Au-delà du jeu de mot plus ou moins habile de son patronyme, HEAVYLUTION propose une sacrée mixture de Heavy et de Power Metal, que le groupe lui-même assume en y ajoutant quelques composantes. (Presque) tout y passe, du Thrash au Progressif en passant par le Heavy mélodique pour un melting-pot qui ne manque pas d’ambitions. Mais après une décennie de silence, c’était la moindre des choses. L’introductif Children of Hate nous avait laissés sur notre faim, et le long silence qui l’a succédé n’a pas fait grand-chose pour y remédier. Mais admettons que les arcanes de l’underground soient impénétrables, et célébrons en fanfare le retour d’un des fils les plus éventuellement prodigues de la scène française, qui avec The Cycle nous en propose un assez intéressant.
Un cycle parfaitement illustré par l’omnipotent Stan W Decker, qui nous a encore pondu un graphisme à couper le souffle. Les teintes chaudes, le rétro-futurisme, l’ambiance post-ap, tout y est, et colle au plus près d’une réalité musicale plurielle, mais ancrée dans une tradition de genre.
Olivier Dupont (guitare), Paul Eyssette (chant), Laurent Descours (batterie), Benjamin Vidal (basse) et Loïc Chalindar (guitare) en ont donc encore dans la musette, et se paient même le luxe d’une tétralogie inspirée par l’œuvre d’Isaac Asimov, et de ses nouvelles Foundation. Plus de vingt minutes de voyage en entame d’un deuxième album, c’est une belle preuve de culot, et un pari emporté haut la main. Les nuances, cette manière d’envisager le Heavy sous toutes ses fragrances, ces allusions Power et ces accents thrashy contribuent à nous immerger dans un monde étrange, fait de machines et de ruines, d’humains et de souvenirs, qui mis bout à bout forment une longue symphonie à la flamboyance du Heavy le plus noble. Mais pour une meilleure compréhension, rappelons-nous ici des thèmes traités par l’écrivain :
22 000 ans environ dans le futur, soit 13 à 15 millénaires après la perte de la Terre dont les Hommes ont oublié l’emplacement depuis qu'elle est devenue inhabitable, un Empire galactique s’est formé qui englobe toute la Voie lactée et regroupe 25 millions de mondes habités. Sa capitale, Trantor, est la planète la plus proche du centre de la galaxie ; elle est entièrement recouverte de dômes en métal, seul le palais impérial est à l'air libre.
Passionnant, et surtout, traduit dans un langage musical fort et expressif. En misant gros sur le travail des guitares, HEAVYLUTION parvient à conjuguer la puissance de JUDAS PRIEST et PRIMAL FEAR, tout en se montrant allusif au lyrisme de SAVATAGE et SORTILEGE. Le mélange est donc assez gouteux, fort en bouche mais délicat sur le foie, et les ambiances développées, entre dystopie chargée et avenir incertain contribuent à faire de cette première moitié d’album un petit chef d’œuvre en soi. On aurait pu craindre une baisse de régime suite à un passage vers des morceaux non liés, mais heureusement pour nous, les stéphanois sont restés concentrés, et âpres à la tâche.
Production gigantesque qui propulse la navette via une rythmique épaisse et précise, tout en tirant des plans de vol incroyablement précis en mélodies mineures et à-coups majeurs. L’atmosphère est donc parfaite pour s’immerger dans un concept maison, et si « Rain of Lies » vient mettre un terme à cette odyssée dans les limbes de la science-fiction, c’est pour mieux nous ramener dans le giron d’un Metal intrépide à la MAIDEN des grands jours.
Soulignons le coffre impressionnant de Paul Eyssette, qui utilise ses capacités à plein régime, et qui module comme une vraie diva. Il y a du STRATOVARIUS là-dessous, mais aussi pas mal d’indicateurs de la scène allemande des années 90, pour un unisson puissant et fédérateur. Les frenchies ont bien grandi, et sont désormais prêts à assumer un éventuel statut de tête d’affiche européenne.
La seconde partie, moins théâtrale mais pas moins passionnante privilégie les formats plus courts, et nous assène de bons coups derrière la tête, tâtant du Thrash léger pour mieux nous bousculer. « Deadly Science » saccade mortel comme un ANNIHILATOR de l’espace, agitant ses drapeaux pour montrer patte blanche, tout en gardant ses armes chargées. On trépide, on s‘agite, on dodeline, tant la chaleur dégagée par ces chansons est contagieuse, et ces refrains envoutants.
Sûr de son fait, HEAVYLUTION taille dans le gras et ne garde que les aventures les plus musclées. « The Earth Will Remain » insiste sur ce côté Power Thrash qui permet au Heavy classique de se faire les triceps, avec encore une fois, cette maitrise incroyable dont fait preuve Paul Eyssette dans les graves comme dans les aigus. Capable d’imiter Ralf Scheepers, Udo, Ronnie Atkins ou Ronnie James Dio, le vocaliste s’adapte à tous les registres, et permet à The Cycle de briller de mille feux.
Et cet album a fière allure à la lumière de l’actualité.
Là où beaucoup d’œuvres du cru privilégient l’apparence à la personnalité, HEAVYLUTION dose les deux à parts égales, et accouche d’un monstre. « Led to Ruin », toujours aussi hargneux, « Shepherds of Fear » lourd comme du ACCEPT contemporain pavent la voie royale à l’épilogue « Travel for Life » qui renoue avec la grandiloquence de la première partie d’album, grâce à un habile jeu de cordes acoustiques et d’un crescendo dramatique très sensible.
The Cycle est un redémarrage en côte sans forcer sur l’accélérateur. Un simple coup de pied sur la pédale a suffi aux stéphanois pour retrouver la route, dont ils comptent bien bruler le bitume. Sacrée cylindrée, sacré carrosserie, une combinaison fatale qui vous laissera la tête dans les gaz d’échappement.
Titres de l’album :
01. Exile | Foundation, Pt.1
02. The Plan | Foundation, Pt.2
03. Sacrifice | Foundation, Pt.3
04. Quest or Burden | Foundation, Pt.4
05. Rain of Lies
06. Deadly Science
07. The Earth Will Remain
08. Led to Ruin
09. Shepherds of Fear
10. Travel for Life
Armé et dangereux, il a été flingué par la police de SF. Visiblement il est allé jusqu’au bout du concept du nom du groupe..
03/05/2025, 08:03
Oui les subventions il suffit d'un pas qu'ils perçoivent de travers (ce qui n'est pas forcément le cas dans une scène) et t'es hors système. C'est un immense problème, peu importe ou l'on se situe économiquement, dans le syst(...)
01/05/2025, 23:51
Je suis sur le dernier de mon côté, Malignant Worthlessness, sorti cette année. Du tout bon, même si il n'y a plus l'effet découverte "c'est qui ces tarés !?"
01/05/2025, 22:41
Tout le monde voyait bien ces difficultés dans l’activité de la salle depuis la pandémie, et j’étais au courant par plusieurs biais des soucis d’un autre ordre. Les lecteurs de Metalnews savent bien que je suis un habitué des lieux depuis vingt(...)
01/05/2025, 21:22
Je sais bien que je tourne en rond mais le principale problème c'est le manque de renouvellement du public, autant j'ai maudit ces courant type metalcore/deathcore, ils apportaient un nouveau public. Je suis trentenaire et parfois je me sens jeune dans un concert black/death meta(...)
01/05/2025, 19:06
Le nouveau line-up est top ! Mais le morceau ne me fait pas grimper au rideau... Finalement j'aime Suicidal quand c'est plus Metal que Punk, avec les solis magiques de Rocky George. Bref, je suis un nostalgique, et même si je serai intéressé pour revoir le groupe sur(...)
01/05/2025, 17:54
Qui écoute encore cet album en 2025? Groupe que je découvre que maintenant... Quel album ! Tourne en boucle
01/05/2025, 16:57
Bah c'est très moderne en effet et malheureusement, je ne sais pas si le public de ce style en core est très assidu aux festivals. Au-delà du fait que le niveau de popularité des groupes soit un ton en dessous par rapport au passé glorieux du festival. Mais(...)
01/05/2025, 09:15
Il y a vraiment un problème de la place de la culture dans notre société...
01/05/2025, 09:11
C'est clair que ça fait mal au cul de voir la prog' du festival depuis quelques années... faut pas s'étonner hélas que le public se fasse de moins en moins nombreux, alors qu'avant le Covid l'affiche avait chaque année de la gueule !
29/04/2025, 13:37
Première écoute décevante, la seconde plus convaincante. Malgré tout un peu déçu après le très bon World Gone Mad
29/04/2025, 08:26