Tu ne t’es toujours pas remis du split de DILLINGER ESCAPE PLAN ? Ben Weinman, Greg Puciato et Liam Wilson te manquent velu ? Inutile de déprimer, même si je comprends ton désarroi. Après tout, DILLINGER était le fer de lance d’un des styles les plus improbables et facilement identifiables du Hardcore, ce fameux Mathcore qu’on imagine inventé par un prof de maths féru de Jazz et de Metal épileptique. Mais alors, sur qui rabattre notre affection, le genre lâchant la bride à des dizaines de représentants chaque année ? Autant choisir le bon, et celui capable de reprendre le flambeau.
Parce que jouer du Mathcore demande de la rigueur, mais aussi un gros brin d’imagination. De fait, les canadiens de SEA NOTO se posent en héritiers légitimes de la fureur du DEP, des musiciens capables de fusionner les genres et de ne pas se contenter d’une relecture un peu gauche de « 43% Burnt » ou « Panasonic Youth ». Et s’il paraît vain de vouloir s’approprier une recette très personnelle, il est en revanche noble de prétendre pouvoir l’agrémenter d’un peu de folie personnelle.
The Broadway Adaptation accepte le défi, et trouble de sa recherche fondamentale et perpétuelle de la bonne couleur sonore. Quintet en manque de bassiste, SEA NOTO ose le Jazz, l’Alternatif, le Mathcore, le Metal en fusion et le Hardcore salement grognon pour conquérir le coeur des adorateurs de la secte bruitiste. Loin du plagiat pur et simple des références, ce premier pas-si-longue-durée a des allures de cirque festif, de massacre instantané, ou de délire psychédélique brutal selon les points de vue. Impeccablement produit, interprété avec les tripes et le cerveau, il redéfinit les contours d’un genre très restrictif, qui a dû attendre que son messie fasse preuve d’audace pour élargir son auditoire.
De prime abord, The Broadway Adaptation sonne classique. « Boom & Bust » suit la ligne du parti sans s’en éloigner, mais rapidement, le collectif canadien prend ses aises, et nous impose un chaloupé et atmosphérique « Electric Eel » qui nous colle une décharge pile là où il faut. Entre rudesse et souplesse, le quintet ose évidemment les dissonances, les arythmies, les systoles, les afflux sanguins de cheval, pour nous persuader du bien-fondé de sa démarche.
Et l’équilibre des forces en présence a quelque chose d’impressionnant. De la même manière que DEP avait opté pour une diversion artistique, SEA NOTO impose des plages de calme, des mélodies étranges, du lo-fi abscons, avant d’exploser de nouveau les vu-mètres d’un riff imposant et charnu (« WWD »). Entre chaos ultime et Noise débridé, ce premier long sonne la charge des enfants du Mathcore boom des années 2000, et compte bien occuper une bonne place dans la nurserie.
Il faut avouer que ce sprint essouffle et nous laisse suffocants, à la limite de l’apoplexie musicale. Les plans se succèdent à une vitesse hallucinante, et le chanteur de la bande sait hurler comme personne. L’osmose est donc patente dès les premières mesures, et l’alchimie atteint parfois des sommets dans l’ultraviolence, à l’image de cet impitoyable « New Orleans Funreal », enterrement de première classe durant un mardi-gras païen. Mais ici, on ne paie pas au collier, on paie cash, et on permet de garder la monnaie, pourboire bien mérité d’une bande de terroristes sonores sans pitié.
A bien des égards, The Broadway Adaptation est le fils spirituel du séminal Calculating Infinity, qui accuse vingt-quatre ans d’âge. Il était peut-être temps de lui offrir une suite afin qu’il prenne une retraite méritée, mais il était évident que l’on ne pouvait pas se permettre de le copier à la croche près. Alors, admettons que les SEA NOTO provoquent encore une percussion entre l’écurie Ipecac et les maniaques de Morris Plains, à la façon d’un Irony is a Dead Scene en version plus élaborée et riche.
Sincèrement, on s’y croirait. Tentez le coup de « Salivate », saillie de moins d’une minute qui remet les pendules à l’heure d’été. Supportez la tension exacerbée de « Seizefire » qui déclenche des feux de forêt à échelle inhumaine. Et puis, pour terminer le traitement, inspirez « Fire Breathing Ecstasy Machine » pour remplir vos poumons de charbon, de nicotine et de goudrons.
Pas vraiment bon pour la santé mentale, The Broadway Adaptation est l’un des rares albums à pouvoir sauver le genre du marasme de l’habitude, des règles et de la conformité. Imposé comme un coup de folie l’année de sa découverte, le Mathcore avait bien besoin d’un nouvel espoir pour continuer d’impressionner et de malmener.
Nous verrons ensuite si une carrière sur le long terme est possible. Pour le moment, apprécions l’intention et propageons la bonne parole.
Titres de l’album:
01. Boom & Bust
02. Electric Eel
03. Uzumaki
04. Neck & (Colombian) Neck-tie (ft. Brandon Kellum)
05. Part & Parcel
06. WWD
07. New Orleans Funreal
08. Salivate
09. Seizefire
10. Fire Breathing Ecstasy Machine
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