Attention, Sentient Ruin a encore frappé, et pas forcément là où on l’attendait. On sait que le label de San Francisco ne fait pas son marché au même endroit que ses homologues, mais autant dire que cette fois ci, ils ont écumé le monde et ses non-merveilles pour nous dénicher l’épice la plus spectaculaire de la gastronomie bruitiste. Leur écurie est pourtant riche en olibrius se vautrant dans la fange Noise, mais avec les ibères d’EMANATION, les américains ont frappé très fort…Enfin, « les » ibères, disons plutôt « l’ibère », puisque au sein d’EMANATION, un seul homme officie à tous les postes, ce qui en fait le one-man-band le plus cryptique de la création tout du moins pour ceux n’étant pas rompu à l’exercice douloureux du Drone et du BM le plus expérimental.
CG Santos, né en 1979, est de cette caste de musiciens qui refusent de s’ennuyer chez eux. Partie prenante dans des ensembles tels que TEITANBLOOD, LIKE DRONE RAZORS THROUGH FLESH SPHERE, MATHREM, MIDNIGHT SEQUENCER, XEBREIRO, ou anciennement MORBID YELL, l’homme est un hyperactif, et surtout, un créatif légèrement torturé sur les bords. Mais tous les amateurs de souffrance musicale le connaissent bien via le médium TEITANBLOOD, qui depuis 2003 propose une savoureuse mixture de Death et de Black. Mais amis, ne vous fiez pas à son CV, car EMANATION reste une entité à part de son parcours, et ne saurait être rapprochée d’albums comme Death, Seven Chalices ou The Baneful Choir. A l’image de nombreuses tentatives Noise obscures, EMANATION privilégie l’expression au propos, et la forme au fond. En résulte donc une oppression naturelle, et une propension à préférer les textures aux plans précis et discernables.
D’ailleurs, l’entame de l’interminable « Cyclic Metamorphosis » en dit long sur les objectifs de CG Santos. Après une courte intro, l’atmosphère s’alourdit, et se rapproche de l’ABRUPTUM le plus mutilé et scarifié. On s’attendrait même à entendre un long cri déchirant d’Evil, tant les deux concepts se rapprochent l’un de l’autre. Mais là où ABRUTUM renonce à toute mise en place pour privilégier l’authenticité de l’improvisation, EMANATION structure ses chapitres, et joue une « musique » qui se rapproche parfois d’une partition déchiffrable.
Sentient Ruin conseille cette nouvelle sortie aux fans d’URFAUST, REVERORUM IB MALACHT, MOËVÖT,
MURMUÜRE, SUTEKH HEXEN, puisqu’il faut bien appuyer le discours promotionnel de quelques exemples. Mais ne soyez pas dupes, The Emanation of Begotten Chaos from God est unique en son genre, et provoque une rencontre entre le BM le plus sombre et underground et les expériences passées de THROBBING GRISTLE ou des SWANS, adoptant la démarche mécanique d’un Industriel fondu dans un chaudron de vilénie noire.
A l’image du film Begotten d’E. Elias Merhige, The Emanation of Begotten Chaos from God ne propose pas de narration logique, même musicale, et préfère dessiner les contours d’un monde en noir et blanc très contrasté, à peine animé par des silhouettes d’arrière-plan au pas lourd et traînant. Et avec pas moins de quatre segments piétinant la barre des dix minutes voire plus, CG Santos a laissé son imagination s’exprimer via des bandes inversées, du feedback irritant, une rythmique inamovible, quelques lignes de chant sous-mixées, des respirations glauques, et une poignée de riffs sans queue ni tête qui rappellent la gravité des premiers cris de Michael Gira. D’ailleurs, « Ritual Asphyxia » n’est pas sans évoquer avec beaucoup de malice le séminal Filth LP#1, via ce beat sentencieux, ces répétitions maladives, et cette production étouffée par les bruits blancs d’une usine fantasmagorique.
Vous l’aurez rapidement compris, EMANATION ne s’adresse pas à tout le monde, et loin de là. Mais il n’incarne pas non plus le non-sens expérimental des formations les moins tolérables, et garde une expression que l‘on peut comprendre sans réel effort. Encore faut-il tolérer ces itérations irritantes, ces strates qui s’empilent sur nos poumons, et ces gaz répandus avec une intention de nuire.
Ainsi, « Ritual Asphyxia » agit comme un miroir hypnotique, renvoyant votre reflet le moins flatteur, cet alter ego négatif que l’on cache au plus profond de soi. Et si « Immortal Blood Coil » offre une transition en forme de bouffée d’oxygène après une trop longue apnée, « Synesthesia of the Lesser Sphere » vous appuie sur la tête de son Black/Drone/Industriel, mettant en avant une redondance cyclique asse éprouvante pour les nerfs.
Mais c’est évidement « Inorganic » qui incarne le point d’orgue de ce petit jeu de sadomasochisme. Introduit comme une vieille bobine super-8 retraçant façon snuff les exploits d’un dégénéré en proie aux affres de sa psychè, ce morceau aux grondements fréquents à la LUSTMORD incarne à merveille la démarche d’un artiste qui a choisi le moyen du collage expérimental pour livrer le fond de sa pensée étrange. On pense évidemment à toute la vague no-wave de l’orée des années 80, mais aussi à ces side-projects des années 90/2000 dans lesquels s’épanouissaient des musiciens connus en quête d’absolu.
Lancinances, répétitions, logique non-évolutive, EMANATION est une stagnation maladive, qui trouve sa catharsis dans les quinze minutes du final « Sands of Totemic Silence ». Intro délicate aux notes apaisantes et éparses, avant l’ultime charge Noise en impasse qui finalement, contre toute attente, dessine les contours d’une porte dérobée vous délivrant du cauchemar.
Certainement pas le produit le plus facilement négociable du catalogue Sentient Ruin, mais un exercice de style fascinant, disponible en version double LP, qui permettra une immersion totale.
Titres de l’album:
01. Cyclic Metamorphosis
02. Ritual Asphyxia
03. Immortal Blood Coil
04. Synesthesia of the Lesser Sphere
05. Inorganic
06. Sands of Totemic Silence
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