Le Rock instrumental à ceci d’avantageux qu’il est un langage universel. Pas de barrière de langue, pas de frontières, et une capacité à fédérer des publics différents. Mais c’est aussi un sous-genre très exigeant, qui ne peut évidemment pas s’appuyer sur un frontman pour capter l’attention. Il convient alors de développer des thèmes parlant - ou chantant - pour que l’auditeur ne se perde pas dans un labyrinthe de notes aléatoires. Les manceaux de COULD SEED ont bien compris les enjeux et les difficultés, et ont choisi de se dispenser de figure de proue, pour se concentrer sur la force d’une musique plurielle, riche, belle et délicatement ouvragée.
Trois ans après leur premier EP Mirage, qui avait permis de les placer sur la carte, les quatre musiciens (Elie Chéron - batterie, Dimitri Even & Jordan Jupin - guitares et Thomas Magloire - basse) sortent un premier long qui pourrait passer pour un deuxième EP au vu de sa brièveté, mais qui est considéré comme un premier album en bonne et due forme. Sept nouveaux titres continuent donc de dessiner les contours d’un monde lumineux, à l’espoir mélodique, qui utilise des vocabulaires différents pour créer son propre mode d’expression. Et à vrai dire, la photo promo montrant des faciès heureux est la meilleure indication quant au caractère intrinsèque de The Drop Crisis : de la joie, du plaisir, beaucoup de finesse et une envie de partage.
Je suis conscient que les termes Post-Rock, Post-Metal et Post-ce-que-vous-voulez sont assez rédhibitoires. On s’imagine souvent d’interminables digressions complaisantes et planantes, dans la plus droite lignée d’un PINK FLOYD repris à son compte par un disciple des DEFTONES, au risque de passer à côté d’un art riche et tout sauf surfait. Mais dans le cas des COULD SEED, les choses sont claires dès le départ. Ce départ, c’est « Another Step Into The Light », qui nous guide vers le soleil et ses rayons qui réchauffent. Avec une belle entame percussive et quelques cocottes de guitare, le quatuor pose les bases de sa philosophie, et accepte la luminescence comme motif principal. Mais comme toute lumière a besoin de ténèbres pour exister, on sent qu’un caractère plus sombre se tisse en filigrane, notamment lorsque les échos lointains tissent des harmonies douces-amères.
Le meilleur des deux mondes pour une logique imparable : l’homme n’est pas lisse, il n’est pas unidimensionnel, mais il est aussi complexe que le monde qui l’entoure.
D’où ces choix multiples qui sont proposés à l’auditeur. Polyrythmie, notes qui s’envolent ou s’écrasent sur la lande, émotion à fleur de peau ou puissance qui brise le dos, la stabilité n’est pas le but, et la sincérité impose des déviations fascinantes. Parfois assez loin d’un Post Metal franc du collier, The Drop Crisis assume totalement ses inflexions plus Rock, pour peindre une toile riche en pastels, en brossés légers et en fond plus assombri par un mélange de noir et de gris. « Pan Pan » a beau gagner la palme du titre le plus ridicule, son contenu est des plus apaisants, tout en restant énergique et entraînant. Il faut dire que le son soutient le propos avec une humilité notable. L’optique analogique permet aux instruments de respirer, de se mouvoir en toute liberté, et entre une caisse claire brute et une réverb naturelle, le voyage est agréable pour les oreilles, qui n’ont pas à se protéger d’elles-mêmes pour tenir le coup.
Inutile de tergiverser, COULD SEED m’a séduit. Dès sa pochette d’ailleurs, aux dorures ressortant sur fond noir, avec cette petite touche violette qui évoque les groupes de Stoner ou de Desert Rock, mondes qui ne sont pas totalement inconnus des manceaux. Les longues plages éthérées évoquent The Joshua Tree, les cendres de Gram Parsons, et ces silences que l’on partage après une longue journée de marche. Une odeur de poussière, un couchant flamboyant, une sensation de liberté qui n’occulte pas les dangers éventuels, voici les sensations procurées par une musique qui regarde les nuages en gardant les pieds sur terre. Car malgré l’allusion Progressive, le quatuor ne tombe jamais dans le piège du démonstratif autocentré.
« Vent Solaire » est une petite merveille qui confirme mon analyse. Plus longue suite de l’album, il évoque avec poésie ces grandes étendues baignant dans la lumière du soleil que le cinéma américain propose parfois dans ses films les plus automnaux. Une sorte de comédie dramatique de la vie, avec ses tourments, ses défis, ses attaques cruelles, et cette obligation de trouver un sens à sa vie, quoi qu’il en coûte. Les nappes de guitare parlent de Gilmour, de Gondry, s’évaporent au couchant, et sonorisent un rêve pastoral, immaculé, au contraste atténué…
La beauté est donc omniprésente sur ce premier album. Elle est traitée sans enjolivement inutile, brute, et animée par cet instrumental sobre et polyglotte qui parle un espéranto Rock compréhensible par le plus grand nombre. Et si parfois, le ton se durcit pendant quelques mesures, c’est pour mieux mettre en valeur ces nombreuses respirations durant lesquelles la basse impose ses circonvolutions, via quelques notes judicieusement placées. « Schwarzwald » en est l’exemple le plus parlant, avec toujours en exergue cette puissance sous-jacente qui explose dans une gerbe d’étincelles Post-Rock.
Si chaque note est à sa place, si chaque arrangement est utilisé de façon parcimonieuse et justifiée, The Drop Crisis respire l’authenticité et la spontanéité. Entre vraie quiétude et simili inquiétude, COULD SEED plante les graines de l’avenir dans un sol encore dur et infertile, en attendant que l’époque permettent la pousse et la récolte. Un avis de conscience, sur une planète au bord de l’implosion, pour une poésie musicale sans mots, sans nom, mais avec un cœur gros comme ça.
Titres de l’album :
01. Another Step Into The Light
02. Pan Pan
03. Le Champs Des Phareoles
04. Vent Solaire
05. Schwarzwald
06. The Drop Crisis
07. Sagarmatha
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