Nos amis nationaux de FREITOT nous confirmaient il y a peu via leur premier LP éponyme toute l’importance de la scène Death scandinave des années 90, se rangeant donc du côté des nostalgiques de la brutalité des origines…Il faut reconnaître qu’ils n’étaient pas les premiers à brandir l’étendard de la passion old-school, mais qu’ils ne seront pas non plus les derniers. Mais le mouvement semble prendre encore plus d’ampleur ces dernières années, dépassant même en volume de production la vague vintage Thrash pourtant toujours hyperactive. Certes, les classiques impérissables du genre permettent de revisiter à intervalles réguliers le genre, mais encore faut-il faire preuve d’un minimum de flair pour convaincre, sans tomber dans la glose stérile et futile. Et si un nom a bousculé les idées reçues et convaincu les plus sceptiques de la viabilité de ce mouvement, c’est bien celui des américains de SENTIENT HORROR, qui en 2016 nous ont gratifiés d’un premier long impressionnant de maîtrise et de sincérité, Ungodly Forms. Ce disque à la cruauté intelligente et à la barbarie efficiente empestait les caniveaux scandinaves encore jonchés des cadavres des grands héros, et nous ramenait sur les traces de Göteborg et des Sunlight studios, d’autant plus qu’on retrouvait un certain Dan Swanö à la console, ce qui en dit toujours long sur les qualités d’une œuvre. L’homme n’apportant pas sa caution à n’importe quel clampin, on savait d’avance quel genre de souffrance nous attendait, et nous ne fûmes pas déçus de nous retrouver bousculés par une déferlante de riffs morbides et de rythmiques épileptiques, dans la plus grande tradition glacée du nord. Et aujourd’hui, the winter is coming again, via un EP gentiment balancé dans le vent par les originaires de Stockholm, New-Jersey (comme quoi, c’était prédestiné…), constitué de morceaux déjà connus des fans puisque largement joués en concert, et d’une petite reprise en cadeau. The Crypts Below, tel est son nom, et vous n’avez qu’une seule chose à vous dire, c’est qu’il n’a pas été choisi par hasard…
Si les aficionados d’Ungodly Forms sont toujours en ligne, gageons qu’ils reconnaîtront la communication, puisqu’elle s’articule toujours autour des mêmes tics musicaux. Des riffs à faire pâlir l’ENTOMBED de Left Hand Path, un chant toujours aussi sourd qui n’a pas oublié les échos de GRAVE et DISMEMBER, et une section rythmique à l’image d’un AUTOPSY soudainement perturbé par une vivisection à la UNLEASHED. Le tout agrémenté de soli dont James Murphy et Chuck Schuldiner auraient pu signer la moindre note, sans oublier quelques arrangements épars destinés à glacer encore plus l’ambiance. Quelques blasts bien placés, un synthé qui vient nous chatouiller les pieds pour vérifier notre rigidité, et une technique renvoyant aux meilleurs opérations de guérison de Leprosy/Spiritual Healing (« Hell Marked », un sommet qu’il sera difficile de gravir en été), font donc de ce The Crypts Below un évènement qu’il convient de ne pas manquer, sous peine de passer à côté d’une grosse tranche de fraicheur Death salement bien coupée. La production de Dan S. est une fois de plus un modèle du genre, et parvient à combiner la magie sonore d’un Severed Survival capté au Sunlight, avec cette basse et cette batterie méchamment mixées en avant, et ces riffs en scie circulaire, qui vrombissent de plaisir dans le mixage. Un chant légèrement en retrait, pour évoquer les fameuses cryptes suggérées, mais surtout, de l’amplitude dans les fréquences, et une précision vintage qui laisse pantois, tant on a le sentiment que les morceaux ont été captés il y a une grosse vingtaine d’années. Une vingtaine, c’est aussi la durée en minutes de ce nouvel EP, qui met la bile à la bouche des cadavres, et qui schlingue la mort à six pieds sous terre, sans forcer son talent ou soudoyer les fossoyeurs. On pourrait à la rigueur reprocher au groupe d’avoir joué la facilité sur la cover du classique « Darkday » d’EDGE OF SANITY, mais ils jouent ce morceau depuis tellement longtemps on stage, qu’il en devient logique de le retrouver ici, dans une version très proche de l’originale.
Matt Moliti (chant, guitare lead), Tyler Butkovsky (basse), Evan Daniele (batterie) et Jon Lopez (guitare), assurent donc encore une fois dans les grandes largeurs, et nous livrent une copie immaculée de souillures, dont on ressent les effluves putrides dès l’entame dantesque « Enter Crypts Below », qui ressemble à s’y méprendre à un mash-up entre « Living Dead » d’ENTOMBED et « Charred Remains » d’AUTOPSY. Une entrée en matière qui ne laisse aucune place au doute, et qui rue dans les brancards, nous délivrant même un phrasé vocal aux boursouflures très DISMEMBER. Gros son, évidemment, ambiance de boxon, certainement, pour une mise en terre qui souffre d’un sol aride, très difficile à percer en hiver. Atmosphère froide comme un mois de décembre scandinave, pour une litanie d’horreur que « Bled Dry By The Night » ne vient aucunement contredire de son accélération. On se croit en pleine montée en puissance de l’époque glorieuse du DEATH de transition, qui aurait anticipé de sa Floride natale tous les débordements de l’école suédoise à venir. C’est puissant, autant qu’un Death old-school peut l’être, crédible évidemment, par passion, mais surtout aussi efficace qu’un infarctus au crépuscule d’une vie trop courte, et allusif aux tendances en vogue dans les années 90, lorsque la batterie décide de monter dans les tours sans détour. « Hatchet Crimes » calque d’ailleurs le tempo en vogue à cette époque, et nous laisse headbanguer à nous rompre les cervicales, en accumulant les clins d’œil au séminal Clandestine, dont il reprend les accents de « Blessed Be », solo compris. Vous l’aurez donc compris, avec seulement cinq morceaux, les américains de SENTIENT HORROR donnent crânement le change à bien des formations plus confirmées, et dominent du chef la vague de nostalgie qui nous engloutit depuis une bonne décennie. Une bonne façon de rappeler qu’avant les excès de la technologie, le Death était sans doute le style le plus viscéral de l’extrême et qu’il a su le rester dans le cœur des fans. Et des musiciens qui n’ont pas oublié.
Pénétrez cette crypte à vos risques et plaisirs. Elle est sombre, humide, glauque, mais on en ressort transcendé. Et mortifié, évidemment.
Titres de l'album:
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21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
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