui explose les tympans comme un dynamitage en règle. Certes, les spécialistes argueront du manque de finesse, et pourtant, la fluidité technique de l’ensemble permet à l’album de ne pas se vautrer dans la luxure de la bestialité gratuite. Alternant avec flair les tempi, appuyant ou relâchant la pression sur les blessures causées, le groupe fait preuve de beaucoup d‘intelligence, et se permet de tutoyer les anciens d’INCUBUS ou DEMOLITION HAMMER avec leurs segments les plus létaux (« Graven Image »). En découle un sentiment d’agression constante, qui profite d’ambitions évolutives pour ne jamais lasser.
Plus Thrash qu’il n’est Death, The Blindness of Faith pointe du doigt le ridicule des religions organisées, et propose une vision libre de l’humanité, qu’il souhaite imposer sans ambages. On pense parfois à l’ACCUSER de Who Dominates Who mixé par un DJ infernal à du CRIMSON SLAUGHTER (« Religious Holocaust »), mais lorsque les australiens s’amusent Thrashcore, le tempo monte dans les tours et évite toute comparaison trop encombrante (« Houses of God » boucherie qui tâche les sièges du pick-up). Efficaces dans tous les secteurs de jeu, épaulés par un producteur qui les connaît bien, les IN MALICE'S WAKE jouent sur du velours qu’ils transforment en râpe à fromage vous lacérant les chairs. Mais c’est encore le groupe qui résume le mieux sa démarche et le résultat qui en découle sur notre audition :
« The Blindness of Faith is a journey into the dark side of religion, narrated by the harrowing In Malice’s Wake sound – haunting melodies, an onslaught of classic riffs and drumming and vocals that resonate from the depths of hell. The album is a further push along the extreme path of darkness and brutality set upon by the previous album, Light Upon the Wicked »
Pour résumer, l’enfer sur terre, et une version de l’Australie encore plus chaude et dangereuse que n’importe quel reportage à sensation. Mais plus prosaïquement, un album qui écrase la concurrence de sa violence, et qui cavale comme un pauvre touriste surpris par une araignée géante dans la salle de bain de son hôtel.
Titres de l’album:
01. The Blindness of Faith
02. Graven Image
03. See the Light
04. Religious Holocaust
05. Unbound Sinful Light
06. Houses of God
07. To Die As One
08. Into the Outer Darkness
09. Ritual Slaughter
10. Gehenna
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