Vous avez le marché, le supermarché, et l’hypermarché. Le premier se situe dans un quartier de ville, proche du centre, et s’appelle généralement « superette » ou « épicerie ». Le second, plus vaste, préfère la périphérie ou les zones commerciales. Le troisième quant à lui est situé en sortie de ville, ou en zone commerciale aussi, et en jette par sa taille et superficie. Mais alors, lequel choisir ? Le premier joue sur la proximité, le second sur le compromis entre grande surface et épicerie de quartier, et le troisième, sur le choix des produits et des prix compétitifs. Mais si ce système s’applique volontiers au commerce, il est beaucoup plus difficile à traduire dans un langage artistique. Et pourtant, les danois de TERMINALIST n’hésitent pas à l’utiliser pour nous prévenir de leur approche.
Car TERMINALIST ne joue ni Thrash, ni SuperThrash. Non, TERMINALIST joue de l’HyperThrash. Et rien que ça fait saliver dans les rayons, à compter ses coupons pour payer le caddie plein à ras-bord.
Mais alors, qu’est-ce que l’HyperThrash ? Du Thrash large et varié, vendu à prix modique ? Un Thrash efficace et sans relations humaines, avec paiement automatique pour ne pas avoir à sourire à l’hôte/sse de caisse ? Non, l’HyperThrash est un Thrash joué rapidement, brutalement, avec fluidité, et emballé/pesé avec soin pour ne léser personne. En gros, du Thrash carré, technique, juste assez fou pour fédérer les plus énervés, et qui s’impose sur la longueur grâce à un habile jeu de combinaisons d’influences.
Mais admettons immédiatement que l’étiquetage est légèrement trompeur. Car TERMINALIST, aussi compétitif soit-il, n’est pas forcément différent des autres produits de sa génération. The Great Acceleration, premier album nous avait fait faire la queue avec le sourire, et deux ans plus tard, nous passons enfin les obstacles du tapis roulant pour nous acquitter de nos marchandises. Et sincèrement, The Crisis as Condition mérite largement le prix induit par son code barre, du fait de sa fougue et de son caractère incorruptible.
Frederik Amris (batterie), Morten Bruun (guitare), Emil Hansen (guitare/chant) et Kalle Tiihonen (basse) nous offrent avec ce second long une sacrée promotion sur le talent, et plus prosaïquement, un album solide, pertinent, aux idées subtilement folles, et aux accents parfois proches d’un Black Metal suédois très mélodique. On trouve donc en tête de gondole une violence efficace, des épices Black, des assaisonnements Death mélodique, pour un tout qui ne brade pas sa valeur. Et entre DISSECTION, MORBID ANGEL, CHILDREN OF BODOM, VEKTOR et VEXOVOID, TERMINALIST joue la carte de la pluralité, et déroule le tapis rouge aux invités brutaux d’un inventaire programmé de longue date.
Le menu est simple. Six morceaux concentrés en quelques minutes, agressifs, compacts, charnus, pour un final épique et atypique de plus de dix minutes, bien plus proche de l’extrême que du Thrash classique. Ainsi, ne vous laissez pas abuser par le caractère traditionaliste de l’ouverture « Life Won’t Last ». L’entame à l’allemande/suédoise n’est pas forcément représentative des désirs du groupe danois, mais montre une facette intéressante de son jeu. Ce Thrash furieux chanté d’une voix de grizzly grognon a quelque chose de savoureux, et détonne quelque peu dans la production nostalgique actuelle, malgré un ancrage old-school totalement assumé. Immédiatement, les capacités émergent. Des riffs multiples qui se télescopent à grande vitesse, un batteur sous acide qui en colle partout, et une cohésion d’ensemble bluffante. L’effet est donc bœuf, plus entrecôte que steak-haché, et l’addiction est presque immédiate. Elle est d’ailleurs assurée par « The Crisis as Condition », qui emprunte ses scies circulaires à l’Allemagne pour mieux rendre la monnaie aux bouchers danois.
Efficace, crédible, fertile et inspiré, le Thrash des danois fait partie des meilleurs du marché, et leur conviction fait plaisir à entendre. Et si l’album commence sous des auspices purement Thrash, sa progression laisse pénétrer des éléments extérieurs plus brutaux, aboutissant à une sorte de Crossover géant, avec même un petit côté Punk pas déplaisant du tout.
Très bien construit, The Crisis as Condition nous entraine dans une histoire pas vraiment gaie, et démontre des qualités assez incroyables. J’en tiens pour exemple le très accrocheur « Last Remains » qui ose des arrangements sonores Post-Punk avant de sombrer dans le Black Thrash le plus noir, et cette opposition fait partie de l’ADN du quatuor, qui n’aime rien tant que changer d’humeur sans prévenir.
Quarante minutes au compteur, et pas une de plus. Le timing est bon, et permet de garder le tout dans la chaîne du froid, sans la briser et risquer les salmonelles. « Move in Strife » est évidemment le morceau le plus épais, et le plus goûtu, et laisse une sensation délicieuse sur le palais, peu habitué à tant de finesse et de créativité.
Alors, HyperThrash ou pas ?
La question reste en suspens, et je ne vous interdis pas d’y répondre. Je vous laisse réfléchir pendant que je me rends à l’épicerie discuter avec le patron autour d’un petit blanc. La proximité, il n’y a que ça de vrai finalement.
Titres de l’album:
01. Life Won’t Last
02. The Crisis as Condition
03. A Future to Weave
04. Last Remains
05. Frenetic Standstill
06. Mutating Fractures
07. Move in Strife
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