Fiévreux, puis douché tiède. C’est ainsi qu’on peut résumer mon état d’esprit à l‘annonce du retour de MORDRED en 2020 pour un EP, puis après l’avoir écouté. Il y avait d’ailleurs une dualité de sens à propos de Volition, puisque ce format court rassurait d’un côté sur la capacité de MORDRED à retrouver ses talents fusionnels passés, mais aussi un sentiment d’inachevé en constatant que le groupe de San Francisco cherchait simplement ses marques avant d’aller plus en avant…peut-être. Sachant que vingt-six ans séparaient cet EP de leur dernier album officiel The Next Room, il n’y avait pourtant rien de surprenant à constater que Scott et les siens avaient préféré jouer la sécurité plutôt que de s’exposer, et risquer la déconvenue du siècle. Mais les fans d’In This Life et Vision savaient que même les années n’avaient pas de prise sur la folie des musiciens, et espéraient un retour en forme une fois la température de l’eau prise. En pleine vague nostalgique, et après le retour de valeurs sures des eighties et nineties (EXHORDER), ou de déconvenues historiques (le dernier et catastrophique HEATHEN), le sextet retentait donc sa chance en mettant tous les atouts de son côté, proposant un line-up presque identique à leur chef d’œuvre In This Life.
La formation légèrement renouvelée (Scott Holderby - chant, Danny White - guitare, James Sanguinetti - guitare, Art Liboon - basse, Aaron "DJ Pause" Vaughn - platines / claviers et le petit nouveau Jeff Gomes - batterie) revient donc par la grande porte de la fiesta, arborant des couleurs absolument magnifiques émergeant de la palette sublime de Claudio Bergamin (JUDAS PRIEST'S FIREPOWER), nous offrant ainsi le plus bel artwork de ce premier semestre 2021. Mixé par le spécialiste des chantres de la Fusion Matt Winegar (FAITH NO MORE, PRIMUS, COHEED & CAMBRIA), The Dark Parade et son graphisme digne d’une fête folle organisée conjointement par ALESTROM, DIABLO SWING ORCHESTRA et IRON MAIDEN est donc la fête promise par les membres du groupe, comme si l’année COVID avait besoin d’être enterrée sous une épaisse couche de fun. Le plaisir est donc bien présent comme les riffs d’antan, la voix de Scott est toujours aussi roublarde, mais les samples d’Aaron prennent de plus en plus de place, au point de faire office de chant principal sur certains titres. D’ailleurs, « Demonic #7 » impose une structure à la limite du Hip-Hop des années 80, avec son mélange d’effets et son ambiance street très prononcée. Danny White explique d’ailleurs plus ou moins les tenants et aboutissant de ce morceau, très intelligemment choisi en single :
La sortie de « Demonic # 7 » arrive au moment où les États-Unis et de nombreux autres pays du monde semblent plus divisés qu’ils ne l’ont jamais été. Alors que nous commençons à émerger provisoirement, espérons-le, du cocon auto-imposé de la COVID, nous nous demandons si les choses vont commencer à s’améliorer, ou au contraire empirer, et nous prouver qu’il existe des royaumes situés encore plus profondément les enfers bibliques.
Il est certain que l’époque n’est pas aux réjouissances, et après une longue année blanche, les groupes peuvent désormais envisager de reprendre la route pour aller au-devant de leur public, dans des conditions encore spéciales avouons-le. Les festivals sortent leurs affiches à nouveau, le booking reprend ses droits, et l’époque a besoin d’artistes qui nous font oublier notre terne quotidien de ces douze ou treize derniers mois. MORDRED, en bon MC, a bien compris les attentes de son époque, et joue la fiesta, pas celle des POGUES évidemment, pas celle de leurs albums incontournables, mais une fête frappée du sceau 2021, qui garde quand même à l’esprit les sourires et les pas de danse du passé. Ainsi, « The Dark Parade », title-track comme cet album en avait besoin, propose une sorte de proto-samba démoniaque et électrique, et sort les costumes d’Halloween avant l’heure. Globalement, l’album tient ses promesses et la parade passe sous vos fenêtres en émettant un brouhaha tout à fait raisonnable qui donne envie de suivre la foule. Scott est en voix, Danny et James riffent comme des diables qui sortent de leur boîte de nuit, Aaron fait tourner ses platines comme un derviche mixeur, tandis que la nouvelle rythmique Art/Jeff tourne à plein, régime, s’adaptant aux humeurs d’aujourd’hui en rappelant la créativité d’hier.
Volition n’était donc qu’un petit trot d’essai, et The Dark Parade, la cavalcade qu’on attendait. En gardant la concision sous le coude, le groupe a joué la brièveté, et n’a surtout pas fait preuve d’un trop grand appétit. Ainsi, huit morceaux seulement pour moins de quarante minutes, c’est largement suffisant pour ne pas perdre le rythme ni le cap.
Les titres, dans l’air du temps, proposent un rapide survol de la carrière des californiens, évoquent parfois un FAITH NO MORE assez énervé (« Malignancy »), se souviennent de la vague Fusion des nineties qui elle-même suivait l’exemple de groupes fondateurs comme FNM et MORDRED, tandis que ces deniers ont trouvé une fois encore le plus parfait équilibre entre Thrash et syncope Funk.
On pourra éventuellement reprocher à la production ce côté un peu fouillis dans les médiums, quasiment absents du mix, mais tout le monde se retrouvera autour de « I Am Charlie », hymne comme la génération old-school n’est plus capable d’en faire depuis longtemps, même si certains automatismes semblent encore un peu trop envahissants. Mais le groupe le souligne, la parade est sombre, et la tonalité de l’album aussi, malgré les maquillages de clowns et les tics euphoriques. Beaucoup plus conséquent artistiquement parlant que cet EP sorti un peu à la volée pour donner la becquée, dense, efficace et trépidant, avec des chœurs omniprésents (« All Eyes on the Prize »), dansant, avec beaucoup d’arrangements (« Dented Lives »), et bien évidemment surprenant (« Smash Goes The Bottle », rock n’groove en diable), The Dark Parade est une réussite globale, détonant dans le paysage vintage actuel de son désir de rejoindre l’avenir au passé, mais cohérent, festif, et en même temps craintif et annonciateur de temps troubles à venir. La fête est différente, moins insouciante, mais les glorieuses eighties/nineties sont loin derrière nous désormais, et un simple souvenir.
Titres de l’album:
01. Demonic #7
02. Malignancy
03. I Am Charlie
04. Dragging For Bodies
05. The Dark Parade
06. All Eyes on the Prize
07. Dented Lives
08. Smash Goes The Bottle
J ai cru voir un chuck billy
Yep, vu aussi !
Alors, autant j'apprécie beaucoup Wolfheart, et cette news ne va rien y changer, autant, pour moi, l'Arabie Saoudite est l'un des pires pays au monde... Alors, je ne suis pas arabophobe, mais ce pays pue terriblement ! Je plains les Saoudiens (et surtout les Saoudiennes) qui(...)
21/11/2024, 18:01
"...jouer un concert en Arabie Saoudite. Un honneur absolu et un privilège. Les loups du nord apporteront la tempête hivernale à Riyad !"Un véritable honneur absolue de jouer en Arabie Saoudite, la ou les apostas sont condamnés &agra(...)
21/11/2024, 08:46
Quand on se souvient du petit son des années 80... Mais la prod ne fait pas tout, ça reste du pilotage automatique. C'est pas avec un truc pareil que je vais me réconcilier avec eux, et ça fait 20 piges que ça dure.
19/11/2024, 21:57
J'avais pas vu cette chronique. J'étais au soir avec Ulcerate et je n'ai pas du tout regretté...Le lieu : il y a forcément un charme particulier à voir ce genre de concert dans une église, surtout que le bâtimen(...)
15/11/2024, 09:51
Le who's who des tueurs en série. Un plus gros budget pour l'artwork que pour le clip, assurément. (...)
14/11/2024, 09:20