Jeune groupe irlandais originaire de Dublin, THE ENIGMA DIVISION nous propose donc sa première énigme en autoproduction, via huit titres aussi complexes que puissants. Impressionnant de maitrise pour un premier long, cet éponyme de huit titres pour plus d’une heure de musique se propose d’explorer les pistes du Néo-Progressif et du Djent, les deux genres étant habilement mêlés dans une tentative d’hybridation d’ADN qui visiblement a bien pris.
The Enigma Division est donc une solide affaire de Progressif moderne avec tout ce que ça implique au niveau de la composition et de l’interprétation. Power-trio dans le sens le plus noble du terme (Conor McGouran - guitare/claviers, Ronan Burns - basse/claviers et Ben Wanders - chant/batterie, une configuration assez inédite), THE ENIGMA DIVISION choisit donc la franchise au détriment de l’interrogation insoluble, et sans vulgariser son propos, ose construire une passerelle entre le Progressif historique et son pendant contemporain, plus rythmique et moins démonstratif.
Ce qui n’empêche pas les musiciens de se livrer à un véritable festival de dextérité. L’osmose entre les trois comparses est tangible dès le premier véritable morceau, « The Escapist », belle suite de plus de sept minutes qui place les ambitions sous la poursuite. On sent que tous les détails ont été réglés avec une minutie maniaque, et pourtant, loin de l’égocentrisme stérile, le trio ose le naturel sophistiqué, millimétré rythmiquement, rebondissant constamment sur des mélodies superbes, soutenues par un clavier très malin.
Entouré d’invités plus ou moins prestigieux, Conor, Ronan et Ben jouent donc sans complexes, alors même qu’ils sont des nouveau-nés de la scène. Mais le bébé affiche déjà des ambitions conséquentes, et ses premiers cris sont structurés, et plein de sens. Ainsi « Echoes in The Deep », qui profite de quelques soli de synthés de la part de la légende Derek Sherinian s’impose comme le premier gros morceau d’un album étiré, et qui pourtant, ne sombre jamais dans les affres de la rodomontade gratuite ou de la répétition à outrance.
Certes, on connaît le principe. Guitare à sept cordes, son grave, batterie au biseau, effets stellaires, tout y passe, mais loin de se contenter de pirouettes classiques, le trio se sert de son classicisme comme d’une ouverture sur un monde plus personnel, plus lumineux, enchainant les riffs de menuisier et les soli de toute beauté. On appréciera en amont celui qui déchire le ciel de « Echoes in The Deep », proche des ANIMALS AS LEADERS, et qui achève le morceau dans un déluge d’émotions, comme un arc-en-ciel trouant les nuages.
De la beauté, de la puissance, de la précision, de la clarté, pour une luminosité maximale. The Enigma Division n’est certes pas la révélation attendue sur le chemin de Damas, mais reste un premier album d’une cohérence rare. On pourra reprocher au trio l’utilisation de nombreux riffs prétextes caractéristiques du Djent, mais l’enthousiasme et la liberté de ton l’emportent sur le formalisme et les facilités, et en écoutant bien les lignes de basse serpentines de Ronan, on se prend à rêver d’un RUSH plus agressif et contemporain, ce qui en dit long sur les capacités de ces trois jeunes musiciens.
Les morceaux passent, mais l’envie jamais ne trépasse. En intégrant des mélodies Pop à des structures purement Metal (et pas le plus soft), THE ENIGMA DIVISION accouche de petites merveilles, comme cet « Afterglow » qui a tout du puzzle musical mille pièces à assembler dans la pénombre, à la lueur d’une bougie. La richesse de cet album se trouve aussi dans ces petits détails et autres arrangements ludiques qui provoquent le spectre de la Pop éthérée la plus dreamy, venant alléger un propos métallique des plus épais.
En gros, en particulier, de loin, de près, The Enigma Division sublime le Djent le plus générique pour le transformer en Néo-Progressif lumineux. On y trouve du TESSERACT, du PERIPHERY, mais aussi une pointe de CYNIC lorsque le ton devient plus méditatif, et surtout, une motivation sans failles qui dessine des plans d’architecte amoureux de son métier. Ainsi, « The Age of Discovery » aurait pu trouver sa place sur un album de MONUMENTS, ses mesures impaires nous propulsant dans un univers constellé de découvertes techniques et autres progrès mécaniques.
Mais les irlandais sont aussi capables de ralentir un peu le rythme, pour proposer des choses plus nuancées vocalement, en superposant ces idées sur un tapis de doubles croches et autres décrochages rythmiques en houle nocturne (« Kaleidoscope »).
Et comme le paisible et futuriste « Clarity » ose une acmé beaucoup plus apaisée, la tension et la variété sont maintenues jusqu’au bout, au moment d’affronter l’énorme épilogue « 1977 - Ad Infinitum ».
Enorme pavé de plus de vingt minutes, « 1977 - Ad Infinitum » se souvient des longues suites des années 70, mais en dessine une version plus moderne, évidemment. Reprenant les grandes lignes de l’album et le thème de son intro « 1977 », ce dernier chapitre de proportions dantesques est la cerise sur un gâteau déjà très riche, mais étonnamment digeste sous d’épaisses couches de crème instrumentale.
Ajoutez à tout ceci quelques invités notables (Richard Thomson, Sam Bell, Mal O'Brien et Dave Whyte, les trois derniers étant venus poser un solo sur l’homérique conclusion) et vous obtenez l’album de Djent/Néo-progressif de ce premier trimestre 2023. Ce qui pour un premier album représente une sacrée performance.
Titres de l’album:
01. 1977
02. The Escapist
03. Echoes in The Deep
04. Afterglow
05. The Age of Discovery
06. Kaleidoscope
07. Clarity
08. 1977 - Ad Infinitum
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