Avant de revenir, ils nous avaient donné deux ou trois trucs à bouffer, de la nourriture pour les sens et l’esprit, mais qui finalement, n’a rassasié que les die-hards, toujours friands des croquettes balancées par leur groupe fétiche. Alors, nous avions gouté à deux morceaux, histoire d’anticiper la saveur globale d’un septième album de SLIPKNOT, le groupe que l’on déteste aimer et que l’on adore détester. Je n’ai jamais eu le moindre problème de positionnement, j’ai adhéré à la secte dès le départ d’un album éponyme devenu culte depuis longtemps, et j’attendais beaucoup de ce nouveau chapitre de la saga de Des Moines. En tout cas, plus que ces deux singles que sont « The Chapeltown Rag » (évident et passéiste) et « The Dying Song (Time To Sing) » (plus modulé mais pas moins prévisible). Mais est-il encore possible d’attendre quelque chose d’un groupe qui est devenu un monstre avec les années, un monstre qui n’appartient plus à ses créateurs, mais au public, aux chiffres de vente de billets de tournée, et aux magazines qui s’échinent à vouloir classer les musiciens dans une de leur fameuse « petite case » ?
Fuck it all. Fuck this shit
Débarrassons-nous pour le principe de deux ou trois évidences connues de tout le monde. The End, So Far est donc le septième album studio de SLIPKNOT. Il est éventuellement un concept album, et selon Corey, « une version plus Heavy de Vol.3 ». C’est aussi, selon son titre, le dernier à sortir sous les couleurs de Roadrunner, le label historique du groupe. Il a été enregistré sur une période d’un an et quelque, et a été produit par le groupe lui-même, épaulé par Joe Barresi. Mais niveau son, pas de changement global, ni dans les détails. C’est du SLIPKNOT du début à la fin, qui passe de la facilité déconcertante et rassurante à la prise de risque mélodique, voire…progressive.
Un album de SLIPKNOT ne s’est jamais digéré en une heure ou deux. A part le premier éponyme peut-être, le plus facile avec ses tubes qui sont devenus des chevaux de bataille live, mais depuis Iowa, l’hydre se livre à un petit jeu de cache-cache, avec du surplace qui peine à cacher l’originalité des nouvelles pistes. Et de nouvelles pistes, The End, So Far en suit quelques-unes.
Quelques news pas réellement cruciales à placer ici. Ce nouveau-né est le premier à accueillir le nouveau percussionniste Michael Pfaff. Et l’album sera décliné en version collector neuf volumes, chacun arborant le visage de votre KNOT préféré sur la pochette. Voilà pour ces quelques détails sans réelle importance. Mais un peu quand même.
On a beau s’attendre à tout, se faire cueillir à froid par une entame comme « Adderall », donne des suées, et hérisse les poils sur les bras. En choisissant d’éviter la confrontation immédiate en nous proposant une comptine à l’onirisme pur, SLIPKNOT joue encore une fois les mouches du coche, et permet à Corey de placer une ligne de chant immaculée sur coulis de chœurs angéliques. On se demande quel cauchemar pourrait débuter sous des auspices aussi paisibles, et pourtant on sent en filigrane que le monstre ne va pas tarder à sortir du placard. Mais le monstre a changé, s’est adapté à son époque, ne se cache plus sous le lit, mais in plain sight. Tel un boogeyman moderne, le KNOT se balade dans les rues de la mémoire certes masqué, mais le pas tranquille et l’observation pointue.
On le reconnaît d’ailleurs assez bien sur les évidences les plus frappantes. Sur « Hivemind », qui fait le lien avec l’ADN du groupe depuis son émergence et qui s’énerve de son propre classicisme. Sur « Warranty » qui louche sévère du côté de l’album mal-aimé All Hope is Gone. Et plus clairement, en prenant note de cette nouvelle alternance entre intimisme et explosion de haine, entre des morceaux à ambiances qui en révèlent peu sur les membres, et ces coups de poing dans la gueule qui nous brisent l’arête du nez depuis la fin des années 90. Le groupe n’a évidemment rien perdu de son punch, Jay Weinberg a totalement phagocyté le jeu de feu Joey Jordison, qui nous a quittés l’année dernière, et si les percussions s’intègrent beaucoup plus intelligemment qu’aux débuts du groupe, on aurait beau jeu de croire que la maturité a quelque chose à voir là-dedans.
Mais alors, en étant objectif, qu’apporte The End, So Far à l’histoire de SLIPKNOT, groupe le plus décrié de sa génération, mais qui continue de fasciner tous ceux qui ont mis de côté les gimmicks pour s’intéresser à cette musique unique ?
Une stabilité, des ouvertures, des interstices mêmes qui laissent filtrer une lumière différente, celle qui brule la peau sur le monstrueux « Medicine For The Dead », titre qui évidemment fait la part belle à une gravité de circonstance, mais qui démontre aussi que l’octet ne s’est pas perdu dans ses propres données pour laisser les bits faire la loi. On reconnaît bien là l’envie évolutive qui pousse vers le Metal progressif le plus violent et insistant, et judicieusement placé en milieu d’album, ce morceau renforce les liens, et nous fait réaliser à quel point le chemin parcouru a été long et semé d’embuches…
…que le groupe a toujours évitées.
Il n’y a pas à chercher la petite bête en se perdant dans les considérations futiles du « meilleur album ». Nous allons mettre un point final à ce faux questionnement en affirmant qu’Iowa ne sera jamais détrôné, et qu’il représentera toujours la quintessence d’une démarche artistique enragée, que personne n’a pu dupliquer jusqu’à lors…même pas SLIPKNOT lui-même. The End, So Far, en bonne fin provisoire, ne dévoile rien sur l’avenir, mais insiste sur le présent, un présent marqué par des hits incroyables, comme ce psychédélique et amer « Acidic », ou comme ce terrifiant « Heirloom » au feedback menaçant.
Conscients que chaque étape est attendue par les fans comme une révélation sur le chemin d’un Damas délocalisé à Des Moines, Corey et les siens ont tout peaufiné, les intermèdes formels (« H377 »), les dérivations Heavy symptomatiques de nineties en perdition d’espoir (« De Sade »), et l’indispensable clôture qui laissera la dernière note dans les oreilles (« Finale », du STONE SOUR avec un brin pas désagréable d’orchestration riche et de chœurs évanescents).
Alors…
Alors ?
Alors rien, SLIPKNOT ne se renie pas, et continue son chemin comme si de rien n’était. On prendra note de ce divorce avec Roadrunner comme une simple fin de contrat non renouvelé, et de cette inspiration qu’on pensait tarie par les années, mais qui cache encore des trésors d’ingéniosité pour broder sur d’anciens thèmes. Comme ça, à la volée, The End, So Far sonne comme le travail le plus varié et accompli de la bête. Un regard vers avant-hier pour mieux préparer demain, à condition qu’il existe un lendemain. Mais ce septième album se range aux côtés de ses aînés très logiquement, et tapera dans le haut du panier dans quelques mois, une fois ingurgitée la somme d’idées et de directions possibles.
Et puis, bla, bla…Les détracteurs continueront de cracher sur le groupe, les adorateurs à le vénérer comme le veau d’or qu’il est, mais finalement, on se fout des deux camps comme de l’an 1998. La fin, jusqu’à maintenant. Les deux mots sont importants. Mais comme dirait Dave Mustaine, très en forme ces temps-ci…
…so far, so good, so…what ?
Titres de l’album :
01. Adderall
02. The Dying Song (Time To Sing)
03. The Chapeltown Rag
04. Yen
05. Hivemind
06. Warranty
07. Medicine For The Dead
08. Acidic
09. Heirloom
10. H377
11. De Sade
12. Finale
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