Incongruité géographico-stylistique du jour. Un musicien japonais de Tokyo, seul dans son propre groupe, et qui joue du True Death à la suédoise. Pas banale celle-là hein ? Et pourtant aussi étrange sonne ce postulat sur papier, ça résonne en musique. Et pas qu’un peu, parce que le bonhomme en question connaît ses classiques et ne balbutie jamais sa récitation. Qui d’ailleurs est loin d’un assemblage de strophes déclamées par cœur, loin s’en faut. C’est donc la surprise du jour, made in Japan, mais qui n’a rien à voir avec DEEP PURPLE je vous rassure. Non, ici, nous côtoyons plutôt les côtes suédoises, celles qui furent ravagées à l’orée des nineties décimées par des bestiaux en rut, décidant soudainement que le Thrash n’était plus suffisant. Leurs échos ont donc pris leur temps, mais ont fini par résonner jusqu’à Tokyo, et aux oreilles d’Infernal Demolisher, capitaine d’un navire voguant sur des mers secouées par les vents nordiques déchaînés. Membre ou ex-membre de combos obscurs comme ANCIENT COSMOS et/ou DAEMONIAN, l’homme n’est pas du genre à s’embarrasser de principes, ni d’acolytes, se débrouillant seul pour composer et enregistrer, en maniant la guitare, le micro, la basse et la programmation comme un combo à part entière. Outre ses propres qualités, on ne peut lui nier une certaine honnêteté. Dès la couverture de sa page Facebook, il prévient les éventuelles âmes perdues que sa musique s’adresse à priori aux fans déjà comblés de DISMEMBER, ENTOMBED, VOMITORY, GRAVE et autres UNLEASHED, et on ne viendra certainement pas le contredire à la nuit tombée. Il est vrai que les accointances énoncées sont assez vraies, même si le musicien aurait tout aussi bien pu aborder le cas des éternels PESTILENCE, dont ses titres semblent assez emprunts des sonorités bestiales. Mais inutile de se livrer à une énumération exhaustive des références de ce projet MORBID ART, puisqu’il mérite amplement son nom, et se pose là en tant qu’hommage même pas déguisé à une scène que personne n’a jamais oubliée.
The Cult Of Flesh démontre en quarante minutes qu’Infernal Demolisher a méchamment bien travaillé sa partition. Pour un peu, et en toute absence d’informations, on s’y croirait. Revenu au temps béni des rythmiques pétries et des vocaux gravement vomis, lorsque les Like An Ever Flowing Stream, The Left Hand Path et autres Where No Life Dwells nous chatouillaient le marteau et l’enclume de leurs accents rigoristes et de leur violence ascétique. Il serait éventuellement possible aussi, dans un excès de zèle, de préciser que l’ombre d’ASPHYX et de COMECON plane bas au-dessus de cette première réalisation, en tout point excellente, mais c’est une chose que vous constaterez séance tenante, dès que les premières mesures de « Toxic Fog » feront s’abattre une chape de brouillard sur votre regard hagard. Le morceau en question, placé en directe lignée d’une longue intro bien troussée, ne perd pas de temps à expliquer le pourquoi du comment, et s’engouffre dans la brèche comme un méchant courant d’air qui vous expulse les glaires. Vélocité, brutalité, production glacée, tout y est, y compris les blasts enfumés qui nous entraînent sur les pistes gelées de la Suède d’il y a quelques années, singeant même les tics vocaux du batave Martin Van Drunen sans trop paraître hors-sujet (d’ailleurs, le bougre officiant sur le second album des COMECON locaux, le thème est assez à propos). Mais loin de se contenter de repiquer des plans pour mieux les replanter, notre ami japonais appose sa griffe à l’édifice, et tricote quelques motifs plus personnels qui évitent à son premier longue-durée de sombrer dans l’hommage éculé et déplacé. S’il a emprunté les sons de guitare si typiques de la première vague Death du Nord, ses accélérations sont en tout point dignes des énervements les moins contrôlés de son pendant US, et finalement, ce The Cult Of Flesh n’est pas si 100% scandinave qu’il n’en a l’air, bien au contraire.
Evidemment, tout ceci pourrait sans pâlir prétendre sortir des studios Sunlight, mais comme notre musicien du jour sait aussi trousser des hymnes braillards, l’équilibre entre passéisme et nostalgie est bien rempli, et un morceau de la trempe du terrassant « Harm », de par son riff gigantesquement redondant, montre un potentiel individuel assez flagrant, et nous enthousiasme de son allant. C’est éminemment puissant, volontairement cruel, mais intelligemment actuel, et surtout, direct. Ainsi, « Necrofuck », déjà proposé en single sur son Bandcamp taquine le spectre des jeunes années d’ENTOMBED, et signe l’un des hymnes Speed/Death les moins intimes, mais les plus percutants. Une rythmique virevoltante qui n’oublie pas la basse derrière les rideaux, une guitare décidemment bavarde mais pertinente, quelques arrangements discrets pour agrémenter, et un chant râpeux bien régurgité, pour des influences assumées, mais clairement assimilées. Le Death de MORBID ART est à l’image de son patronyme, artistique et morbide, et saura convaincre les plus puristes de la validité de ses arguments. En soignant des morceaux ambitieux, l’instrumentiste/compositeur nous prend au sérieux, et ne se contente pas d’une simple retape express histoire de capitaliser sur un quelconque manque, et nous prouve à l’occasion de « Rotten To The Core » et « Summon The God of Plague » qu’il en a sous le talon. Deux fois six minutes pour un tour d’horizon complet, et plus fourni qu’une simple anecdote en passant, accumulant les mélodies vengeresses et les constructions pleines d’adresse, pour un Death progressif vraiment riche, que les suédois pourraient bien lui envier. Le bonhomme sait faire hurler sa guitare, et sait se montrer créatif même lorsqu’il est tard, et donne crânement le change à toutes ces formations actuelles qui confondent plagiat mortel et inspiration plurielle.
Impossible de résister à l’ouragan déclenché par « Torment In Hell », qui sonne d’ores et déjà comme un classique du genre, avec son intro soufflante et épique de violence, et son riff principal gras comme des bourrelets de macchabé sur une table de dissection bien nettoyée. Impossible de même de faire la sourde oreille à l’orgie sonore de « Food For The Worms », qui évoque sans pareil le régal d’asticots en train de se goinfrer de notre peau, tout en accélérant le tempo pour être à l’heure à l’apéro. Méchamment bourrin, techniquement malin, éthiquement certain, ce premier LP est d’une incroyable qualité, sans payer de mine, mais en la taillant de près. Il se termine d’ailleurs par une éjaculation d’ultra-brutalité qui éclabousse votre visage médusé, et « The Cult Of Flesh » de nous laisser complètement rétamé par un déversement de blasts liquoreux et de riffs fielleux, qui achèvent de transformer ce premier essai en coup de maître déguisé. Alors certes, j’en conviens, il est japonais, seul, et joue du Death Metal à la suédoise. Mais finalement, il pourrait tout aussi bien être suédois, à cinq, et jouer du Grind à la japonaise. Et il n’y a rien d’incongru dans cette mayonnaise, qui prend.
Titres de l'album:
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