Ce qui m’a toujours gonflé avec le Stoner, c’est que la plupart du temps les mecs se contentent de repiquer les plans Desert Rock des QOTSA ou KYUSS, qui eux-mêmes s’inspiraient des légendes lourdes et enfumées des années 70. Bon, vous pourriez m’opposer des arguments irréfutables concernant mes musiques de prédilection, en, arguant que le Thrash ne fait que se répéter depuis les années 80, que le Grind hurle la même chose depuis 1987, et que l’AOR d’aujourd’hui n’est qu’un balbutiement JOURNEY/REO SPEEDWAGON/HONEYMOON SUITE plus ou moins malhabile. Vous auriez complètement raison, mais manque de mug, j’adore ces genres alors je leur excuse pas mal de choses. Et nous en arrivons donc au nœud du problème : le Stoner m’emmerde.
Sauf.
Sauf quand il s’éloigne un peu de ses obsessions de fumette et de riffs gras et qu’il s’emballe un peu pour se rapprocher d’un Hard Rock plus nerveux qu’un barbu engoncé dans le canapé, l’air sot et le pétard à la bouche. Et avec les australiens de DIRTY PAGANS, je suis justement servi, puisque ces quatre-là ne sont pas du genre à passer la journée à s’extasier sur les riffs de Sabbath Bloody Sabbath avec leur fournisseur de ganja.
Formé en 2016 à Adélaïde, DIRTY PAGANS nous a d’abord proposé deux EP’s, le premier éponyme en 2017 et le second facilement baptisé Volume I l’année suivante. Trois ans sans nouvelles donc des amis du bout du monde, et pour cause : les animaux préparaient leur premier LP. Voici donc The Family, qui sous sa pochette pas très heureuse nous propose donc un Stoner qui dépote, et pas seulement pour rempoter la Marie-Jeanne après. Choisir le Manson en tête de gondole est discutable, d’autant que le gimmick a déjà abondamment servi dans les années 70 et 80, mais la musique de ces quatre sagouins permet d’excuser cette provocation facile et un peu cheap. Les mecs, la Family c’était à la fin des années 60, le barbu est mort aujourd’hui, et son souvenir ne fait plus peur à grand monde. Alors, à moins que vous ne vous nourrissiez dans les poubelles des faubourgs d’Adélaïde, à moins que vous n’évoquiez le Helter Skelter les soirs de pleine lune, changez d’image, vous méritez mieux que ça.
James Russo (basse), Jarradeesha Taylor (batterie, ALTAR DEFECATION, BYRHTNOTH, SUNDOWNER, TROOPS OF DOOM), Gregory 'Francisco' Challis (guitare, ALKIRA) et Matty Dee (chant, guitare), se présentent donc de façon tout à fait humble, et avouent confronter les sons lourds des années 70 à un chant léger et aigu. Ils mettent en avant leurs riffs hypnotiques, des parties de batterie explosives, et une énergie globale à décorner le grand cornu lui-même. Et en écoutant ce premier effort, personne ne saurait les contredire tant leur biographie décrit à merveille le contenu de ce The Family. Une famille soudée et unie donc, qui montre un visage souriant, mais méfiez-vous quand même : la famille est accueillante, mais un peu prosélyte, et qu’il ne vous vienne pas à l’idée de contredire sa philosophie. D’abord, parce qu’elle est fondée est viable, ensuite parce que les groupes de Stoner de cet acabit sont rares.
Non que les DIRTY PAGANS doivent être considérés comme les sauveurs du genre, mais ils n’en incarnent pas moins une version plus personnelle et moins surfaite. Une version plus boostée surtout, ce que l’entame « Edge Of Glory » prouve de son Heavy Metal fast n’crude, à la limite d’un Rock thrashy rappelant les magnifiques NITRO ou SHOTGUN MESSIAH. Il est certain que le chant très haut perché de Matty Dee peut se frotter aux vocalistes les plus opératiques du genre, à tel point qu’on pense avoir doit à une relecture du premier album de TOXIK. Une telle entrée en matière ne passe évidemment pas inaperçue, et si le reste du répertoire se réaligne peu à peu sur la normalité du genre, The Family a eu moins le mérite de s’en écarter de temps en temps. D’ailleurs, « Pagan's Blood » avec son interminable intro glauque propose aussi une déviation assez intéressante sur le thème du Heavy lourd et emphatique, même si son riff principal sort d’un songbook du SAB.
Des surprises donc, et une façon de recycler qui ne laisse pas indifférent, comme cette intro sur « Gypsy's Breath » qui pompe LED ZEP sans vergogne avant de se vautrer dans le greasy Rock à la PANTERA. Les mecs sont malins, et ont compris qu’il était inutile de jouer les rangs serrés, et cette inspiration qui divague de temps à autre confère à ce premier album un parfum frais de nouveauté. Avec l’aide de quelques mélodies amères à la ALICE IN CHAINS sur « Searching », avec le soutien d’un groove léger et sautillant sur « Sun », les australiens démontrent que le Stoner peut être envisagé différemment, et joué avec plus d’originalité.
Une originalité qui en outre a le mérite d’être accrocheuse, et de déboucher sur des hymnes qu’on imagine persuasifs en live. Comme en sus les soli sont très capables, et que les morceaux les plus emphatiques ne font pas semblant de l’être (« Open Up » de quoi faire un gros doigt à CROWBAR), on ressort de l’écoute de ce premier long galvanisé, et rassuré sur l’état de santé d’un style qui tourne désespérément en rond depuis des années. Et comme les DIRTY PAGANS ont de la suite dans les idées, ils achèvent leur concept avec un serment d’allégeance à la lourdeur du Doom, nous proposant une entrée dans la famille avec fleurs dans les cheveux, air hautement inspiré, et procession tout ce qu’il y a de plus formelle. Pas sûr que le monde ait besoin d’un culte supplémentaire, mais cette BO des temps anciens trouve sa place dans l’ambiance glauque actuelle pour lui redonner un peu de peps.
Le Stoner. Après tout on s’en tape des étiquettes. D’autant que ça gratte toujours sur la nuque.
Titres de l’album:
01. Edge Of Glory
02. Pagan's Blood
03. Gypsy's Breath
04. Live Forever
05. Searching
06. Sun
07. Open Up
08. Valhalla
09. The Family
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