Voici une affaire plus sérieuse que la moyenne. Après huit ans d’absence discographique, l’institution chilienne MENTAL DEVASTATION revient sur le devant de la scène avec un deuxième album qui en appelle déjà un troisième, faisant ainsi le plaisir des fans de Thrash extrême qui commençaient sérieusement à s’inquiéter. Red Skies, en 2013, avait allumé la mèche, mais le pétard mouillé avait fait long feu, ne résultant qu’en une petite implosion en écho via une simple démo en 2018. Il était donc temps de retrouver nos héros dans une posture plus fière, et ce LP distribué par les suédois de Blood Harvest va enfin remettre les pendules à l’heure de Villa Alemana.
Ne tergiversons pas plus longtemps, The Delusional Mystery of the Self Part I est exactement que qu’on était en droit d’attendre de ces truands, qui avaient montré par le passé une large propension à affoler les débats via un rythme de croisière échevelé. Le résultat est donc tonitruant, débordant d’énergie, et drivé par une batterie infatigable qui casse sa caisse claire comme elle fracasse ses cymbales. Pour autant, pas de bestial à la mode sanguinaire sud-américaine à craindre, mais plutôt une exubérance totalement nord-américaine, avec de sérieux clins d’œil à FORBIDDEN, DELIVERANCE, et aux productions les plus solides de la fin des années 80.
Felipe Espinoza (guitare), Alejandro Lagos (basse/chant), Matías Morales (guitare) et Nicolas Pastene (batterie), forts d’expériences extérieures au sein de combos comme BLOOD FICTION, CRITICAL DEFIANCE, THE AGGRESSOR, UNHOLYNESS, TRASCENDENCIA, CALVARIO, NECRORIPPER, PETACA, ARMOURED KNIGHT ou ASEDIO se sont donc recentrés sur le principal, leur carrière au sein de MENTAL DEVASTATION, et après une courte intro, les choses sont mises au point très rapidement pour ne laisser planer aucun doute : les chiliens sont remontés comme des comtoises possédées, et veulent vraiment rattraper le temps perdu en maintenant la cadence et la violence.
De fait, « Ascension » ne perd par une seconde en nous éclaboussant de la plus belle gueulante depuis le séminal « Angel of Death » de SLAYER, avant de se vautrer dans la fange Thrashcore du beat le plus rapide qui soit, sans jamais perdre de sa précision. On pense évidemment immédiatement aux légendaires VIO-LENCE et à leur historiquement sauvage Eternal Nightmare, et les similitudes entre les deux groupes sont certes flagrantes. Riffs fluides en saccades appuyées, chant assez haut perché, BPM qui tombent comme des douilles sur le champ de bataille, l’immersion est totale, et le retour vers le futur probant. On est immédiatement happé dans un vortex de violence, comme ce pauvre homme couché cauchemardant sa chute chez les amis du Robb Flynn jeune, et si la méfiance reste de mise après une attaque aussi franche, le reste des évènements vient nous rassurer quant à la vilénie d’un quatuor assoiffé de sang et de violence.
Outre cette puissance incroyable, c’est la précision dans le jeu qui impressionne. On visualise assez bien les baguettes de Nicolas Pastene virevolter dans tous les sens pendant que les mimines de Matias et Felipe font des moulinets en veux-tu en voilà, et cette ambiance de folie, réaliste et concrète, achève de transformer ce second album en boucherie sonore ultime. Une boucherie qui ne rechigne toutefois pas à couper des tranches plus fines, à l’occasion de passages en découpe vraiment groovy, à la limite d’un Mosh non caricatural, et ce mélange détonnant donne des fourmis dans les jambes et l’envie immédiate de réduire son mobilier en copeaux fins.
Car le tourbillon de démence continue sur « Conquerors », hymne Techno-Bestial-Thrash joué avec la dextérité d’un scientifique chevronné, et le sentiment d’écouter les cousins compétemment barges de CORONER est saisissant, comme si R.I.P était repris en mode 45 tours.
On se dit alors que tout ça ne peut continuer de cette façon, que les muscles vont lâcher, que les esprits vont se détendre, mais « Labyrinth » prouve le contraire en faisant encore grimper la température de quelques points. Musiciens affûtés, osmose globale à la colle forte, enthousiasme, et même en cadeau bonus, une basse proéminente aux tonalités NYHC pour faire briller le tout sans aller taquiner le Crossover lénifiant. Huit ans pour peaufiner un retour, c’est suffisant, et visiblement, les MENTAL DEVASTATION n’ont rien laissé au hasard, chaque détail a été vu et révisé, et pour éviter la redite d’une tempête trop forte, l’album commence sa mutation à mi-parcours, en adoptant les inflexions si chères aux SACROSANCT et autres ANACRUSIS.
Les faux rythmes s’imposent alors, les soli se déchainent, le chant accentue ses harangues, et « The Abyss » de montrer un autre visage, encore plus vicieux, mais moins fugace. « Vulcanic Eruption » propose justement le meilleur des deux mondes, entre CRIMSON SLAUGHTER et EXHORDER version bons élèves, alors que le virage « Perpetual Dualities » revient dans le giron des routes de montagne escarpées aux boucles dangereuses à pleine vitesse.
Petit interlude mélodique hispanique à l’acoustique délicate (« Dans l'Absurde », en français dans le non-texte), avant la charge finale en épilogue progressif et évolutif. « Reflections over the Veils of Death », et ses quasi dix minutes de construction, qui offre justement le chapitre de clôture dont on avait besoin pour introniser The Delusional Mystery of the Self Part I meilleur album Thrash de cette fin d’année 2021 catégorie révélations confirmées.
Centrale nucléaire en surchauffe au système de sécurité infaillible, ce second album des chiliens de MENTAL DEVASTATION est une tuerie sans nom, qui excuse une longue absence. La hargne est à l’ordre du jour, sortez les chiens et la bidoche, les voisins vont encore y laisser quelques mollets.
Titres de l’album:
01. Genesis
02. Ascension
03. Conquerors
04. Labyrinth
05. The Abyss
06. Vulcanic Eruption
07. Perpetual Dualities
08. Time's Echoes
09. Dans l'Absurde
10. Reflections over the Veils of Death
Excellent papier, pour un disque commandé suite à sa lecture, et les 2 morcifs écoutés. Merci beaucoup. En effet, Vio-Lence n'est pas loin parfois.
Merci pour cette belle découverte, tu peux ajouter le Erosion de Mortal Agony dans la name dropping. Super disque
Au vu de la dernière vidéo-ITW en date du gonze sur ce site, pour ce qui est de "feu sacré", il a toujours l'air de l'avoir le mec.Je pars donc confiant.
08/05/2025, 09:17
@ MobidOM :oui, pas faux pour la "captation d'héritage" ! :-/ En même temps, s'il a encore le feu sacré et propose un truc pas trop moisi... De toute façon la critique sera sans pitié si le truc ne tient pas la(...)
07/05/2025, 11:52
Ah ce fameux BRUTAL TOUR avec Loudblast / MASSACRA / No Return et Crusher en 95 ! LA PUTAIN de bonne époque
07/05/2025, 11:04
@ Oliv : Montpellier étant une ville et une agglomération plus petite que Lyon, il n'y a véritablement de la place que pour deux petites salles orientées Rock-Metal-Punk-etc, à ce qui me semble après vingt-cinq ans d'observation. Au-delà,(...)
06/05/2025, 20:29
"Death To All", à chaque fois que je les ai vu ils avaient un line-up tout à fait légitime (dont une fois tous les musiciens qui ont joué sur "Human", à part Chuck bien sûr)Et puis la phrase "Chris Palengat pr(...)
06/05/2025, 20:28
Je ne vois pas beaucoup l'intérêt, et je ne comprends pas pourquoi ils n'ont pas attendu les trente ans de l'album l'an prochain. Ces dernières semaines je me retape les premiers, et ça reste un bonheur.
06/05/2025, 19:29
Vénérant ces albums et n'ayant jamais vu la vraie incarnation de Massacra, hors de question de louper ça (si ça passe à portée de paluche, pas à Pétaouchnok). Un peu comme un "Death To All"...
06/05/2025, 17:11
Ils sont juste trop faux-cul pour assumer le statut de tribute band, voilà tout.
06/05/2025, 16:15
Si je comprends bien il n'y a qu'un seul membre d'origine ? et évidemment que c'est un tribute band, comment l'appeler autrement. à ce point autant commencer un nouveau groupe avec un clin d'oeil, pour affirmer une certaine continuité. Faut assum(...)
06/05/2025, 05:51
Perso, je suis plutôt preneur ! Reste plus qu'à espérer que ce soit à la hauteur de mes attentes !(Faut bien avouer que même si je suis fan de l'album Sick, mon préféré reste Enjoy the Violence ! Quelle tuerie absol(...)
05/05/2025, 23:34
J'ai eu la chance de les voir il y quelques semaines dans une salle stéphanoise chauffée à blanc et je peux vous dire qu'on va entendre parler de ces garagnats dans le monde entier !!!! Du grand art .
05/05/2025, 18:16
Après j'ai 50 balais et je ne vais plus trop a des concerts ou festival et pourtant j'ai le sylak a 10 minutes de chez moi mais ce n'est plus ma tasse de thé et désintéressé de la scène actuelle et l'ambiance qui ne me correspond(...)
04/05/2025, 12:35
C'est très surprenant car Montpellier est bien connu pour être étudiant , dynamique et jeune . Je ne comprends pas ces difficultés car je ne maîtrise pas tout alors qu' a l'inverse dans la région Lyonnaise où je suis , c'est plut&oci(...)
04/05/2025, 12:25
Moi j'y serai !Avec les copains de Sleeping Church Records, on sera sur place !
04/05/2025, 09:55
Je l'ai essayé, alors que je n'écoute plus Benediction depuis beau temps. Ce sont des vétérans et le retour de popularité du Death vieille école leur vaut une certaine popularité, qui n'est pas volée au regard de cette long&ea(...)
03/05/2025, 22:39
T'as même pas le courage de dire que c'est un comportement typique de la population noire américaine, ce qui n'a aucun rapport ici.
03/05/2025, 21:41