Accueillons à bras ouverts le nouveau bébé de la scène underground américaine, MALLEUS. Comme son nom l’indique, il n’est pas animé des meilleures intentions, et a bien celle de rendre totalement sourds ses parents, certainement décédés depuis la naissance. Parrainé par Armageddon Label, ce petit joufflu à les fesses charnues, l’air bourru et l’appétit goulu. C’est en tout cas ce que laisse deviner The Fires of Heaven, premier cri qui n’a rien d‘un gazouillement d’éveil à la vie.
Fondé par des musiciens rodés dans des ensembles comme THE WATCHER, AKRASIA, DRY HUMP, DEATH EVOCATION ou encore SGT SLAUGHTER, MALLEUS est l’archétype du vilain pas beau qui vomit sur son plateau et qui fait ses besoins dans tous les coins. Dans un registre oscillant entre le Black direct et paillard et le Thrash sombre, c’est en tout cas une nouvelle incarnation maléfique qui ne souhaite que votre malheur.
Mais qu’en est-il de ces feux du Paradis ? Disons qu’ils sont vivaces, de superficie conséquente, et qu’ils nous brûlent les arpions plus efficacement qu’un barbecue sur le pouce organisé par le petit fils du docteur Mengele. Dans un registre de feu de forêt inextinguible et meurtrier, ce premier album se pose-là, et impose des mesures drastiques concernant les mélodies, proscrites et honnies. Le but étant de jouer lourd, grave, méchant, et sous cet aspect-là des choses, l’entreprise est plus que réussie.
Qui dit Blackened Thrash dit simplicité et concision. Mais il existe toujours une exception à la règle, incarnée en l’occurrence par nos amis de Boston. A la manière d’un DARK ANGEL défroqué et lubrique, ces quatre lascars (The Relentless - batterie, The Hammer - guitare, The Channeler - chant et The Watcher - basse) montrent des signes d’ambitions très concrètes, et osent la composition élargie pour développer des thèmes redondants.
Un peu BATHORY, un peu Deathcrush, un peu IMPALED NAZARENE, un peu MARDUK, et surtout, pas mal d’hommages à VENOM ou HELLHAMMER, MALLEUS tape dans toutes les directions, et fait les poches de tout le monde. Mais avec classe.
D’ailleurs, loin de la grossièreté des thèmes usuels, les MALLEUS privilégient des analyses historiques, spécialement celles concernant l’arrivée des migrants aux Etats-Unis. The Fires of Heaven traite donc de l’arrivée des européens en Nouvelle-Angleterre au début du dix-septième siècle, la tragédie de leur vie, et la violence de leurs relations avec d’autres groupes ethniques et religieux (Amérindiens, catholiques français, esclaves africains). Une thématique très sérieuse donc pour un album qui mise tout musicalement sur le choc frontal entre Black et Thrash, soit un décalage plus que savoureux et un fond qui transcende la forme.
Plus simplement, l’album traite de la perception puritaine du salut et de la grâce, et de la représentation des amérindiens et des catholiques comme des enfants de Satan attendant dans les forêts de Nouvelle-Angleterre pour corrompre de leur vision catholique le reste du monde. Nous voici bien loin des préoccupations habituelles de la scène Black/Thrash mondiale, et ce concept a tendance à rendre ce premier album passionnant, et déroutant. Mais heureusement, musicalement, l’affaire est plus simple, et basée sur des principes de lourdeur/oppression/accélérations, agrémentés de quelques pulsions morbides qui doivent beaucoup au HELLHAMMER de « Triumph of Death ».
« Awakening » et ses huit minutes de souffrance stridente paie donc son tribut au gourou Tom Warrior, et lui rend hommage de son excessive gravité. Traduisant avec acuité le sentiment de paranoïa éprouvé par les migrants décrits dans le concept, ce titre est en quelque sorte l’épitomé de l’art des américains à traduire une partie historique en chaos sublime. Assez proche du BATHORY le plus grandiloquent, ce premier jet déclare ses intentions petit à petit, et nous offre un final absolument gargantuesque, de plus de dix-huit minutes pour deux morceaux, histoire de laisser une impression durable.
A la manière d’un MAYHEM période Euronymous reprenant à son compte les recettes de ses idoles des eighties, MALLEUS se montre bestial mais malin. On apprécie cette évolution toute en ambitions, et cette spirale ascendante nous entrainant dans le dédale d’un paradis aux allures d’enfers personnels. Et une fois arrivé à « Mourning War » et son deuil mélancolique, l’évidence frappe les oreilles comme la foudre l’inconscient : MALLEUS est un groupe à part, et certainement pas le dernier trublion potache et graveleux à la mode de chez eux.
Passionnant de bout en bout, alternant la violence crue du Black/Thrash le plus velu et la grandiloquence d’un Viking Black de la fin des années 80, The Fires of Heaven est une énorme surprise que l’on n’a guère vue venir. Provocant mais intelligent, efficace mais complexe, MALLEUS brouille les pistes les plus évidentes, et laisse espérer d’un avenir sinon radieux, du moins méchamment vénéneux.
Une tête de liste à bien retenir sur son calepin pour ne pas rater son retour après-demain.
Titres de l’album :
01. The Tempest
02. A Dark Sun Rises
03. Beyond the Pale
04. Prophetess
05. The Fires of Heaven
06. Into the Flesh
07. Awakening
08. Mourning War
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