On vous a déjà fait le coup du BM qui se noie dans le Rock N’Roll, au point d’avoir donné naissance à l’un des styles les plus improbables de ce vingt-et-unième siècle, le Black N’Roll. C’est tellement incongru qu’on se prend à imaginer une rencontre entre Chuck Berry et Euronymous, au détour d’un club perdu dans les arcanes du temps, chacun des deux glosant sur l’importance de son style de prédilection, et arguant du fait que la jeunesse suit allègrement ses pas. De canard, ou de pingouin perdu sur la banquise norvégienne…L’addition est parfois salée, le résultat parfois drôle, mais les sensations souvent mimétiques, à tel point qu’en une poignée d’albums, le genre semblait avoir tout dit. Mais parfois, de temps en temps, rarement, une poignée de groupes pensent pouvoir renouveler l’approche, en la dissolvant dans un creuset d’influences un poil moins évidentes…Et en remplaçant certaines épices au goût un peu trop prévisibles, ces cuistots de l’extrême parviennent tant bien que mal à stimuler notre palais et incendier notre gorge de saveurs pimentées, mais qui ne laissent l’estomac ni dans les talons, ni trop près de la glotte…
Les mancunéens d’INCONCESSUS LUX LUCIS font sans conteste partie de cette catégorie, c’est en tout cas ce que leurs fans vous affirmeront, mais ils le prouvent sans ambages via leur deuxième effort studio longue-durée, The Crowning Quietus, qui de sa grosse demi-heure nous fait passer par tous les stades d’excitation, sans non plus causer une crise de priapisme mental aigu…Rester dur, oui, mais en contrôlant ses pulsions, c’est encore plus bon. Ou meilleur, c’est selon.
Difficile de croire que les embaumeurs de joie de I, Voidhanger aient pu signer un groupe qui s’éloigne autant de leurs préoccupations habituelles. Mais le label a fait le bon choix en acceptant de s’occuper du destin de ce second album, faisant suite à l’acclamé Disintegration: Psalms of Veneration for the Nefarious Elite, publié en 2014, et manifeste d’une certaine ambition de violence, et à l’EP Crux Lupus Corona, offert la même année en dessert pour encore mieux apprécier les saveurs nuancées d’un groupe imprévisible mais décidé. L’approche du duo (Baal – basse et Malphas – le reste) n’a pas vraiment évoluée depuis ses débuts, mais s’est affinée au point de représenter aujourd’hui la seule alternative possible à un style condamné à se mordre la queue dès sa naissance. Il faut dire que les deux anglais l’ont expurgé de toutes ses scories encombrantes, pour le moduler à leur façon, et lui offrir une patine Metal qui l’enjolive, et lui apporte une énorme plus-value rythmique. Cette déviation est largement patente sur un titre aussi énorme qu’accrocheur que « The Crowning Quietus », qui de son gigantesque groove en mid et de ses accélérations en blasts suggère une union pas si pacifiste entre le CREMATORY le plus groovy et le DISSECTION le moins joli. La tension progressive accouplée à une réelle envie d’en découdre sur le terrain de l’efficacité est particulièrement bien équilibrée, et nous nous trouvons face à un hit de l’absurde, qui cite autant le MAYHEM le plus sombre que le MAIDEN le plus en nombre (de la bête), pour une sorte de BM Heavy progressif qui n’occulte (sic) aucune idée, du moment qu’elle est pertinente et qu’elle apporte son eau croupie au moulin moisi. Ça décape, ça retape, mais ça chaloupe sur la barque sans nous faire chavirer, mais en abordant les rapides à une vitesse qui laisse quand même légèrement effaré. Un art consommé du crossover qui permet à INCONCESSUS LUX LUCIS de jouer les têtes brulées, dans une optique PARADISE LOST des débuts/EMPEROR, sans avoir l’air d’y toucher ni de blasphémer face à ces deux monstres sacrés. Pas étonnant dès lors que le duo ait choisi ce morceau en signe avant-coureur d’un album pas si facile à définir que ça, et qui s’aborde au cas par cas, à petits pas, pour être certain de ne manquer aucun détail
Et les détails, dans ce conglomérat de brutalité amalgamée, ce n’est pas ce qui manque. Car aussi violente et véhémente soit cette barbarie musicale, elle ne se dépare jamais d’un sens de la finesse indéniable qui permet à des compositions brutes d’être polies au point de briller sous le soleil noir d’un BM un peu trop conformé. On pourrait pour le prouver parler de l’inquiétante intro « With Leaden Hooks and Chains », glaçante, mais qui met dans l’ambiance, par facilité bien sûr, mais aussi de l’incroyable et dantesque final « Fever Upon The Firmament », qui sous des auspices True Black introductifs, finit par révéler sa richesse débordante…Breaks en harmonies amères, chant qui se théâtralise pour incarner des personnages sortis de l’Enfer de Dante, guitare qui mélodise son propos pour se rapprocher d’un HM épique mais épidermique, et assemblage en construction stable qui nous stupéfait de ses ambitions évolutives. Du grand art, sombre évidemment, mais qui nous replonge dans les turpitudes de l’avant-garde sans avoir l’air d’y toucher, et surtout, en toute humilité. On croirait certains riffs piqués au cahier de solfège de THIN LIZZY, lorsqu’un intermède central nous prend à la gorge de son groove imparable et maudit…Une prouesse que peu de musiciens sont à même d’accomplir, et qui devient pratiquement un dogme entre les mains de ces deux anglais vraiment malins…
« To Satiate Silence », à contrario, joue le jeu de l’outrance, et ne dévie que très rarement de son ambiance mortifère, qui en profite quand même pour placer quelques motifs catchy en forme de repères. Les sens sont troublés, la perception altérée, pour en définitive entériner l’appellation Heavy Black, qui nous démange depuis des années…Inventivité, liberté, créativité, rien n’arrête les INCONCESSUS LUX LUCIS qui justement ne font aucune concession aux ténèbres, pour se rapprocher de la lumière, et se transformer en allégorie de vie, qui nous réserve bien des soucis, tout en nous consolant de quelques moments plus apaisants…En bénéficiant d’une production claire mais asséchée pour ne pas donner trop d’épaisseur à la rythmique, le duo (trio en live, évidemment) capitalise sur un sens de l’intuition précis et probant, qui lui autorise toutes les facéties musicales, à définitivement prendre au sérieux. Impossible d’établir des comparaisons patentes, tant leur ton est isolé dans sa tour d’ivoire désolée, mais admettons en fin qu’entre séduction et manipulation, Baal et Malphas sont passés maîtres et orfèvres, au point de trouver le point G orgasmique séparant la jouissance facile du plaisir ultime. En témoigne l’irrésistible « At The Behest Of The Sinister Impulse », qui suggère l’IMMORTAL le plus attachant et le DARKTHRONE le plus nihiliste, tout en rajoutant sur la liste un BEHEMOTH en pleine crise existentielle, et remettant son destin entre les mains de naufragés d’un Dark Rock vraiment poisseux, mais salement fardé.
Un second album qui risque fort de repousser les limites à franchir, et qui va devenir une pierre de rosette pour tous les anarchistes de la cause BM, qui n’en peuvent plus de devoir fouiller dans les poubelles du Post ou de l’expérimental de quoi alimenter leur avenir d’épouvantails. Aussi dangereux qu’amadouant, The Crowning Quietus se veut pas de géant, et vous blessera avec mansuétude. On appelle ça l’approche anglaise de l’étude. Rigoureuse, mais remplie de turpitudes.
Titres de l'album:
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