Des nouvelles du front russe, avec la sortie du troisième album d’AVENGER KILLS, qui malgré son nom de baptême ne fait pas référence à cette célèbre franchise cinématographique et graphique. Non, ici, c’est le Heavy Metal qui règne en maître, et depuis ses débuts, ce combo n’a eu de cesse de prôner des valeurs intrinsèques de fidélité à un genre qu’il affectionne plus que tout. Fondé en 2011 à Yaroslavl, AVENGER KILLS a connu de nombreux problèmes de stabilité, à tel point que le chanteur/guitariste Alexander Krasilnikov reste le seul membre d’origine de la formation. Le seul en tout cas à avoir joué sur la démo Главное - жизнь, mais on retrouve toujours à ses côtés le fidèle Maxim Polyakov, guitariste à l’implication éparse, présent depuis 2012, parti, puis revenu définitivement en 2015. Les deux musiciens sont aujourd’hui soutenus par Alexander Skvortsov (basse) et Ivan Shevtsov (batterie), et The End Has Come est donc le premier longue-durée enregistré dans cette configuration, même si l’EP The Savior en 2018 présentait déjà la même équipe. Espérons que cette formation dure plus longtemps que les autres pour permettre aux russes de se faire un nom plus connu sur la scène, scène qui est d’ailleurs assez difficile à définir avec acuité, le groupe jonglant avec les approches et se voyant souvent accolé le terme « Power Metal » sans vraiment en jouer. Non, la musique du quatuor se rapprocherait plus volontiers d’un Heavy Metal très viril et musclé, basé sur des riffs saccadés et classiques, sur lesquels le chant et la guitare brodent des thèmes moins attendus. Il serait même possible de rapprocher le groupe du Thrash parfois lorsque la rythmique s’emballe et que l’ambiance se solidifie. Mais faisons-fi des étiquettes au moment de juger du potentiel de ce troisième album, virage ô combien délicat à négocier.
AVENGER KILLS a donc mis les mains dans le cambouis pour cette réalisation, en totale autoproduction, qui nous propose un graphisme assez naïf en emballage. Une pochette qui rappelle une fois encore les dessins un peu gauches ornant les albums de Thrash de série B des années 80, mais qui en dit plus long qu’il n’y parait sur la philosophie du combo. Une planète tenue entre des mains larmoyantes, un destin funeste qui se dessine et qui se doit d’être illustré musicalement avec acuité, avec toute la violence que cela peut impliquer. Les russes se veulent donc oracles d’infortune aux prédictions précises, et leur musique adopte les contours de cette façon de penser, avec toujours cette manière de louvoyer entre les genres pour en garder la puissance intacte. Et plus que de Power Metal, il conviendrait de parler de Heavy Thrash lorsqu’on décrit The End Has Come, dont la plupart des morceaux empruntent une voie non mélodique assez peu diplomatique. On pense parfois à une version plus épaisse de SANCTARY, voire un NEVERMORE plus énervé que d’habitude, et c’est en tout cas ce qu’on ressent à l’écoute de « Metal Child » qui multiplie les syncopes, et aménage une atmosphère déliquescente et oppressante.
Très bon musiciens, carrés et inventifs, les quatre russes assument donc leur position, et durcissent le ton, même si leur musique sait rester accessible aux fans de pur Heavy qui apprécieront sans conteste la voix très versatile et lyrique de Krasilnikov, qui sait utiliser ses cordes vocales et pousser dans les aigus lorsqu’il le faut. La section rythmique assemblée en 2017 tient bien le choc, et assure une assise solide aux deux guitaristes, leur permettant des envolées assez lyriques, mais aussi des saccades précises au millimètre. Et lorsque les BPM s’affolent, on tombe presque en plein champ de mines Death mélodique, comme le démontre le break inspiré et ébouriffant de « Law Abiding Citizen ».
Belle unité dans le propos, variété de son, les morceaux gardent cette homogénéité, mais se permettent parfois des allègements bienvenus. Ainsi, le très catchy « Hangover » arrive à point nommé pour nous laisser souffler un peu, de son riff purement Hard Rock et de son chant plus festif. AVENGER KILLS démontre donc avec facilité qu’il est capable d’aborder tous les sous-genres, sans trahir sa philosophie de base ni dénaturer son propos textuel. Avec une durée très raisonnable la plupart du temps, les chapitres se succèdent sans se ressembler, parvenant même parfois à réconcilier EXCITER et PRIMAL FEAR (« The Trap », un morceau qu’on aurait même pu retrouver sur les derniers SODOM ou DESTRUCTION, ce qui démontre que le russes connaissent leurs classiques), et le milieu d’album cède donc à la passion d’un Metal plus classique, avant que le dernier quart ne revienne vers le centre des préoccupations. Et c’est via le très insistant et cyclique « Rotten Legion » que le groupe redresse le cap, encore une fois en se soutenant de ces riffs en rambardes d’acier, et en se motivant de ce chant puissant et enflammé. Alexander rappelle même les références les plus légendaires, allant d’un Rob Halford à un Jorn Lande, et se montrant plus que persuasif dans son rôle de capitaine.
Mais les soli de Maxim Polyakov n’en sont pas moins remarquables, le soliste se montrant toujours inspiré dans ses harmonies et ses déliés, et conférant à chaque morceau une emprunte subtilement slave.
Archétype d’album moins évident qu’il n’en a l’air au prime abord, The End Has Come présente un visage musical flatteur, et surtout, une formation solide et décidée, n’utilisant que très rarement les ficelles harmoniques du Power Metal (qu’on retrouve à plein régime sur « The Savior », seul morceau vraiment connoté), pour se concentrer sur un Heavy Metal vraiment hargneux et épais, à la limite du Thrash. Bravo donc à AVENGER KILLS d’avoir su traverser ces années dans la tempête, pour pouvoir nous proposer en 2020 une œuvre fiable et inspirante.
Titres de l’album:
01. The End Has Come
02. When I Fall
03. The Fears
04. Law Abiding Citizen
05. Metal Child
06. Hangover
07. The Trap
08. Last Winter Day
09. Rotten Legion
10. The Savior
11. Time of Sins
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