Oui, j’ai fait ma communion, mais pas sûr que ça me soit d’une grande aide pour ma chronique matinale…La cérémonie, l’aube, les sourires de convenance, la génuflexion, et enfin, l’acte de communier en lui-même, et la réception linguale de cette fameuse pastille blanche censée nous apporter sur un plateau le corps du Christ pour que nous ne fassions plus qu’un…Très joli tout ça, mais pas vraiment dans le ton sud-américain, qui préfère voir en la religion un espèce de dogme séculaire à combattre de toute son âme, par tous les moyens possibles. Et le plus efficace semble être musical, si j’en crois ce premier album tonitruant qui s’avère symptomatique d’une démarche locale basée sur la spiritualité en blasphème et brutalité…La naissance non du messie, mais des COMMUNION ne date pas d’hier, mais bien de 2008, et autant dire que les malfaisants n’ont pas chômé depuis. En presque dix ans d’existence, les originaires de Santiago du Chili ont déjà publié une kyrielle de sorties, toutes plus underground les unes que les autres, misant sur la brièveté autant que sur la quantité. Jugez du peu, cinq démos (Demo I en 2008, Demo II en 2013, Instrumental Rehearsal en 2014 et Black Metal Dagger Demo Rehearsal en 2015), un EP éponyme en 2010, un split partagé avec SEPULCHRAL en 2014, un single en 2010 (Fire Worship) et même une compilation de bon goût, regroupant trois de leurs démos en 2015.
Distribuées par la structure interne du bassiste/chanteur Deathmessiah's Proselytism, ces œuvres une fois compilées forment une symphonie paillarde assez remarquable, mais il aura pourtant fallu attendre un bon moment avant de voir le trio (Spirit Of Death – basse/chant, Spirit Of Belial – batterie, et Spirit Of The Necrologist – guitare) se frotter à l’exercice indispensable du longue-durée, ce qu’ils feront dès l’année prochaine, en lançant coup sur coup deux albums, chose assez peu banale, même à notre époque…
COMMUNION, c’est un peu une carte postale oblitérée des enfers sud-américains, tant leur musique synthétise les courants locaux avec un flair indéniable. On y retrouve cette sauvagerie impulsive, cette ambiance de messe noire dégénérée, et surtout, cette affiliation avec un Metal sauvage et sans pitié directement issu des années 80, et du courant continental de l’époque. Musicalement barbares et adeptes de la franchise rythmique, les chiliens se placent donc parmi les têtes de file représentant leur pays, qui depuis quelques années fait figure de capitale mondiale de l’extrême bestial, et ce premier effort dépassant enfin la demi-heure de jeu nous expose un combo sûr de son fait et conscient de son talent, via une poignée de morceaux sans concessions, mais aussi efficaces qu’un exorcisme inversé en lavement à la caféine. Difficile à l’écoute de The Communion de ne pas penser à certains de leurs frères d’armes, dont les CHAINSAW, FORCE OF DARKNESS, et les AMMIT sont certainement les références les plus évidentes, auxquelles nous pourrions ajouter les KRATHERION et HADES ARCHER dans une moindre mesure, et placer aussi celle de BATHORY sur le chemin, un BATHORY unissant ses forces avec le SODOM le plus primaire et urgent de In The Sign Of Evil. Comme vous le constatez, la nuance n’est pas à l’ordre du jour, et seule la violence a réussi à se faire une place sur ce premier jet fielleux, qui manipule les riffs gras et immédiats comme les prêtres l’absolution dans l’arrière-église, avec quelques enfants de chœur triés sur le volet. Pas forcément novateur, pas du tout même, et évitant de jouer au plus fin avec des influences que tout le monde connaît déjà, les COMMUNION se montrent néanmoins très convaincants dans leur rôle de silhouettes encapuchonnées, nous entraînant dans une messe noire célébrée dans une forêt le soir, et qui tient ses promesses en termes de luxure et de stupre sans usure.
Difficile de trouver le moindre point faible à cette réalisation, tant l’intensité ne baisse jamais, mis à part pendant les quelques secondes de deux intros bien placées. On le sait, le Black Thrash n’est pas genre à supporter la demi-mesure, ce que le trio a parfaitement compris, en jouant l’outrance permanente sans jamais relâcher ses efforts. Et dès l’ouverture toute en ténèbres musicales de « Glorify The Dark », on comprend que les trois musiciens ne sont pas là pour amuser la galerie, mais bien prêter allégeance au malin par l’entremise de guitares tronçonneuses, de rythmiques concasseuses, et d’un chant aux intonations vaseuses, nous ramenant directement au passé de l’extrême sud-américain des années 86/87, lorsque le continent réalisa qu’il était à même de rivaliser avec les formations internationales en termes de bestialité et de provocation cloutée. Ici, tout est raw, tout est sale, tout est blasphématoire, et la voix de démon en rut de Spirit Of Death apporte ce petit plus de méchanceté suintante qu’on est en droit d’attendre d’un tel effort. Pourtant, les natifs de Santiago n’ont pas l’air d’en faire pour instaurer un climat délétère, aidés en cela par une production parfaite, aux graves nivelés mais à la profondeur affirmée, blindée d’écho, à la distorsion abrasive et aux aspérités blessantes, histoire de vous faire saigner les oreilles sur un tapis de barbelés auditif. En gros, ça gicle, ça vomit, ça hurle, ça se démène, mais ça ne va pas nulle part, bien au contraire. Et surtout, c’est à peu près aussi efficace qu’un énorme pentagramme tagué sur le fronton d’une église abandonnée. Ça pose les bases et ça avertit. N’allez pas plus loin, vous risqueriez de le regretter.
En mixant le Thrash le plus diffus et le Black le plus ventru, The Communion joue la carte de la tradition, mais le fait pour le bon. Aucune hésitation, des thèmes qui rappelleront en plus bedonnant ceux du MAYHEM des premiers temps, avec ces guitares en lames de scie sauteuse qui traînent leur méchanceté comme un fardeau agréable à porter (« Funeral of Mercy »), accompagnés de lyrics sans équivoque qui distillent quelques conseils ad hoc (« Crush The Atheism »). Difficile de résister à l’exubérance d’un combo qui nage dans l’aisance et joue crânement son va-tout sans se demander où tout ça va l’emmener, sans doute au plus profond d’Hadès qui seront ravis de les héberger. COMMUNION propose donc avec The Communion une véritable cérémonie d’union, vous unissant à leur destin, et vous menant sur le chemin de la vilénie et de l’hédonisme sataniste sans limite, un peu comme si Anton LaVey et Quorthon vous intronisaient membre de l’église de Satan, délocalisée à Santiago du Chili l’espace d’un instant. Il n’est pas interdit d’y prendre du plaisir, même si les idées et dogmes énoncés sont connu depuis des années, puisque ici c’est l’efficacité qui prime, et rien d’autre. Inutile d’avoir de l’imagination lorsque le malin chante ses oraisons, il suffit de suivre le ton et de se mettre au diapason. Celui des chiliens est réglé sur un la un peu malsain. Mais personne ne peut se targuer de faire le malin en affirmant avoir l’oreille absolue non ?
N’oubliez pas qu’une suite va emboîter le pas, sous la forme d’At the Announcement, qui sortira le même jour. Productifs les gars quand même…
Titres de l'album:
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