Quelle journée étrange. Chômée, pour cause de fête religieuse, la voici païenne. Après avoir traité du cas Ô combien tortueux des GREY AURA et de leur Black Metal culotté et bouillonnant, me voici à disserter sur la santé mentale d’une bande de canadiens louches qui depuis leurs débuts s’ingénient à rendre le Death Metal encore plus cryptique et opaque qu’une réunion des techniciens brutaux anonymes. On trouverait d’ailleurs sur les chaises de cette réunion les fessiers de GORGUTS, de PORTAL, d’IMPERIAL TRIUMPHANT, de HOWLS OF EBB et d’une poignée d’autres joufflus, et émergerait de ces conversations des partitions que le commun des musiciens classiques ne saurait traduire dans un langage purement musical. En choisissant le baptême complètement allumé de 30 IMMOLATED ; 16 RETURNED, ces quatre branques savaient déjà qu’ils allumaient une mèche qui allait faire exploser notre curiosité, mais après avoir écouté leur première œuvre éponyme, cette même curiosité avait pété dans tous les sens, inondant les colonnes des webzines de goudron et de plumes de neurones.
Dr. Death (Garrote and Vomit), Madame Champville (Whips and Shrieks), Father Bones (Impalement and Bellows), Disgusting Smith (Flayer and Barks), accompagnés de leur esclave Xena T posent donc les bases d’une translation Death d’un monument de la musique classique, que les MEKONG DELTA ont déjà honoré de leur savoir. Stravinsky, qui avait déjà connu les honneurs allemands, expérimente aujourd’hui le pied de nez canadien, et doit certainement se retourner dans sa tombe de plaisir en entendant ces quatre extraits de son Sacre du Printemps, pour le coup quelque peu méconnaissable.
En douze minutes, les originaires d’Hamilton dans l’Ontario prouvent que Mike Patton a encore du chemin à faire pour gagner la palme de l‘artiste le plus iconoclaste du monde, cet EP surpassant ce qu’il a pu produire, même en compagnie des pires barges de la terre. Foncièrement dérangeante, cette seconde sortie de 30 IMMOLATED ; 16 RETURNED est brève par la taille, mais conséquente par son impact, et ose déformer le classique au-delà de toute convenance, utilisant les stridences d’origine comme une excuse pour souiller la noblesse harmonique. Difficile de deviner en ces quatre mouvements le ballet original de 1913, même en le connaissant par cœur, mais le groupe a la gentillesse de nous expliquer plus ou moins sa démarche, avec des mots très choisis :
Tout commence par le martèlement de tous les instruments à l’unisson, sur un tempo modérato. Nous avons ensuite quelques changements de textures, des harmonies complexes, et d’autres inspirées du Folk, qui se répercutent de guitare en guitare. Le chant est réduit au minimum, mais s’inspire du classique de T.S Eliot « The Wastelands ». Dans notre contexte, tout ça se traduit par le meurtre brutal de l’innocence pour apaiser notre faim éternelle de destruction de la pureté par le vice.
Dit comme ça, ça parait tout de suite beaucoup moins clair, mais dans les faits, l’affaire est encore plus complexe. En portant à ébullition le Death avant-gardiste le plus technique saupoudré d’une touche de Black à peine allusive, les 30 IMMOLATED ; 16 RETURNED travestissent le classique en épouvantail brutal, en extrême cauchemardesque, et malgré la beauté somme toute notable du premier mouvement, les trois autres prennent un malin plaisir à concrétiser une vision d’horreur absolue, via une rythmique folle et une instrumentation très libre. Mais le tout est cohérent, artistiquement solide et la démarche n’est pas gratuite : le groupe sait où il va, et le propos musical n’est pas flou. « II: The Augurs of Spring (The Burial of The Dead) » sonne comme un opéra de l’enfer, avec son chant particulièrement infâme et ses chœurs hurlés des limbes, mais entre des lignes de basse purement Jazz, et un jeu de caisse claire rebondissant, ce morceau se fait l’apologie de la déconstruction, et prône des valeurs de liberté individuelle et créative notables.
Le seul reproche à formuler : la brièveté de cet EP. Avec à peine douze minutes, dont pas mal de feedback, de contrepoints, de chromatismes, de hurlements, de cassures, d’embardées sévères, un peu plus de temps n’aurait pas été vain. « III: The Ritual of Abduction (Glorious Love/Languid Agony) » donnait clairement envie d’en savoir plus sur cet exercice à faire tourner les RESIDENTS en bourrique, et si « IV: Spring Rounds (A Paean) » s’impose plus large, il n’en reste pas moins une conclusion terriblement castratrice.
Un album entier ? Je suis client, puisque les canadiens ont le potentiel pour nous tenir en haleine pendant une bonne heure. A condition d’avoir l’esprit aussi ouvert que vos fenêtres ne seront fermées.
Titres de l’album:
01. I: Introduction (Spleen)
02. II: The Augurs of Spring (The Burial of The Dead)
03. III: The Ritual of Abduction (Glorious Love/Languid Agony)
04. IV: Spring Rounds (A Paean)
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