Suède, Death Metal. Voilà, sans vouloir en rajouter dans les clichés, mais cette association résonne dans les neurones comme celle de l’Italie et de l’opéra, de la France et la musette, des Etats-Unis et du Thrash, et de l’Allemagne et du Heavy Metal pur jus. Admettons une fois pour toutes que ce petit pays du nord de l’Europe a révolutionné le genre à la fin des années 80, et que les théories développées à l’époque servent toujours d’assise aux groupes old-school de notre ère. Nonobstant cette appellation contrôlée qui oblige les musiciens nationaux à mettre la barre de plus en plus haut, il faut reconnaître que les dits musiciens ont deux options : respecter les commandements et les appliquer tels quels à grands coups de HM-2 et de grognements gutturaux, ou prendre le risque d’y imprimer leur patte, sachant pertinemment qu’ils risquent de se casser méchamment la gueule sur la pente de la prétention. Mais partant du principe qu’à force de regarder dans l’abime, l’abime finit par regarder en vous, certains ont le culot de croire qu’ils peuvent devenir plus evil que les pères fondateurs, en modulant légèrement leurs enseignements pour les rendre encore plus létaux. Ainsi vogue la barque des PUTERAEON depuis la fin des années 2000, et bien que leur nom de baptême évoque plus volontiers une insulte en basque qu’une entité diabolique scandinave, leur musique est l’une des plus féroces et efficaces du marché. Pas étonnant au vu du passif du groupe, qui depuis son premier album, repousse les limites de la fascination pour Lovecraft et ses écrits ésotériques. Avec sous le manteau des produits de qualité, le groupe s’en revient donc avec un quatrième longue-durée sous le bras, largement à la hauteur des trois premiers, The Esoteric Order (2011), Cult Cthulhu (2012) et The Crawling Chaos (2014).
Il aura donc fallu six ans au quatuor (Jonas Lindblood: guitare/chant, Daniel Vandija: basse, Anders Malmström: batterie et Rune Foss: guitare, chœurs) pour écrire une suite à leurs sombres aventures, mais l’attente en valait clairement la peine. Il ne suffit que d’un seul morceau et quelques minutes pour achever de convaincre le fan de Death à la suédoise que les PUTERAEON font partie du haut du panier de la méchanceté musicale venue du froid. Se réclamant bien sûr des plus grandes influences du genre (ENTOMBED, DISMEMBER, GRAVE), les originaires du comté de Västra Götaland signent avec The Cthulhian Pulse : Call From The Dead City le plus grand album de Death nostalgique de l’année, le plus puissant, le plus violent, le plus intelligent, et le plus maléfique. Certes, le mois de juillet se termine à peine, mais il n’y a pas grand effort à faire pour savoir que la concurrence va être obligée de se dépasser au-delà de toute limite pour tenter de surpasser la puissance de ce quatrième album qui sonne comme une déclaration de guerre à la normalité et au passéisme. Se basant sur la froideur effective des tendances de son pays, le groupe accentue les aspects les plus agressifs, et propose de courtes chansons, directes mais aux arrangements léchés, un son de guitare qui ridiculise les enterrements de première classe de l’époque, et une ambiance générique en forme de fournaise dans un pays où le froid domine le climat presque toute l’année. D’ailleurs, The Cthulhian Pulse : Call From The Dead City malgré sa durée à de faux-ars de nuit éternelle, mise en page par le grand Lovecraft lui-même, la plume acérée et l’envie de nous réserver un destin funeste intacte. Et après la maousse intro « Horror In Clay » qui nous présente au Golem, modelé de la boue la plus infâme pour foutre le bordel chez les croyants et bigots, « The Sleeping Dread » rentre dans le vif du sujet de son entame débordant de fills, de riffs énormes, et d’un son à réveiller tous les morts tombés au champ d’horreur.
Mixé et masterisé par la légende Dan Swanö, ce quatrième long est un modèle de Death actualisé qui n’a rien perdu de son efficacité de départ. D’ailleurs, Dan, pourtant rompu à l’exercice et au CV aussi chargé qu’une fosse commune n’hésite pas à se montrer dithyrambique à propos de sa collaboration avec PUTERAEON. Il déclare à postériori à propos de cet album qu’il est « l’un des meilleurs albums que j’ai mixé, et certainement le meilleur album du groupe à ce jour ». Et si la déclaration enthousiaste a tout du discours promotionnel, je ne peux que partager la fierté du producteur qui en effet, s’est attaqué à une charge massive, pour en amplifier encore plus la portée. Impossible de résister à cette fougue qui parvient à combiner la froideur suédoise et l’énergie américaine, sans paraître opportuniste ou trahir l’un des deux camps. En trente-sept minutes à peine, les suédois parviennent à mettre en musique le débarquement d’une horde de démons sur la terre, ravageant tout sur leur passage, et ne laissant que sang et os derrière eux. Rarement production aura été en telle adéquation avec une musique aussi mystique que pragmatique, et aucun titre ne déçoit ni ne baisse de régime. « Permeation », plus classique et Heavy rappelle l’époque glorieuse des premiers albums nationaux, avec ce son de guitare si symptomatique et rigide, et les nombreuses accélérations et breaks confèrent à l’œuvre une aura presque surnaturelle. Titres courts qui percutent et bousculent, idées classiques transcendées par une interprétation des plus hargneuses, chant grave et convaincant sur la durée, ambiance de mort et de massacre organisé, pour une fête de l’occulte qui tourne au triomphe du mal absolu.
J’ai connu des centaines d’album du créneau, me suis fait les dents sur les précurseurs, les suiveurs, ceux qui parvenaient tant bien que mal à réactualiser le genre, mais j’avoue n’avoir été que très rarement le témoin d’une telle boucherie. Parvenant à rivaliser avec tous les cadors, The Cthulhian Pulse : Call From The Dead City est en passe de devenir l’une des pierres angulaires du genre, avec sa méchanceté permanente que l’on sent au moindre riff de « The Curse », alors même que ce quatrième chapitre de l’aventure fait partie des plus mélodiques de ses auteurs. Double grosse caisse implacable, utilisation des ambiances terrifiante d’efficacité, poussées de fièvre Heavy à donner la gerbe à Lars Goran Petrov (« Into The Watery Grave »), créativité dans le classicisme, pour atteindre parfois les tréfonds d’un enfer qui ne supporte que la violence la plus crue (« Terror At Sea »). Alors, de là, une seule conclusion s’impose. Faites entièrement confiance à Dan Swanö et écoutez The Cthulhian Pulse : Call From The Dead City. Au risque de ne plus rien supporter d’une qualité inférieure pendant de longs mois. Car cet album fait non seulement partie des meilleures réalisations d’une année non terminée, mais aussi d’une décennie qui ne va pas tarder à l’être.
Titres de l’album:
01. Horror In Clay
02. The Sleeping Dread
03. Permeation
04. Nameless Rites
05. The Curse
06. Legrasse’s Puzzle
07. Into The Watery Grave
08. Call Of R’lyeh
09. Terror At Sea
10. The End Cometh
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