Ma devise a beau être « Trop, c’est pas assez », parfois je pense que « Moins, c’est mieux ». Spécialement dans le cas des groupes jouant une musique basique et hautement prévisible. Mais qui dit basique et prévisible ne dit pas inintéressante, ce que démontre le duo norvégien de PHANTOM FIRE. Promu par le label national Edged Circle, ce concept proche des années BATHORY les plus Rock n’VENOM est assez ludique dans les faits, et offre quelque chose de plus que ses petits camarades de jeu : la brièveté catchy. En moins d’une demi-heure, l’affaire est réglée et dans le sac, et l’effet produit n’en est que plus fort et durable.
La maison de disques a d’ailleurs trouvé une formule toute faite pour parler de son poulain : AURA NOIR tapant le bœuf avec CIRITH UNGOL, reprenant du OMEN qui se transforme en CRANIUM…ou l‘inverse. Voilà donc un gimmick très accrocheur, et pas si éloigné de la vérité que ça. Il est certain que les derniers efforts de CIRITH UNGOL prônent peu ou prou les mêmes valeurs, dans une version plus policée et moins blasphématoire. Un savant mélange de NWOBHM, de Doom des années de découverte, de pur Heavy Metal et de Speed revêche, le tout traité au charbon d’un Black Metal aussi décadent que primitif. De quoi rassasier les plus primaires d’entre nous, de ceux qui détestent la sophistication à outrance et qui ne savourent leur Metal que tartare.
Tartare et barbare, certes, j’en conviens, mais futé dans l’exécution. Parsemé d’arrangements occultes et malins, The Bust of Beelzebub nous dévoile la vision d’un torse diabolique velu et orné d’un gigantesque pentagramme, figure occulte d’un trip intégral dans les cavernes de l’histoire. Pas avares d’une approche grandiloquente dans le minimalisme, le duo Kjartan Grønhaug/Frode Kilvik s’y connaît en glauque poussiéreux à la Hammer, et nous délivre une performance à la limite du gothique carton des sixties. Ainsi, le pesant et éprouvant « Pihsrow » évoque les plus belles années de Vincent Price et Christopher Lee, avec son rythme processionnel et son ambiance venteuse d’Angleterre du 19ème siècle.
On pense en ces moments-là à DEATH SS, TROUBLE, et tous les acteurs les plus théâtraux de la scène Doom éprouvante et lancinante. PHANTOM FIRE est donc loin de la petite pochade Blackened Speed classique et pas chère, et prouve au monde qu’il est capable de composer des morceaux plus complexes qu’il n’y paraît, en prenant appui sur les enseignements de BLACK SABBATH.
Décomposé en morceaux brefs et épidermiques et longues suites plus développées, ce premier album surprend de sa variété et de sa maturité. Après un unique EP (Return of the Goat, paru lui aussi en 2021 et qui n’aura donc pas eu le temps de grandir), PHANTOM FIRE se paie donc un CV déjà riche, pouvant prétendre à la première division d’un underground friand de ce genre de tentatives. Très doués pour trousser des intros mettant dans le bain d’acide, avant de nous jeter dans la fournaise d’un Doom/Black poisseux mais à la production étonnamment claire (« Shut Eye), les deux musiciens prouvent qu’ils ont suffisamment traîné leurs basques pour savoir ce qu’ils veulent (on les retrouve au casting de groupes aussi variés que KRAKOW, AETERNUS, GAAHLS WYRD, GRAVDAL, MALIGNANT ETERNAL, ou TAAKE).
Et ce qu’ils veulent, c’est suggérer, évoquer, planter un décor et le faire évoluer au gré des humeurs. C’est ainsi que la distance séparant les quickies fast « Return of the Goat » ou « Bust of Beelzebub » et les progressions plus malsaines « Pihsrow » ou « Shut Eye » est aussi large que celle distanciant le vulgaire Black/Thrash de l’Occult Metal le plus riche. En ce sens, l’album est très malin, puisqu’il a accepté de placer aux avant-postes les titres les plus évidents, drivés par une batterie à la Phil Taylor et des riffs à la DARKTHRONE. La seconde partie de l’œuvre, au contraire, fait la part belle aux ambitions, avec vingt minutes de final.
On appréciera donc cette versatilité, cette diversité de ton, et ces riffs seventies catchy (« Feed on Fire »), cette façon de transposer la vilénie en slip de peau de BATHORY dans un langage plus compréhensible et Rock (aux racines bluesy, pour le feeling), et finalement, ces faux-semblants qui ne vont pas manquer de faire passer The Bust of Beelzebub pour une petite blague occulte de bas étage.
Ne sortez pas la planche de Ouija, mais laissez un MANILLA ROAD Thrash occuper le terrain et animer la soirée. Regardez bien la flamme des bougies vaciller au son de la mélodie amère de « The Ninth Gate », et poussez les portes des enfers en toute confiance : ces gars-là ne vous veulent que du mal pour un bien.
Titres de l’album:
01. Return of the Goat
02. Bust of Beelzebub
03. Sweet Jezebel
04. Pihsrow
05. Shut Eye
06. Feed on Fire
07. The Ninth Gate
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