The Ends Justify The Means

Justify Rebellion

27/03/2020

Mighty Music

Un groupe classique qui ne l’est pas totalement, ça vous tente ? Un groupe qui reprend à son compte des décennies d’influences pour tenter de les restituer d’une façon plus personnelle, mais pas moins efficace que ses aînés ? Un groupe catchy mais inventif, pertinent mais curieux, qui parvient dans un même élan à réunir les eighties sacrées, les nineties dévastées et le nouveau siècle ravagé par le recyclage forcé ? Si la réponse est positive, n’allez pas plus loin, vous lisez la bonne chronique. Et c’est encore le nord de l’Europe qui nous envoie ses fils prodigues, ces JUSTIFY REBELLION qui en effet, semblent mener une saine rébellion contre le Metal timoré ou trop dilué dans ses compromissions. Fondé en 2014, ce quatuor (Lukas Rautenberg - guitare/chant, Nikolaj Madsen - guitare, Stephen Torpe Andersen - basse et Nikolaj Ersbøll Ross - batterie) nous a déjà exposé ses vues sur un premier et rageur LP, Unleashing The Beast qui effectivement lâchait les chiens de la rage sur la piste des traîtres de la cause Heavy. Quelques années plus tard, voici donc de nouveau les danois remontés comme des poignets cloutés, et prêts à asservir le public Hard de leurs revendications légitimes et classiques, via une suite tout à fait logique sous la forme de neuf nouveaux morceaux qui ne dévient en rien de la trajectoire initiale. Dans le fond, The Ends Justify The Means est d’un classicisme désarmant. Il reprend à son compte les différentes formules élaborées par les maîtres du Heavy US et européen, et se cale sur la ligne du parti agressif sans gêne ni honte. On retrouve donc une simplicité érigée en vertu cardinale, et une efficacité de tous les instants. Dans la forme, les choses sont un peu plus complexes. Car à force de mixer dans un même bol des références différentes, le groupe parvient à se dessiner une identité plus personnelle, sorte d’enfant illégitime de la vague Heavy des années 80 et de la mouvance alternative des années 90, sans perdre sa foi en route.

Les sempiternels arguments promotionnels adressent le quatuor au bon vouloir des fans de METALLICA, VOLBEAT, et SLAYER. Si le cas de ces retraités derniers est complètement hors-sujet, les deux autres rentrent dans le cadre. Mais il est évident que le champ d’action des danois ne s’arrête pas à ces deux mentions. On trouve aussi dans leur musique l’urgence des ALMIGHTY, la puissance de la vague NOLA, et la pertinence mélodique des CORROSION OF CONFORMITY, ainsi que des traces de modernité nordique. En somme, l’adjonction du formalisme de la scène Hard n’Heavy d’il y a trente ans, et la volonté mélodique d’ouverture de la décennie suivante pour une bordée d’hymnes à rendre fiers leurs voisins suédois. Enregistré et produit par Christian Bonde aux CB studios de Jutland, The Ends Justify The Means est donc cette fameuse fin qui justifie les moyens, et ces moyens sont simples. Vous faire headbanguer intelligemment sur des morceaux solides et méchamment construits, qui opposent des refrains collégiaux à des couplets virils et musclés. Et la variété d’approche est grande, ne le nions pas. Chaque titre possède sa propre patte et sa méthode de séduction, que le rythme soit syncopé et méchamment sudiste (« Crowd Control », que DOWN aurait pu composer pour honorer la mémoire du PANTERA de « Revolution is my Name), ou plus appuyé et symptomatique d’une optique thrashy (« Prisoner in Time », mélange de THE ALMIGHTY et EXODUS sans en avoir l’air, mais la chanson quand même). En gros, un savoir-faire intergénérationnel qui réconcilie les époques et les modes, sans opportunisme, mais avec beaucoup d’intelligence.

Simple, mais pas simpliste, tel pourrait être le résumé parfait de ce deuxième LP qui s’amuse beaucoup à revisiter ses classiques. On sent du METALLICA des années 90 sur « Prisoner in Time », du groove de la Nouvelle-Orléans sur « Shameless », mais aussi du boogie endiablé des seventies, et des aspirations un peu moins balisées et modérées sur le presque progressif « The Bringer of War ». A vrai dire, JUSTIFY REBELLION ne s’embarrasse pas de principes ni de querelles de voisinage. Son seul but est de proposer à des fans fidèles une image du Heavy Metal en 2019, qui n’a pas oublié les anciens clichés des générations antérieures. Il y a de la gravité dans cette musique, de l’agressivité, mais bien proportionnées, et surtout, le plus important, une bordée de riffs qui s’incrustent dans la mémoire et en électrisent encore plus les connexions synaptiques. Capables en tant qu’individualités, ces musiciens prennent toute leur ampleur dans le jeu collectif. C’est ainsi que les deux guitaristes jouent souvent à l’unisson, soutenant ainsi le chant véhément mais intelligible de Lukas Rautenberg. Le chanteur a d’ailleurs ce timbre de voix qui permet à peu près toutes les citations, et qui lui permet sans transition de passer d’une ruade lourde à une embardée méchamment Speed, sans avoir l’air de forcer son talent. Disposant d’une production puissante et claire, les quatre danois jouent sur du velours, et accumulent les figures imposées, qu’ils dégagent toutefois de leurs motifs les plus connotés. On sent la rage suinter des soli, et la hargne couler des cordes lorsque les riffs tranchent les chairs. Toujours à cheval entre la percussion immédiate et les ambitions plus évolutives, The Ends Justify The Means est un monstre d’efficacité nuancée, qui ose les aplatissements les plus étouffants (« Salvation », entre Stoner et Heavy, entre 7 WEEKS et PANTERA), le flow heurté et les textes hurlés, les licks addictifs et les revendications légitimes (« Syretrip »).

A l’aise dans leur costume trois-pièces (Metal, Hard Rock et Thrash light), les JUSTIFY REBELLION n’éprouvent plus le besoin de se justifier, et osent la composition la plus ambitieuse de leur jeune carrière. En final, « Throne of Greed » prouve que le groupe a de la ressource, et a les moyens de ses envies. En synthétisant toutes les propositions émises précédemment, ce monstrueux morceau de plus de sept minutes nous fait traverser les époques, augmente la pression avec des riffs supportant les 3 ou 4G, et nous permet de revisiter toutes les facettes d’une musique qui en trois ou quatre décennies à tout essayé pour ne pas se voir cantonnée au simple rôle de défouloir pour ados attardés. Avec son alternance de passages à rendre fous les HEATHEN et ses couplets à la JUDAS PRIEST, le groupe lâche les watts et joue son va-tout, remportant brillamment la palme du combo le plus percutant de ce début d’année 2020. Alors si un groupe classique ne l’étant pas totalement vous tente, ne vous gênez pas. Les JUSTIFY REBELLION seront votre bona fide.  

     

Titres de l’album :

                            01 - Präeludium

                            02 - Crowd Control

                            03 - Prisoner in Time

                            04 - Shameless

                            05 - The Summoning

                            06 - The Bringer of War

                            07 - Salvation

                            08 - Syretrip

                            09 - Throne of Greed

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par mortne2001 le 24/03/2020 à 17:47
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Super nouvelle pour moi, le chant de Zetro m'est difficilement supportable. Celui de Dukes n'a rien d'extraordinaire mais il colle assez bien à la musique et le gars assure sur scène. 

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Merci Styx je transmets à notre expert informatique.

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Capsf1team + 1.Je dirai même plus : Mettre cela directement sur la bandeau vertical de droite qui propose toutes les chroniques. En gros faire comme pour les news quoi : Nom du groupe, titre de l'album et entre parenthèse style + nationalité.

13/01/2025, 08:36

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Oui en effet dans les news on voit bien les étiquettes, mais sur la page chronique on a juste la première ligne de la chro, peut-être que ce serait intéressant de le mettre dans l'en-tête. 

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