Intéressons-nous de plus près à l’underground je vous prie, puisque telle est la mission de webzines comme le nôtre. Il faut dire que celui-ci est toujours très actif, et que les possibilités de chroniques sont infinies, à tel point qu’il serait possible d’en écrire une bonne dizaine par jour.
Mais il arrive parfois que l’actualité nous ramène vers un passé pas si lointain que ça, et surtout diablement intéressant en l’état. C’est le cas aujourd’hui avec cette fausse compilation des slovaques de DEMENTOR, qui mine de rien font figure de légende dans leur est natal, puisqu’il faut remonter jusqu’en 1988 pour trouver trace de leur naissance.
DEMENTOR fait partie de ces groupes dont le nom évoque quelque chose de tangible, sans que l’on soit forcément capable de poser une musique sur leur patronyme. Mais une fois les premières secondes d’un morceau écoulé, la mémoire nous revient, et nous replonge dans une époque de mutation, lorsque le Thrash commençait à céder sa suprématie de l’extrême à un Death de plus en plus insistant.
Le point fort des DEMENTOR n’a jamais été la constance, que ce soit au niveau de leur formation ou de leur production. Il leur aura fallu attendre quelques années avant de proposer une sortie digne de ce nom, ce qui fut fait en 1994 avec la sortie de leur premier LP, The Church Dies, distribué alors en tape par le label local Immortal Souls Productions, qui s’occupera aussi du destin du suivant, Kill The Thought On Christ en 1997.
Entre 1988 et 1994, d’innombrables problèmes de line-up feront tanguer le navire slovaque, malgré une barre fermement tenue par le capitaine René Blahušiak à la guitare, depuis parti vers d’autres horizons.
Mais je vous conseille de lire la bio fournie par leur page Facebook, qui vous en dira bien plus que les quelques lignes que je pourrais caser ici, puisque le parcours du groupe ressemble à s’y méprendre à un casse-tête qui justement nous perd dans des considérations historiques assez anecdotiques.
Tout ce qu’il faut retenir de ce puzzle complexe est que le groupe existe toujours aujourd’hui, sous une forme une fois de plus remaniée, et qu’il vous est possible de goûter à une grosse tranche de leur passé via cette réédition de deux de leurs séminaux efforts, leur premier LP officiel et leur dernière démo datant de 1993, Morbid Infection, tous deux couplés dans un même CD, disponible à mille exemplaires d’ores et déjà cultes et très recherchés.
Outre son aspect « revival » vécu, cette sortie possède un attrait indéniable. Elle permet en effet de se replonger dans les affres de la scène de l’est de la fin des années 80, en découvrant un des groupes les plus emblématiques du cru, qui proposait alors un Death Metal très basique et influencé par le Metal de la mort scandinave, sans pour autant renoncer à ses propres racines.
Si depuis le quatuor à dérivé vers un Brutal Death beaucoup plus standardisé, il pratiquait à l’époque un mélange entre l’austérité malsaine d’un AUTOPSY et la dérive maladive d’un UNLEASHED. Des guitares tranchantes aux motifs morbides, un chant grave mais intelligible, une rythmique monolithique qui parfois s’emballait de quelques blasts à la NIHILIST, pour un rendu très compact et parfois même plus technique que la moyenne des groupes du style.
Pas mal de classicisme donc, mais aussi quelques idées leur permettant d’affirmer leur personnalité, encore sous influence des standards US et Européens.
Cette réédition vous permettra donc de retrouver deux sorties sur le même CD, puisque les titres 9 à 14 se trouvaient sur la seconde démo du groupe, Morbid Infection publiée en 1993, et les morceaux 1 à 8 sur le premier LP des slovaques, The Church Dies, uniquement disponible en cassette jusqu’à présent.
C’est donc un joli cadeau que nous offrent le groupe et le label, puisque le son a été légèrement retravaillé pour permettre un transfert sur galette assez honorable.
Mais l’atmosphère de l’époque n’a pas été trahie par des impératifs modernes, ce qui permet d’apprécier toute la sauvagerie froide de ce groupe assez décalé, qui se focalisait alors sur une musique pas si unidimensionnelle que bon nombre de ses collègues, et des lyrics emprunts de haine contre toute forme de religion organisée.
Il est assez intéressant d’avoir inversé les deux sorties pour plonger plus en arrière dans le temps, et il est certain que le si le style n’a que peu évolué entre les deux, le son s’est considérablement affiné ainsi que l’approche, devenue en un an beaucoup plus subtile.
Si la démo offre un joli catalogue d’interventions barbares et saignantes, on sent déjà un potentiel certain, même si le champ d’action reste en terrain dument balisé, avec un étalage de riffs juteux et typiques, et des structures plus grossières que la progression à venir (« Predestined Future », qui fait salement penser à un MASSACRE en plus bourrin)
Le son est bien évidemment moins équilibré et très proche d’une démo de bonne qualité (ce qu’était sans conteste Morbid Infection), mais cette brutalité primale n’est pas sans charme et permet de terminer l’écoute avec le sentiment d’avoir régressé. Mais l’efficacité est indéniable (le très GRAVE « Soul Insanity »), et on sent en arrière-plan que les DEMENTOR se dirigeaient vers un Death moins simpliste et plus « agencé » (« Fate Sealed By Fool »).
The Church Dies de son côté est comme je l’ai déjà dit plus sec et souvent à cheval entre un PESTILENCE plus sommaire et un SUFFOCATION pas encore étouffé par ses propre régurgitations (« The Law Of Karma »), et laisse des compos radicales mais bien fournies faire le job, tout en versant par moments dans un Death dégoulinant sur le Gore encore un peu timide (« Discoveries Of Catastrophe »).
L’ambiance d’outre-tombe est souvent bien présente (« Darkness », et ses accès de brutalité féroces), et finalement, le tout s’écoute avec un plaisir certain, pour peu que le Death de l’époque soit encore susceptible de vous satisfaire.
Une sortie qui en tout cas vous permettra de découvrir ou redécouvrir un des acteurs mineurs de la scène des années 90, qui poursuit son chemin aujourd’hui, avec toujours cette formation soumise à de fréquents changements.
Un trip dans le passé d’une musique qui semble aujourd’hui essayer de se réinventer, mais qui va toujours puiser dans ses racines le souffle lui permettant d’aller de l’avant.
A réserver aux nostalgiques d’une époque mythique, et à la jeune génération avide de références, mêmes obscures.
Titres de l'album:
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