Pendant ce temps-là, à Santiago du Chili…Ben justement, quoi pendant ce temps-là ? Et bien les choses suivent leur cours, un peu comme partout ailleurs d’ailleurs, et pour le cas qui nous intéresse, les thrasheurs thrashent, les mosheurs moshent, et tout le monde se retrouve pour une belle sarabande en riffs massifs et rythmiques majeures, un peu pour suivre la tendance, mais surtout pour exhorter une saine colère envers un monde de plus en plus corrompu, injuste, et qui permet aux plus nantis de s’en mettre plein les poches pendant que le peuple souffre et peine à se rebeller.
Comment exprimer dès lors cette haine de l’autre ? Simple, en choisissant le créneau d’un Thrash Metal old school de celui qui nous déverse sa bile avec une régularité déroutante depuis une dizaine d’années.
Vintage Thrash ?
Vintage Thrash et vous l’auriez parié j’en suis sûr, puisque un bon quart de mes chroniques s’attachent justement à vous permettre de suivre l’avancée du mouvement.
Mouvement qui nous emmène ce matin du côté du Chili donc, pour y faire la connaissance d’un quatuor local se repaissant des émanations de la Bay Area des années 80.
En substance, les BLOODY ENGINE n’ont rien de plus, ni rien de moins que la plupart de leurs homologues du genre.
Formé en 2014, et auteur d’un premier EP en 2015, The Mind Disease, ce quintette (Nicolás Oyarce, Alvaro Perez, Jaime Lepe, Claudio Miranda et Diego Medina) nous offre avec son premier longue durée un joli survol de la thématique, en usant des codes en vigueur depuis trois décennies, et en les maniant à sa guise sans leur manquer de respect.
En ce sens, The Culture of Fear, de ses thématiques à son instrumental ne joue pas les provocateurs, mais suit les enseignements des anciens, en y apportant sa touche personnelle qui permet à l’auditeur potentiel de passer de longs plans en mid tempo à de subites accélérations pas si éloignées du Thrashcore qu’on aurait pu le penser. Tout ceci est très formel et imprégné de culture US épicée d’une petite touche de violence sud-américaine, mais reste assez modéré dans l’agression sans tomber dans le Heavy Thrash encore tiède alors qu’il vient juste d’être réchauffé.
Néanmoins, cette attitude ambivalente emprunte de formalisme radical n’est pas dénuée d’une certaine folie Hardcore symptomatique des groupes d’Amérique du Sud, comme le démontre un morceau aussi essentiel que « The Right To Decide », qui en moins de cinq minutes, compile l’approche mélodique de METAL CHURCH, la puissance de TESTAMENT, en jouant son va-tout lors de breaks impromptus flirtant avec les limites de vitesse des CRYPTIC SLAUGHTER et autres ASSASSIN. Et si l’entame « Still Alive » se plaît à nous introduire à l’univers des BLOODY ENGINE via des nappes acoustiques que le BLACK SABBATH de « Planet Caravan » n’aurait pas reniées, elle tombe vite dans un Metal mordant et sautillant mixant l’ironie rythmique de MEGADETH aux guitares mutines et tranchantes d’un LAAZ ROCKIT, moins complaisant qu’à l’habitude.
Les intonations vocales du chanteur de BLOODY ENGINE font penser à un mix de gorge entre la sourdine de HEXX et les médiums de David Wayne, et sur un morceau de la trempe de « The Last Link In The Chain », tout en contretemps, le mélange opère à plein régime, sans pour autant sortir des sentiers battus.
Pour cela, il faut plutôt s’orienter vers « Femicide », l’un des brulots les plus efficaces et ciselés du lot, qui après une très belle intro de plus d’une minute, concasse des riffs à la MORTAL SIN, avant d’accélérer le tout pour faire atteindre à l’intensité une vitesse de croisière tout à fait honorable.
Saccades précises, up tempo entraînant, chant qui gagne en agressivité, le cocktail s’agrémente de chœurs très bien placés et d’un refrain efficace et endiablé, et s’avale d’un trait, comme un classique de HOLY TERROR en pleine envolée.
Mais les Chiliens sont aussi capables d’être plus directs et concis, et l’enchaînement du diaboliquement catchy « Schizoul » et sa folie à la SEPULTURA/INDESTROY, alternant les broncas supersoniques et les écrasements Heavy/Core, et « Killing Flaites » et sa démence Thrashcore est imparable, et relance l’intérêt d’un album décidément pas avare de surprises.
Grosse basse qui claque, pluie de guitares en gouttes ordonnées qui se désassemblent soudain pour se concentrer en déluge plombé, chant vindicatif et concis qui exhorte ses textes à l’esprit revanchard, les quarante minutes de The Culture of Fear sont savamment exploitées, et parfois d’un feeling Speed savoureux (« Liquid Hell », aux mélodies malicieuses et à la rythmique très joueuse), ou au contraire d’un allant progressif ambitieux.
Le son plutôt sec sert parfaitement des compositions qui refusent l’esbroufe et préfèrent laisser parler la musique plutôt que les effets, ce que confirme le surpuissant « The Mind Disease », qui multiplie les plans tout en restant cohérent et d’une progression logique, rappelant de plus en plus le très mésestimé EP Quest For Sanity de HEXX, dans une version beaucoup moins linéaire.
« Bloodsucker » termine plus ou moins le travail de sape tel qu’il avait été entamé sur « Still Alive », mais en profite pour semer quelques accroches et autres gimmick qui dynamisent cette conclusion et nous laissent sur une très bonne impression.
Efficace, concis mais ne crachant pas sur quelques fantaisies, les BLOODY ENGINE affirment leur personnalité, et finissent par séduire sans astuce tape à l’œil, mais en se reposant sur des morceaux intelligents et sautillants, sans jamais tomber dans la mièvrerie ni la redite insipide.
Et dans un registre brutal couvrant un spectre intégral (Speed, Thrash, Thrashcore, Heavy Metal), et accumulant les changements de ton, The Culture of Fear se taille une jolie place au soleil d’un Thrash glouton et permet à ce sympathique ensemble Chilien de se faire un nom.
Un nom qu’on retient, et qui donne envie d’en savoir plus.
Titres de l'album:
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