Dignes représentants de la nouvelle vague de Thrash old-school hongroise, les membres d’ARCHAIC n’en sont pas pour autant les plus productifs. En dix-huit ans d’existence, seuls trois longue-durée ont été enregistrés, le dernier datant de 2017, qui suivait de neuf ans le premier effort Time Has Come to Envy the Dead. Il semblerait donc que les originaires de Budapest soignent leurs sorties comme leurs entrées, ce qui a pour effet de peaufiner leur musique pour lui permettre de s’extraire de la masse grouillante de photocopies vintage. Après cinq ans de silence, les hongrois reviennent donc avec un troisième chapitre à leur histoire, et l’un des plus passionnants, et en découvrant les pistes de ce The Endgame Protocol, on comprend pourquoi tant de temps a été nécessaire à son élaboration.
Sans vraiment s’éloigner des canons de production nostalgiques, le groupe propose une sorte de panaché global de toutes les tendances eighties, gonflant son son pour s’inscrire dans son époque. Et autant dire qu’il peut rivaliser avec toutes les têtes de série de l’époque sans avoir à forcer son talent.
István Horváth (basse), Csaba Zoltán Szabó (batterie), László Püski (guitare) et Péter Erdélyi (guitare/chant) déboulent donc sans crier gare. Et si j’admets avoir des goûts simples, cette sublime pochette dépeignant des enfants maléfiques et possédés étrangler des chats et énucléer de pauvres hommes torse nu m’a immédiatement séduit, et presque prévenu de son contenu, habilement caché. Un Thrash intelligent, rapide, aux influences multiples, mais qu’on ne peut caler dans l’ombre d’un TESTAMENT, d’un METALLICA ou d’un cocktail SLAYER/EXODUS. Certes, on reconnaît dans l’approche une tendance à la cruauté allemande de KREATOR, quelques pointes d’un ACCUSER enfin inspiré, et des traces probantes de nineties pas totalement conchiées, mais le quatuor a fait l’effort de composer de véritables chansons, et pas de simples riffs prétextes pour emballer la cadence.
« The Truth » fait immédiatement la différence. Le tir de barrage est nourri, les BPM tombent au sol comme des douilles rapidement tirées, et l’ambiance est chaude, pour ne pas dire torride. Entre fluidité US typique et épaisseur bestiale germaine, ce premier morceau est un coup de semonce qui prévient l’auditeur de l’aspect guerrier de la confrontation entre l’album et ses tympans. Mais heureusement pour nous, les ARCHAIC sont de fins lettrés Thrash, qui en connaissent le vocable à la perfection. Ainsi, les soli, superbes, les enchaînements, logiques, et les cassures, nettes, survolent quarante ans de violence instrumentale avec un panache extraordinaire, pour pouvoir offrir aux fans un morceau de la qualité de « Behind ».
Sous couvert d’une progression classique, ce titre joue le jeu de chœurs étranges sur tapis de blasts Death/Black, avant de lâcher le lick le plus redondant depuis la naissance de MORTAL SIN. Entre lapidaire austral et religieux allemand, ARCHAIC profite de quelques effets bien sentis, et surtout, d’une science de l’évolution parfaite. Leurs titres sont construits, et pas simplement empilés comme des blocs de béton, et chaque segment a sa propre raison d’être, ce qui confère à ce troisième album des allures d’achèvement incontestable.
Pas vraiment d’ambition notable, mis à part sur le long et atmosphérique « Until We Fade », qui une fois encore juxtapose la délicatesse acoustique et mélodique au radicalisme rythmique le plus outrancier, mais une réelle intelligence dans la composition, et une technique individuelle mise au service d’un collectif diablement soudé. De fait, The Endgame Protocol dénote clairement dans la production actuelle, prenant ses distances avec la chaîne de fast-food Thrash qui tourne toujours à plein régime, pour proposer un menu digne des meilleurs restaurants de la Ruhr ou de la Californie.
Efficaces et persuasifs dans la lourdeur et la tension progressive (« Lines »), plus que décisifs lorsque la vitesse s’emballe pour grimper la côte (« Withstanding »), toujours à l’affut d’un coup fourré pour nous prendre à revers de quelques dissonances (« A Cold Embrace »), ARCHAIC nous a aménagé un réel espace de réflexion, qui risque de rendre notre jugement envers les plagiaires encore plus sévère. Sans vraiment innover, mais en prenant soin de recycler avec panache, le quatuor sait placer à intervalles réguliers quelques gimmicks fédérateurs, comme cette basse qui roule des graves lors des silences de batterie, ce chant polymorphe qui régurgite avant de cracher sa haine, et cette guitare qui évite les poncifs d’un staccato systématique.
Alors évidemment, rien de bien nouveau, encore moins de perturbant, mais une solidité incroyable sur la distance, et une réelle envie de jouer un Thrash classique, mais né des efforts de musiciens cherchant un peu plus qu’un simple hommage à l’ancienne génération. En tout cas plus crédible et addictif que les grosses sorties de têtes d’affiche, The Endgame Protocol est un effort solide, qu’on réécoute avec plaisir sans chercher à savoir à qui a bien pu appartenir tel plan ou tel break. Ce qui en plein tsunami nostalgique est déjà un plaisir incroyable.
Titres de l’album :
01. The Truth
02. Behind
03. The Subliminal
04. Lines
05. Withstanding
06. A Cold Embrace
07. From The Undying
08. Endgame Protocol
09. Until We Fade
10. No One Knows
Alors, j'ai vu les prix et, effectivement, c'est triste de finir une carrière musicale emblématique sur un fistfucking de fan...
20/02/2025, 19:08
J'avoue tout !J'ai tenté avec un pote d'avoir des places le jour J...Quand on a effectivement vu le prix indécent du billet, v'là le froid quoi...Mais bon, lancé dans notre folie, on a tout de même tenté le coup...
20/02/2025, 18:52
Tout à fait d'accord avec toi, Tourista. En même temps, on a appris qu'Ozzy ne chanterait pas tout le concert de Black Sabbath. Du coup, faut essayer de justifier l'achat d'un ticket à un prix honteux pour un pétard mouillé.
20/02/2025, 09:27
Tout est dit.Que ce soir devant 50 personnes dans une salle de quartier ou dans un festival Hirax et en particulier Katon assuré à l'américaine. Parfait.L'album précèdent reste terrible. A voir celui ci.
19/02/2025, 17:51
Hell Yeah!!! Voilà ce que j'appelle une bombe bien métallique.P.S: Il serait bien que ce site passe en mode sécurisé: https car certains navigateurs refusent son ouverture car il est considéré comme malveillant.
19/02/2025, 16:32
Pareil, vu au Motoc l'année dernière plus par curiosité qu'autre chose : et bah c'était excellent ! La passion qui transpire, la nostalgie d'une époque aussi et puis cette énergie !
17/02/2025, 21:39
Oui, Keton de Pena est une légende encore vivante avec son Thrash reprenant pas mal les codes du Heavy. Il y met cette ambiance jubilatoire en forte communion avec les fans (il a dû vous faire le coup du drapeau). Je l'ai vu deux fois il y a une dizaine d'années, c&a(...)
17/02/2025, 13:18
Vu pour la toute première fois en live l'été dernier.Il était grand temps pour moi au vu que j'adore ce groupe...Le concert était laaaaaargement au-dessus de ce que j'en attendais : Ambiance, prestation, joie communicative, ultra-res(...)
17/02/2025, 06:50
C'est un groupe assez ancien en fait, ils ont bien vingt ans de carrière derrière eux. Martin Mendez les a recrutés pour son propre groupe parallèle à Opeth, White Stones, car il est installée à Barcelone. Ils avaient commenc&eacut(...)
15/02/2025, 18:14
Âge oblige, j'ai connu à fond cette époque et elle était formidable. Evidemment, aujourd'hui, il y a internet mais le gros avantage du tape-trading, c'était que, par défaut, un tri s'effectuait, copie après copie (de K7). Aujourd(...)
14/02/2025, 05:50
AAAAh Benediction... Toujours un plaisir de les retrouver. Et en live c'est du bonheur (efficacité et bonne humeur!)
13/02/2025, 18:38
Dans son livre "Extremity Retained", Jason Netherton met en lumière l'importance énorme que ce phénomène a eu lieu dans la naissance de la scène. Tous les acteurs isolés dans leurs coins du monde échangeaient par ce moyen, et cela le(...)
12/02/2025, 01:30