Atavisme (nm, du latin atavi, ancêtres) :
Apparition imprévue, chez un individu, d'un ou de plusieurs caractères qui s'étaient manifestés chez un de ses ancêtres et qui avaient disparu depuis une ou plusieurs générations. (Larousse).
En gros, en détail, cette définition colle à la peau d’ATAVISMA comme un tic générationnel. Fondé en 2013 lorsque G. (guitare) et L. (chant) décidèrent d’unir leurs forces pour faire revivre un Death Metal old-school qu’ils affectionnaient, et rapidement rejoints par C. (batterie) et W. (basse), partageant leur point de vue, le groupe commença à mettre au point un répertoire en forme d’hommage aux groupes les plus nauséabonds du genre. Ayant depuis connu quelques ajustements, et ayant eu la chance de partager la scène avec des références telles que ARCHGOAT, MERRIMACK, INFERNO, RITUALIZATION, ATARAXIE, MERCYLESS ou MOURNING DAWN, les franciliens ont patiemment travaillé leur copie pour en remettre une impeccable aujourd’hui, bientôt disponible en format CD via les bons soins du label ibère Memento Mori. Leur parcours à ce jour reste émaillé de tous les formats disponibles sur le marché (single, démo, EP), mais ce sont bien leur première démo (Where Wolves Once Dwelled, 2014) et leur premier EP (On the Ruins of a Fallen Empire, 2017) qui leur ont attiré les faveurs d’un underground toujours aussi avide de nouveautés putrides à se mettre sous la dent cariée. Et gageons qu’à l’écoute de cet abyssal The Chthonic Rituals, l’underground ne sera pas déçu de l’avancée d’un nouveau groupe fétiche, qui repousse les limites du Death pour lui faire épouser les contours d’un Doom pas vraiment assumé, mais qui fait parfaitement office de contrepoint de lourdeur à la violence ambiante.
Pouvant se rapprocher de références aussi terrifiantes qu’INCANTATION, CIANIDE, ETERNAL DARKNESS, GRAVE, DISMA, BLOOD INCANTATION, MOONDARK, WINTER, CONVULSE, INDESINENCE, CRUCIAMENTUM, FUNEBRE, ou ENCOFFINATION, les ATAVISMA prouvent que les Death vintage a encore des choses à dire en 2018, et osent la synthèse ignoble des gênes dISEMBOWELMENT et de l’ADN FUNEBRARUM pour parvenir à mettre au point une nouvelle cellule de haine viscérale en forme de virus létal. Aussi puissant qu’il n’est glauque, ce premier album fait la part belle aux sensations les plus primaires du Death Metal des origines, celui développé en laboratoire et expurgé de toute contrainte humaniste, mettant en exergue une pression de tous les instants, et suçant sa propre sève à l’arbre scandinave tout autant que tirant sa substance des égouts américains. Le résultat est non seulement probant, mais réellement écœurant, d’autant plus que la production du LP en question est plutôt du genre compétitive et méchamment grave dans la sévérité. Enregistré et mixé chez Mannaz Records et masterisé par Javier Felez (GRAVEYARD) aux Moontower Studios (TEITANBLOOD, ATARAXY, GRAVEYARD...), et emballé dans un sublime artwork dégoulinant d’E.Muskie (EKPYROSIS, BOKLUK, RUIN...), The Chthonic Rituals est un concentré d’immondices de l’humanité, explorant les relations ténues entre l’homme et la nature, mais aussi la spiritualité et les anciennes cultures.
Musicalement, l’affaire est limpide et complexe à la fois. S’il est impossible de renier les accointances Death de l’ensemble, il convient d’y apporter une nuance. En refusant de jouer le jeu d’une brutalité outrancière de chaque instant, les français sans jouer l’ambivalence, apportent à leur travail une variété dans l’ignominie qui pourrait les rapprocher d’une union entre SYMPTOM et l’écurie Nuclear War Now !, alors même que leurs exactions bruitistes peuvent profiter de respirations mélodiques assez probantes, comme le prouve le majestueux et pourtant vomitif « Monoliths », titillant même la corde sensible des fans les plus durs de NEUROSIS. Si l’ombre des ignobles ENCOFFINATION plane parfois sur les ambiances les plus moribondes (« Invocation of Archaic Deities »), les quatre musiciens ne tirent aucune fierté de l’économie de moyens, et ne se contentent que très rarement d’un ou deux plans étirés jusqu’à la nausée. Ils virent même parfois casaque pour tenter l’opération séduction Death/Black sur l’introductif « Extraneous Abysmal Knowledge », au riff à la suédoise amplifiée d’une énergie typiquement BM. Mais leur force réside bien en cette alternance permanente entre cruauté et pesanteur, qui transforme des morceaux de la trempe de « Ashen Ascetic » en véritables symphonies progressives de l’horreur, témoignant d’un potentiel individuel et d’une capacité créative globale assez frappantes.
Usant sans abuser d’un chant violemment sous-mixé et faisant office de troisième ligne rythmique, les ATAVISMA juxtaposent la cruauté d’embardées vraiment véloces à la lourdeur suffocante d’un Doom par touches fugaces, ce qui permet à leurs morceaux d’évoluer sans se contraindre à répéter la même litanie sur de longues minutes. Avec une poignée de riffs accrocheurs qui équilibrent la balance (« Amid The Ruins », sorte de démarcage du PARADISE LOST de Gothic et du INCANTATION d’Onward To Golgotha), et de très longues suites qui laissent libre court à une inspiration d’outre-tombe (le long et hypnotique final « A Subterranean Life »), The Chthonic Rituals célèbre la diversité dans le monolithisme, et convaincra les nostalgiques du Death le plus ténébreux des origines que leur style de prédilection dispose toujours de créateurs affutés pour en défendre les qualités les plus évidentes. Aussi moite qu’il n’est irrespirable, ce premier effort longue-durée montre des aptitudes incontestables, et évite l’écueil de la redondance grâce à une production vraiment épaisse et des compositions ambitieuses. Sorte de Putrid Death alambiqué et évolutif, l’art des ATAVISMA est justement de retrouver les réflexes de leurs aînés pour les intégrer à un cadre plus personnel et malléable, sans en trahir les dogmes les plus fondamentaux. Une ode à l’atrocité, un opéra de l’outrance, mais surtout, une façon de toucher du doigt la quintessence d’un genre qui n’a jamais supporté la médiocrité. L’ignominie n’est jamais facile à affronter, mais l’occasion vous en est donnée.
Titres de l'album:
01. Chthonic
02. Extraneous Abysmal Knowledge
03. Sacrifice Unto Babalon
04. Invocation Of Archaic Deities
05. Monoliths
06. Ashen Ascetic
07. Amid The Ruins
08. A Subterranean Life
Haaaa le Rock est tout sauf négociable !! Merci pour cette belle critique.Chazz (2Sisters)
17/01/2025, 22:44
Non putain ça fait chier ! Je m'en fout de revoir Rob derrière le micro de mon groupe préféré d'amour !
17/01/2025, 17:03
J'ai cru comprendre que Zetro se retirait pour problème de santé.J'espère que ça ira pour lui.En tout cas avec Dukes sur scène, ça va envoyer le pâte.
16/01/2025, 18:21
Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène.
16/01/2025, 12:15
Eh beh... Étonné par ce changement de line-up. Vu comment Exo était en forme sur scène ces dernières années avec Souza ! Mais bon, Dukes (re)tiendra la barque sans soucis aussi.
16/01/2025, 10:22
Super. L'album devrait être à la hauteur. Beaucoup de superbes sorties sont à venir ce 1er semestre 2025. P.S. : le site metalnews devrait passer en mode https (internet & connexion sécurisé(e)s) car certains navigateurs le reconnaisent comme(...)
15/01/2025, 12:58
Je viens de tomber dessus, grosse baffe dans la gueule, et c'est français en plus!Un disque à réécouter plusieurs fois car très riche, j'ai hâte de pouvoir les voir en concert en espérant une tournée pour cet album assez incr(...)
14/01/2025, 09:27
Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.
13/01/2025, 08:36
Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête.
13/01/2025, 07:59
Capsf1team : tu voudrais que l'on indique cela où exactement ? Dans l'entête des chroniques ? En début de chronique ?Aujourd'hui le style apparait dans les étiquettes que l'on met aux articles, mais peut-être que ça ne se voit pas d&(...)
12/01/2025, 17:38
Poh poh poh poh... ... ...Tout le monde ici à l'habitude de te remercier pour la somme de taf fournie mortne2001, mais là... Là, on peut dire que tu t'es surpassé.Improbable cette énumération.Et le pire, c'est qu'a(...)
12/01/2025, 14:27
Jus de cadavre, putain mais merci pour la découverte Pneuma Hagion. C'est excellent! Du death qui t'envoie direct brûler en enfer.
11/01/2025, 12:16
Merci pour tout le travail accompli et ce top fort plaisant à lire tous les ans. Moi aussi je vieilli et impossible de suivre le raz de marée des nouvelles sorties quotidiennes... Suggestion peut-être à propos des chroniques, est-ce que l'on ne pourrait pas indique(...)
10/01/2025, 09:12
J'aurais pu citer les Brodequin et Benighted que j'avais bien remarqués en début d'année, aussi, mais il faut choisir... Quant au Falling in Reverse, cette pochette ressemble trop à une vieille photo de J-J Goldman dans les années 80, je ne peux p(...)
09/01/2025, 19:49