Il est toujours très difficile pour un groupe de proposer une musique entièrement instrumentale. Spécialement lorsque le dit groupe évolue dans les sphères Rock, style qui se dispense assez difficilement d’un chanteur, tout du moins d’un frontman. Hors, les DELTA TEA se lancent justement dans cette aventure en 2020 après avoir proposé une campagne de financement participatif pour graver leur premier EP, The Chessboard. Mais si les DELTA TEA sont Rock, ils sont loin de s’en contenter, ce qu’ils précisent dès leur bio, pour ne laisser planer aucun sous-entendu. Cette franchise assumée, il leur reste toutefois un écueil de taille à éviter, l’absence de point de focalisation. En effet, le but de cette formation n’est pas de satisfaire l’ego d’un guitariste ou d’un quelconque instrumentiste, mais bien de proposer une cohésion d’ensemble qui pourra rebuter les amateurs de figure centrale. A l’image des formations de Jazz, ce groupe de Cergy s’appuie sur les compétences globales de tous ses membres. Les musiciens affichent en effet un parcours impeccable et un CV enviable, qui leur permet de se reposer sur des compétences individuelles mises au service d’un collectif. Et voilà donc la qualité principale de ce jeune groupe fondé en 2018. Des atouts personnels indéniables, mais une osmose générale palpable. A l’écoute de ces cinq compositions originales, on est tout de suite bluffé par le talent des musiciens, qui chacun à leur poste méritent des louanges, mais ne les cherchent pas. Depuis un peu moins de deux ans, le quatuor formé par deux frères et rejoint par deux autres passionnés (Oscar : Basse, Clovis : guitare,
Kilian : batterie, Antoine : Claviers) a donc peaufiné son approche pour essayer d’approcher la perfection, même si cette dernière n’est qu’une chimère. Et à l’écoute de The Chessboard on ne peut que s’incliner face au résultat obtenu, qui se permet de résumer quatre décennies de musique progressive et des années de métissage artistique.
Du jazz au Metal, DELTA TEA s’est construit autour des influences et de la technicité de ses musiciens pour mettre en scène une musique épique digne d'une BO de space opéra rock.
Telle est donc la présentation choisie, et autant admettre que si elle exagère un peu le côté « space Rock », elle n’en est pas éloignée de la vérité pour autant. Admettant de vastes influences qu’ils citent en partie (DREAM THEATER, HAKEN, STEVE VAI, MICHEL CAMILO, CHICK COREA, PINK FLOYD, DAFT PUNK, GOJIRA, DEEP PURPLE, OPETH), les DELTA TEA assument leur hétéroclisme et déroulent les notes sans risquer l’overdose. Immédiatement, on est frappé par la pureté d’un son qui respecte les finesses mais donne de l’ampleur et de la puissance. Mixé au studio du Chat Perché à Cergy, ce premier EP est d’une clarté incroyable, sans pour autant le sacrifier à l’épaisseur. On est ainsi frappé par la distorsion agressive de Clovis qui s’intègre très bien à des arrangements plus ciselés et cristallins. Il est évidemment inutile de dire que chaque morceau mérite une attention particulière, et qu’il est très ardu d’en mettre un en avant, tant tous prônent des valeurs semblables. De la musicalité, des mélodies prononcées, des tendances aux chromatismes et à la polyrythmie, mais aussi des surprises plus symptomatiques de la scène Jazz avant-gardiste et progressive française des années 70. Ainsi, les chœurs évanescents et désincarnés ne sont pas sans évoquer MAGMA, tandis que les passages plus calmes et mystiques rappellent les errances de PULSAR ou CATHARSIS. La technique pointue des quatre protagonistes leur permet aussi de réconcilier LIQUID TENSION EXPERIMENT et TRIBAL TECH, dans une version moins synthétique et démonstrative, tandis que le Steve VAÏ de Flex-Able pointe le bout de ses arrangements iconoclastes sur le long mais fascinant « Until Dust ».
Un peu de tout donc, mais pas de généraliste et surtout pas du n’importe quoi. S’il est difficile d’affilier complètement le projet au Metal, on peut tout de même associer les noms de Steven Wilson, de PORCUPINE TREE au collectif qui de la même manière, aime taquiner la Pop et le Rock pour mieux imposer de grandes envolées puissantes. Les constructions en elles-mêmes, libres, répondent à une logique de progression qui tout en évoquant la théâtralité de la scène de Canterburry, en évitent les pièges emphatiques. Et entre les cocottes de guitare qui deviennent des riffs charnus, les prouesses de Kilian à la batterie, qui remplit mais ne fait pas déborder, et cette basse ondulante et ronde, le mélange est équilibré, et permet même aux claviers de ne pas sonner trop datés et de trouver une approche vraiment novatrice. Ici, pas de solo à rallonge, pas de break interminable, mais une optique collégiale qui renvoie au meilleur des percussionnistes inventifs (NOMEANSNO, PEROPERO, ZEUS), et une sorte d’épure sur les improvisations de LIQUID TENSION EXPERIMENT, la complaisance en moins et la pertinence en plus. On aime particulièrement ces passages qui renvoient aux tentatives instrumentales Hard des années 80 replacées dans un contexte de Progressif ouvert des années 90 (école SPOCK’S BEARD), mais surtout ces idées qui prennent le temps de se développer, et cette tactique Jazz qui consiste à broder sur un thème pour l’enrichir, l’épaissir, le faire dévier, avant de revenir à l’idée initiale (« Share »). Il est en effet rare de tomber sur des musiciens capables d’impressionner mais qui préfèrent procurer un réel plaisir, et encore plus de dénicher un EP d’un tel professionnalisme sachant rester frais et abordable. Et si le Jazz, le Rock, le Metal, et toute forme de musique vous sied à partir du moment où elle ne reste pas pure dans son coin, jetez-vous immédiatement sur The Chessboard. Car de cette partie d’échecs, tout le monde sort gagnant, et les fous y sont rois.
Titres de l’album :
01. Chessboard
02. Delocalized
03. Until Dust
04. Share
05. Outro
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