Voici un album qui s’inscrit parfaitement dans son époque. Une époque de doutes, une vision incertaine d’un futur embrouillé, des questions sans réponses et des attentes frustrées. Des désirs inassouvis, des pulsions de mort, une dépression constante, et un ciel chargé d’électricité qui risque fort, un soir d’orage, de rapprocher les étoiles de nos villes pour les transformer en sapins de Noël funestes.
En 2020, alors en plein confinement dû à la pandémie de COVID-19, M. (ABSOLVTION/DEFENESTRATION), compose quatre longs morceaux, qu’il partage peu après avec Äzh (NATREMIA/DEFENESTRATION). Une fois les deux hommes associés de nouveau, LUNAR TOMBFIELDS naît, et The Eternal Harvest est accouché au Darkened Studio. Une affaire on ne peut plus simple, guidée par l’ennui et le besoin de créativité, et qui aujourd’hui se matérialise en un superbe digipack trois volets dans la grande tradition des Acteurs.
Il n’y a pas grand mystère derrière ce concept, qui n’est que la concrétisation de longues semaines passées en repli sur soi, en questionnement sur le fonctionnement d’un univers déréglé, et sur l’avidité d’une espèce humaine proche du gouffre mais qui continue à avancer coûte que coute, ne serait-ce que pour pousser une fois encore les portes d’un mausolée des marchands du temple. Dans les faits, les obsessions de LUNAR TOMBFIELDS se situeraient plus volontiers du côté des étoiles et de leur gloire, de la force des éléments, et de la tragédie qu’est devenue la comédie humaine. Une thématique classique pour un album qui l’est tout autant, mais qui laisse l’inspiration se dérouler le long d’un tapis rouge sang de violence, au velours atmosphérique, mais aux aspérités tranchantes comme du verre pilé.
« The Ancestral Conjuration » entame les hostilités avec ses ambitions pour étendard. Après une courte et délicate intro, mélodique, au chant féminin nous rappelant l’écurie 4AD, le chambranle tremble, les portes s’entrouvrent, les fenêtres éclatent sous le chaos, et le BM reprend ses droits, tonitruant, et cruel comme un lendemain qui sera le décalque d’aujourd’hui. On prend acte de cette rythmique sans pitié, de cette guitare qui se cale sur la grosse caisse et la caisse claire, de cette basse en infrasons, et de ce chant enterré dans le mix comme un esprit qu’on ne souhaite vraiment pas voir revenir à a surface. Et si la vitesse cède rapidement le pas à l‘insistance Heavy, l‘acidité de l’ensemble, l’âpreté des guitares font que l’instrumental ne perd rien de sa force, comme une tempête dévastant tout sur son passage.
On sent bien que ces compositions résultent d’une immense frustration d’isolation forcée. La brutalité froide, la poésie harmonique rachitique, mais surtout, ces soudains écrasements transposent avec acuité les sentiments ressentis par un musicien privé de sa liberté de jouer en public, et ceux d’un être humain qui ne peux plus jouir de ses droits les plus fondamentaux eu égard à une crise sanitaire aux répercussions imprévisibles.
Quatre longs chapitres, dont un seul restant sous la barre des dix minutes, des arrangements qui plongent dans le marasme d’une âme tourmentée, des soupirs, un son clair utilisé avec parcimonie mais beaucoup d ‘intelligence, pour créer une atmosphère mystérieuse, aux confins des mondes du vivant et des morts. LUNAR TOMBFIELDS dessine des images assez pertinentes, celles de paysages lunaires désolés et constellés de tombes anonymes, celles de ceux tombés sur le front de la réalité écologique et virale. Evidemment, musicalement, les convenances sont respectées, avec cette alternance classique de passages de fureur intense et de réflexion plus posée, mais l’amertume des mélodies confrontée à ces lignes de chant déshumanisées produit un décalage fascinant, comme une plainte déchirante dans le silence du deuil.
La richesse des textures, l’absence de compromis de la brutalité froide, font de ce The Eternal Harvest une récolte stérile, une recherche de pousses dans le désert d’un champ trop pollué par les pesticides, une envie de croire que l’avenir nous réserve encore une porte de sortie, que personne ne risque de trouver en fin de compte. Entre Doom poétique et harmonieux, Black atmosphérique aride, LUNAR TOMBFIELDS reste un médium d’expression personnel, aussi réminiscent de la seconde vague française de Black Metal des années 2000 que des balbutiements romantiques du Black gothique des années 90. Les synthés ajoutent à la mystique, et ce déroulé chaotique aux émotions contradictoires est une sensation permanente de déstabilisation, qui renvoie au meilleur des œuvres d’OPETH confrontées à la rudesse d’un LUNAR AURORA.
Et s’il est tout à fait possible de trouver la démarche un brin monolithique, rien ne vous oblige à lire les quatre chapitres à la suite. Vous pouvez en déguster un par heure ou par jour, pour vous rappeler que cette période de confinement nous pend encore au nez, et risque de représenter une norme incontournable à l’avenir.
Si l’humanité se résume à un champ de ruines, un paysage désolé et ravagé par l’inconscience, alors LUNAR TOMBFIELDS en est l’observateur extérieur objectif qui prend note, mais ne propose ni explication, ni échappatoire.
Titres de l’album:
01. The Ancestral Conjuration
02. As the Spirit Wanes, the Form Appears
03. A Dialogue With the Wounded Stars
04. Drowning in the Wake of Dreams
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