Il y a plus de plans sur les deux premiers morceaux de cet album que sur la plupart des tentatives old-school du mois passé. J’ai compté, et j’assume cette conclusion. Ceci étant dit, le nombre d’idées n’est pas toujours synonyme de qualité. Encore faut-il que l’imagination soit fertile et à la hauteur de capacités techniques largement au-dessus de la moyenne. Mais au petit jeu du QCM musical, les bostoniens de REPLACIRE cochent toutes les bonnes cases et finissent pas décrocher la note maximum.
Frémissant dans l’underground depuis plusieurs années, le nom de REPLACIRE risque aujourd’hui de passer de lèvres en lèvres au vu du potentiel énorme de son troisième album. Si The Human Burden et Do Not Deviate avaient déjà affolés les mathématiciens du solfège dans leur petit appartement, The Center That Cannot Hold leur fera oublier définitivement la conjecture de Goldbach. Car si tout nombre entier pair supérieur à 3 peut s'écrire comme une somme de deux nombres premiers, tout album mature est supérieur à la somme de ses plans même en cas de chiffre impair.
REPLACIRE replace donc les débats sur le terrain de la complexité à outrance et de la générosité de riffs. Animé d’une saine colère, The Center That Cannot Hold est un piège en quatre dimensions, caché dans l’espace et le temps comme un hypercube aux réalités alternatives. Depuis près de quinze ans, Eric Alper s’acharne à trouver le point médian entre la brutalité et la technique, et semble aujourd’hui avoir résolu l’équation. Aidé dans ses calculs par Kee Poh Hock (guitare), Zak Baskin (basse), Joey Ferretti (batterie) et James Dorton (chant), le roi du conservatoire bestial nous a pondu un manifeste définitif, pont tendu entre GORGUTS et MARTYR, et raccourci efficace entre PESTILENCE et SPAWN OF POSSESSION.
De nombreuses plumes s’agitent déjà sous les à-coups rythmiques de cet album. Les louanges ne devraient donc pas tarder à tomber sur les téléscripteurs, et ça n’est que pure logique. Avec ce risque hermétique et inextricable, le quintet passe la vitesse supérieure et renvoie ses camarades de banc à leurs chères études, en faisant beaucoup, mais jamais trop. La preuve en est puisque « Drag Yourself Along the Earth » parvient à réconcilier la sobriété amère de la génération Seattle, et la rigueur au biseau de la vague Technical Death des années 2000.
Beaucoup de créativité donc, pour un résultat au-delà de toute espérance. Si le néophyte quittera le cours pour incompréhension crasse, les amateurs de complexité et de puzzles dix-mille pièces seront aux anges, le cerveau fumant et les neurones en surchauffe. Emballé dans une production monstre à la double grosse caisse mécanique, The Center That Cannot Hold est un problème de physiques ou de mathématiques qui exige une concentration extrême pour être résolu. On envisage toute la complexité de la tâche dès « Bloody-Tongued and Screaming », qui en quatre minutes vous prévient de tous les efforts à faire pour rester en phase avec la problématique.
Mais, et là et là est l’énorme nuance, malgré cette complexité ne se démentant pas, REPLACIRE parvient toujours à ester élitiste tout en acceptant son côté plus accrocheur et « grand-public ». On en prend bonne note sur le monstrueux « Inglorious Impunity », hydre à dix têtes de sirènes qui fait les yeux doux aux psychopathes de la portée, et qui finit par nous hypnotiser dans les grandes largeurs.
Autant vous prévenir, il n’y a que peu de segments qui vous permettront de rester accroché à la rampe. Le but étant justement de vous troubler, de vous décaler et d’altérer votre perception, tous les coups sont permis, mais ils ne sont jamais bas. Ils sont par contre très violents (« The Ghost in the Mirror »), dissonants, discordants, assemblés logiquement, et laissent des bleus à l’âme et aux tympans.
Des bleus et des trous de mémoire. Ainsi, le terminal et absolu « Uncontrolled and Unfulfilled » se laisse enfin aller à ses démons les plus pervers, en convoquant à la table des négociations le Metal moderne, le Death progressif et technique, le son clair et les cocottes de guitare, le delay et la réverb, pour un dernier tour dans ce labyrinthe inextricable qu’est le monde foulé par des musiciens tenant à en découvrir le moindre recoin.
Très violent mais aussi propre que n’importe quelle pièce d’argenterie de Buckingham Palace, The Center That Cannot Hold est une vraie surprise qui confirme le potentiel énorme d’une formation exceptionnelle. Avec son lot de soli mélodiques dans la plus pure tradition du Death des dernières années, ses cassures incessantes qui provoquent un sentiment de confusion, et ses lignes de chant évidemment graves et profondes, ce troisième longue-durée est bien l’épiphanie que tout le monde attendait.
Piochez au hasard et laissez-vous porter par vos émotions. N’est-ce pas délicieux ? Ce sentiment de flou qui vous nimbe dans le brouillard de la bestialité clinique et es prouesses collectives est sans aucun doute le moyen le plus sain pour fuir la réalité sans sombrer dans la psychose et la paranoïa.
Une sorte de folie à six. En français dans le texte.
Titres de l’album :
01. Bloody-Tongued and Screaming
02. The Center That Cannot Hold
03. Living Hell
04. A Fine Manipulation
05. The Helix Unravels
06. Drag Yourself Along the Earth
07. Inglorious Impunity
08. The Ghost in the Mirror
09. Hoard the Trauma Like Wealth
10. Transfixed on the Work
11. Uncontrolled and Unfulfilled
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