Dernier tome de la rentrée de septembre de nos chers I, Voidhanger Records, le deuxième album des italiens de BEKOR QILISH, qui n’est pas la moindre des surprises. Pour ceux qui ne seraient pas familier avec ce projet, sachez qu’il est le fruit des réflexions d’Andrea Bruzzone, qui compose toutes les musiques et écrit tous les textes, et qu’il se focalise sur un Metal extrême devant tout autant au Death, qu’au Black, Thrash, ou évidemment, à l’Avant-Garde.
Avant-Garde certes, mais la bonne. Celle qui est fertile, affranchie de toute contrainte, et qui explore les dissonances comme les fulgurances rythmiques, au croisement de la brutalité crue et de l’intellectualisme du Néo-Jazz, retranscrit dans un vocable Metal. Inutile donc de craindre des atermoiements sans queue ni tête, ou des errances illogiques et stériles, puisque le milanais est de ces compositeurs qui ne parlent que s’ils ont quelque chose de pertinent à dire.
Et dire de The Flesh Of A New God, qu’il est pertinent est un doux euphémisme.
Un an à peine après le sidérant Throes of Death from the Dreamed Nihilism que nous n’avons pas encore fini de digérer, BEKOR QILISH revient avec huit titres à rendre fous tous les amateurs de musique expérimentale mais construite, et rase ce qui restait encore debout après les secousses des présentations de 2022. Toujours aussi attaché à cette liberté de ton qu’il chérit, Andrea bouscule les codes, renverse les barrières, et échappe à toute catégorisation, tout en signant une œuvre passionnante, envoutante, enivrante même, basée sur un principe de confrontation de plans qui s’enfilent à toute vitesse.
S’il s’arroge la composition et l’écriture, le musicien ne garde pour lui que le chant et les claviers. Il s’est donc entouré de pointures, avec le guitariste John Mor, le bassiste Otus Rex et la force de frappe de Giulio Galati (HIDEOUS DIVINITY, NERO DI MARTE), pour finalement, se parer d’atours assez comparables à un diner romantique entre le DEATH de The Sound of Perseverance et le KRALLICE de Prelapsarian.
On trouve aussi dans ces mets raffinés des traces de CYNIC, d’ATHEIST, d’EMPEROR, de NECROPHAGIST, mais surtout, un culot énorme et une confiance aveugle en une méthode éprouvée, qui nous ramène au Death technique le plus complexe et abscons. Un peu GORGUTS dans l’esprit, avec des traces de suie laissées par les DEATHSPELL OMEGA, The Flesh Of A New God décharne le Metal extrême pour le laisser à nu, et le couvrir d’étoffes aussi exotiques qu’étranges.
On salue évidemment le niveau stratosphérique des musiciens impliqués, qui ont donné corps à cette vision biscornue, mais loin d’une simple démonstration bouffie d’orgueil, The Flesh Of A New God sonne comme une longue suite évolutive, avec passages atmosphériques, Ambient, interludes bizarres pour gens étranges, et breaks amenés à la petite cuillère. Le tout est donc sacrément compact, mais aéré par des idées harmoniques bien placées, et surtout, joué avec une conviction et une fougue qui laissent admiratif.
Si le travail du poulpe humain Giulio Galati se remarque sans avoir à y prêter attention, celui de soliste de John Mor est en tout point remarquable, dans un registre à la James Murphy des années extrêmes. Boucles de basse, allusions à la scène Techno-Death des nineties, vocaux écorchés et éructés sans pitié pour une gorge déjà fort abimée, structures mouvantes, impression de stabilité chancelante, le tout donne le tournis, et nécessite quelques écoutes pour commencer à révéler ses plus intimes secrets.
Une fois immergé dans ces eaux remuées, le plaisir est énorme. Car si les titres se montrent plutôt généreux en minutes, ils ne manquent jamais d’imagination pour nous emmener loin des côtes old-school, pour se concentrer sur un voyage onirique aux étapes très réalistes, qui promet l’évasion, et qui l’atteint sans effort. Les nappes de synthé ne sont pas sans rappeler le NOCTURNUS le plus sci-fi, et l’étonnement de réaliser que le quatuor est capable de truffer un morceau d’idées en mode concentré (« Unaware Gods », quatre minutes instrumentales incroyables et tumultueuses) l’emporte sur les quelques soupçons que l’on pouvait encore avoir.
Je ne cacherai pas que BEKOR QILISH est la sortie qui m’a le plus enthousiasmée de cette salve I, Voidhanger Records. Toujours sur le fil du chaos, fuyant comme la peste le conformisme Death/Black de ces dix dernières années, The Flesh Of A New God s’autorise même la fantaisie d’un solo de saxo sur le dément « The Flesh Of Terror » et sa partie centrale cacophonique et dadaïste.
Superbe travail en solitaire pour une concrétisation collective, The Flesh Of A New God incarne l’audace d’une Avant-Garde qui ne se contente pas de son étiquette, et qui enivre de ses relents amers et boisés. Un très grand cru à réserver à ceux dont le palais est exigeant, et qui conchient la piquette nostalgique comme une bouteille plastique de Castelvin tiède.
Ici, on sert au verre, ou à la bouteille. On applique une rotation pour observer les particules nobles, on respire le cépage, avant de laisser couler la première goulée dans la bouche.
Et cette délicieuse sensation s’étale dans le temps comme un plaisir interdit et précieux.
Titres de l’album:
01. Defaced Background
02. Unobtainable Transformations
03. Unearthly Dominion
04. Unaware Gods
05. Enshrouding Wraths
06. The Flesh Of Terror
07. Infinite Self-Reflecting Circles
08. Beggars
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