Alors que l’été semble enfin pointer le bout de ses rayons, alors que le climat aux Etats-Unis est chaud bouillant et que la population n’a cure des mesures de sécurité empêchant la propagation du virus, alors que nous avons dû apprendre à vivre différemment, des suédois proposent une bande-son de cette existence pour le moins complexe, et nous assomment d’un Heavy Thrash à la puissance proportionnelle à la rancœur emmagasinée ces derniers mois. Ces suédois sont loin d’être des inconnus, puisque The Decade of Disruption est déjà leur cinquième album, pourtant, le nom de DENIED est encore loin d’être sur toutes les lèvres. Formé en 2003, le combo a eu beaucoup de mal à garantir sa stabilité, son line-up ayant connu moult changements à travers le temps, à tel point que cet album célèbre une fois de plus l’arrivée de nouveaux membres au sein de la formation. Et alors que nous en étions restés à Freedom of Speech et son approche plus mélodique et variée, ces deux années de silence passées à composer et à enregistrer ont permis l’intégration d’un nouveau vocaliste loin d’être inconnu. Fêtons donc l’arrivée de Søren Adamsen au micro, lui qui l’a tenu au sein de formations plus ou moins connues, et qui se présente comme ex-DIGNITY, ex-SERPENT SAINTS, ex-CRYSTAL EYES, ex-CRYSTAL TEARS, ex-FIREFORCE, ex-INMORIA, ex-TWINSPIRITS, ex-RIPE (live), ex-MALADAPTIVE, ex-STARRATS, mais surtout, comme ex-porte-parole des fameux ARTILLERY, le temps de deux albums, When Death Comes et My Blood. Autre mouvement notable, celui du bassiste, poste occupé aujourd’hui par Fredrik Thörnblom, le reste du line-up n’ayant pas changé (Markus Kask - batterie, Chris Vowden - guitare et évidemment Andreas "Andy" Carlsson - guitare et seul membre de la formation d’origine).
Concrètement, qu’apportent ces changements dans l’évolution du groupe qui semblait avoir trouvé sa vitesse de croisière il y a deux ans ? Peu de choses, puisque justement, le style n’a pas vraiment changé depuis 2018 et Freedom of Speech, la superposition d’une puissance décoiffante et de mélodies séduisantes tournant toujours à plein régime. Enregistré aux Darkcellar studios, mixé et masterisé aux Chrome Studios, de Stockholm, en Suède, par Fredrik Folkare (UNLEASHED, FIRESPAWN, NECROPHOBIC), avec des lignes de chant enregistrées aux Medley Studios, de Copenhague par Soren Andersen, The Decade of Disruption est à l’image de sa superbe pochette, féroce, gonflé aux stéroïdes, avide de revanche, et prêt à en découdre, mais surtout, gorgé d’hymnes Heavy Metal teinté de Thrash jusqu’à ras bord, mais aussi de morceaux plus légers et trépidants, que la voix magique de Søren Adamsen met admirablement bien en valeur. C’est ainsi que nous sommes gratifiés d’hymnes au Hard-Rock le plus teigneux, rappelant un mélange entre SKIDROW et JUDAS PRIEST (« Hey Lets Go » et son gimmick de chorus digne des BACKYARD BABIES reprenant les RAMONES), tout autant que bousculé par des bravades Heavy Thrash de la puissance d’un ANNIHILATOR vraiment pas content (« Throwing Bones »). « Throwing Bones » est d’ailleurs l’argument massue pour convaincre les néophytes de l’importance du quintet suédois, avec cette rythmique élastique et cette double grosse caisse intervenant quand il le faut, et ces riffs virils mais redondants qui dynamisent l’écoute comme un « watch out ! » de Ronnie James DIO. Toujours aussi à l’aise avec leur approche, les suédois déroulent les hits, jouent la simplicité et l’efficacité, et ne nous prennent jamais pour des imbéciles en tombant dans la facilité d’un Heavy réchauffé. Doté d’un son vraiment conséquent, ce cinquième LP est vraiment excellent dans le fond, et souvent impressionnant dans la forme, semblant dégager une chaleur au moins équivalente au pessimisme mondial actuel.
Mais ici, pas question de pessimisme et de résignation, mais bien de colère et d’action. En se plaçant dans l’intervalle très délicat du Heavy et du Thrash, les originaires d’Upplands Väsby perpétuent une tradition ardue mise en place par les références d’ICED EARTH, ANNIHILATOR, EPIDEMIC ou le JUDAS PRIEST de Painkiller, mais s’en sortent une fois encore admirablement bien, grâce à un sens de l’à-propos mélodique permettant de ne pas sombrer dans la routine de violence sans sombrer dans les affres de la niaiserie harmonique. Bien évidemment, certains risquent d’être déçus de constater que le premier morceau de l’album est aussi le plus violent, et auront peut-être du mal à accepter les digressions mélodiques postérieures, mais avec un titre de la trempe évolutive de « Walk You Through Darkness », les éventuels reproches sont vite remisés au placard, tant le quintet fait preuve d’une cohésion remarquable rehaussée de quelques arrangements malins. Markus Kask n’a rien perdu de sa frappe éléphantesque et de sa percussion profonde, et l’arrivée de Søren au chant apporte un peu d’air frais à une base instrumentale qui aurait pu sonner redondante. L’homme est toujours aussi à l’aise dans ses variations, offrant une assise vraiment Heavy avant de s’envoler dans un lyrisme toujours effectif, à la manière d’un Sebastian Bach ou d’un Mike Howe. Et lorsque ses acolytes sortent le grand jeu et tirent à vue, le mélange entre les instruments est d’un équilibre remarquable, et l’ambiance survoltée, à l’image du bombastic « What If » qui crame tout sur son passage avant de nous la jouer abordable sur un refrain méchamment mélodique et entêtant. Cet équilibre est stable durant tout l’album, même lorsque le groupe se décide à joue sur la longueur, en lâchant un épilogue long de plus de huit minutes.
Suivant immédiatement un aveu explicite (« We Play Rock N Roll », pas le plus original, mais sautillant en diable et constellé de soli stellaires), « Undergang » est une conclusion ambitieuse pour un album ne manquant pas de panache, et prône une lourdeur assez inhabituelle, se rapprochant d’un Thrash/Doom de première catégorie. Les guitares se font sombres comme une humeur matinale de Tony Iommi, la cadence ralentie au maximum, mais l’effet est optimal, et alors que le fan attend un break de reprise plus qu’évident, l’avancée ne change pas d’un poil, et accepte les interventions en solo les plus fluides, nous prenant à rebrousse-poil. Certains jugeront ce final un peu étrange et en porte à faux par rapport au reste de l’album, mais il est au contraire une porte de sortie appréciable, et un point final assez original. DENIED garde donc le cap, et semble avoir trouvé une configuration lu garantissant un avenir brillant. Et en l’état, The Decade of Disruption est un album de son temps, tendu, hargneux, prêt à bondir à la moindre contradiction.
Titres de l’album :
01. Throwing Bones
02. The Beast
03. Enter The Wolf
04. Hey Lets Go
05. Walk You Through Darkness
06. What If
07. Freedom Rain
08. We Play Rock N Roll
09. Undergang
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